Il faisait moche. J’avais toujours aimé tous les temps, mais là il faisait moche. Et papa aurait été heureux, vu le nombre d’éclairs qui lézardaient le ciel.
Mais moi qui devais aller voir un client pour une de ses fêtes, je me retrouvais bien coincé, tiens. Et je n’aimais guère ça. Pas que j’avais peur de me prendre l’orage sur le coin du nez, mais j’étais trempé, et j’avais bien besoin d’aller me réchauffer.

Pour ça, je n’avais pas trop de solutions. Comme un idiot, en trouvant que le ciel ne se portait pas trop mal malgré tout, j’étais allé chez mon client à pied comme ce n’était pas loin.
Bon.
Comment est-ce que je pouvais faire à présent ? L’envie de faire changer la vigne que je gardais dans me tapa dans la tête mais je me dis que ça ne serait pas très avenant. Et je gâcherais peut-être l’occasion de la journée.
Bon tant pis. Je verrais donc après.
Mais je devais quand même me protéger. Aucun bar aux alentours. Dommage. Décidément. Le ciel ne voulait pas que je boive.
C’était définitivement mon père qui avait provoqué ce temps. Après tout, il n’y avait bien que les pères pour empêcher leurs enfants de faire ce qu’ils voulaient, soit disant pour leur bien.

Je finis par me réfugier dans le premier bâtiment que je vis, quand je compris que ma situation n’allait pas s’arranger si je ne bougeais pas. La pluie allait bien finir par passer.
Je ne sais pas trop où j’avais atterri, mais je crois que c’était une entreprise. Un truc du genre. Je soufflais. Bon j’allais juste prévenir que je restais deux secondes. Ils n’allaient pas me mettre dehors, et au pire je leur proposerait un prix si jamais ils faisaient appel au Star Crown.

Je me posais donc dans un coin, me sentant mouillé jusqu’aux os. La sensation était fortement désagréable. Et pourtant, a une époque, sans vêtements, j’aurais adoré.

J’étais posé dans l’endroit, avant qu’un homme, ou du moins, un jeune garçon me fasse signe que je pouvais entrer. Je haussais un sourcil, mais hochais la tête. Bon. Eh bien, c’était si gentiment proposé que je n’allais pas dire non. Surtout que j’étais mouillé, et que j’avais bien envie de me réchauffer.
