Un café? [Victoria]

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Victoria & Sebastian

Un café?

Et lorsque la jolie secrétaire qui vivait au fond du Bronx rencontre enfin son boss à moitié nu dans le bureau, elle sue que lui et elle s’était pour la vie…

Je claque mon livre en le fermant sèchement et je le remets en rayon. Cette mode de la new romance tombe à pic pour les gens comme moi. Les femmes affluent à la libraire pour choper le dernier roman à la mode, la petite dark romance qui fait frémir alors que si le kidnappeur était un Jean Raoul au ventre rond, elles refuseraient de loger dans leurs caves et de craquer pour lui.
Ce genre de lecture est assez drôle, car cela fait ressortir une certaine forme d’hypocrisie chez les femmes (et dire que la joueuse kiff la New romance XD). Une hypocrisie que je déteste, Belle l’amour de ma vie en était le reflet parfait. Elle avait le choix entre un paysan fou d’elle qui aurait été jusqu’à se vendre pour lui offrir une jolie robe, et une bête affreuse qui l’a séquestré et qui une fois devenu humain l’a épousé. On est clairement dans la dark romance. Aujourd’hui, j’ai cette chance de changer de vie, malheureusement, je n’ai aucune confiance en les femmes alors je ne m’attache pas. J’ai toujours cette peur qu’un riche abruti débarque dans ma vie de couple et me vole ma promise. Cela ne m’empêche pas d’avoir des aventures, mais je ne m’attache jamais et elles finissent par ne plus vouloir me voir.

Bref, ce soir, je troque mes livres pour une sortie. En général, je ferme la boutique et sois, je rentre chez moi pour manger et chiller, sois je range les rayons. Mais ce soir, j’avais envie de profiter d’une terrasse en extérieur et pourquoi pas avec une amie.
J’ai donc le matin envoyé un message à Victoria afin de lui proposer de sortir ce soir. J’ai proposé un café puisqu’il ne sera que dix-huit heures, mais si par la suite elle veut qu’on passe la soirée ensemble au restaurant, au cinéma ou en boite, je n’ai aucun problème avec ça.
Vêtu de mon long manteau noir, les mains dans les poches, je me dirige vers le lieu de rendez-vous. Je récupère alors une petite table en terrasse dehors. Il fait frais, mais y a encore un peu de soleil, idéal pour une boisson chaude. Assis une jambe croisée sur l’autre, j’attends patiemment. Lorsqu’elle arrive, je souris amicalement et la salut sans me lever.

« Bonsoir, comment tu vas ? »

Laueee

Ce soir j’étais de sortie. D’habitude je faisais mon travail puis rentrait chez moi, mais pas aujourd’hui. En vérité, Sebastian m’avait invité un prendre un café avec lui en ville, invitation que j’avais bien naturellement accepté. Le bibliothécaire m’était sympathique, je ne me sentais pas obligé de parler si je ne le souhaitais pas en sa présence et il avait une légère réputation d’ours un peu bourru, ce qui me plaisait assez. J’aimais à me considérer un peu pareil et comme dit le dicton, qui se ressemble s’assemble.

Je fis donc un saut par mon logement de fonction le temps de me doucher et me changé avant d’aller au café. Cela ferait de mauvais genre de me pointer en sentant la bouse, surtout qu’il avait eu l’amabilité de m’inviter. J’optais donc pour une tenue classique, jean, basket, chemisier. C’était fou qu’on ai pas inventé cela à l’époque de la Crimée car c’était vachement confortable ! Après, en tant que femme j’étais limité aux robes bien lourdes, bien encombrantes et bien chiantes. Donc pouvoir porter un pantalon, surtout un jean, c’était une révolution pour moi !

Avisant mon compagnon de beuverie caféiné attablé, je le rejoignis, m’asseyant sur la chaise en face de lui et lui rendit son sourire amical.

« Bonsoir. Ca va, la routine. Et toi ? Toujours à vendre tes navets insipides et qui se ressemblent tous ? Pas que je te le reproche, c’est ce que les lecteurs demandent et tu as besoin de faire tourner ta boutique. Mais quand même, j’aurais pensé qu’ils sauraient se tourner vers quelques chose de plus…cultivé. Regarde par exemple Jane Austen, elle a écrit de la romance, dans chaque livre, c’était quelque chose ! S’ils veulent du cul, qu’ils se tournent vers le marquis de Sade ou Casanova et ils seront servis avec des descriptions qui ne laissent que guère place à l’imagination. Mais franchement…un ramassis d’ordure mal écrit où la meuf veut coucher avec son boss juste parce qu’elle l’a vu torse nue dans le bureau, c’est d’un pathétique. Et puis d’ailleurs, qu’est ce qu’il foutait à moitié à poil dans son bureau celui-là. Je te le dit et te le répète, c’est pas du cohérent et juste un ramassis d’ordure tout juste bon à faire fantasmer et mouiller la ménagère frustrée de cinquante ans qui a pondu 5 gosses et que son mari trompe avec une petite jeunette qui a la moitié de son âge. Ton Anna Todd là, pour ne citer qu’elle, elle devrait consacrer sa vie à faire quelques chose de plus intéressant. Si elle veut être écrivaine, d’accord, mais que ce soit au moins des bouquins intelligents, pas des ramassis de connerie tout juste bon à me servir de papier toilette quand j’ai oublié d’en racheter. Et encore, je suis gentille…»

Je n’étais pas tendre avec la « new romance », mais il fallait dire que dans mon ancienne vie, j’avais finis vieille fille après avoir éconduit un potentiel fiancé et dans celle-ci l’homme que j’avais aimé c’était fait la malle du jour au lendemain. Donc je ne croyais pas tellement dans les pouvoirs de l’amour et tous ces trucs écœurants autour. Avisant le serveur qui s’approchais, j’attendis qu’il soit à notre hauteur pour lui commander un thé vert menthe sans sucre avant de me tourner vers Sebastian pour attendre qu’il passe lui aussi sa commande.

Spoiler:

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Victoria & Sebastian

Un café?

Victoria venait de s’installer et comme souvent elle s’en prend à certains de mes produits à vendre.

Je n’ai pas le temps de prendre de ses nouvelles qu’elle se lance déjà dans un monologue interminable. Je pose mon coude sur la table et je pose mon menton sur la paume de ma main en la fixant d’un regard doux avec un petit sourire amusé. Quand comprendra t’elle que je ne fais que mon boulot ? Certes, je préférais vendre du Stephen King ou encore du Baudelaire à gogo, mais malheureusement ici nous avons beaucoup de lectrices et la New romance c’est ce qui fonctionne malheureusement. La romance me donne autant la nausée qu’elle et il me semblait qu’elle l’avait compris. Une fois le silence revenu, je soupire et je m’avachis sur ma chaise en prenant la parole.

« C’est bon, tu as fini de cracher ton venin ? Je vais très bien merci et oui mon chiffre d’affaires tourne à 60 % grâce à ces ramassis de connerie pour ménagère en chaleur. Tu es tout en beauté di donc, merci de me faire l’honneur de ta présence. »

Le serveur arrive et je demande un café noir, je la laisse commencer et quand nous sommes de nouveau seuls, je lui réponds.

« Tu vois, c’est comme ça que les gens bien élevés communique entre eux. Et après, on ose dire que l’asocial, c’est moi dans cette ville »

Bien sur aucun de mes mots n’était dit avec méchanceté, au contraire, j’en souriais et il est clair que je suis d’accord avec elle concernant les livres.
Je me passe la main dans les cheveux et j’ajoute.

« Et si elles ne vont pas acheter Sade et Casanova c’est tout simplement parce que dans ces livres, les hommes ont le pouvoir. Dans la New romance, elles aiment penser que c’est l’Héroïne qui a fait changer le vilain. Personnellement, je vois ces livres comme de l’hypocrisie. Quelle femme sortirait avec le pauvre ami d’enfance alors que le prince charmant les attend plus loin ? «

Je contais mon histoire ? Un peu oui, mais ce rôle revient souvent dans les livres que je vends. J’ajoute ensuite une dernière chose.

« Sache que j’ai un magnifique livre relié à la couverture de cuir du Marquis de Sade si tu veux. »

Laueee

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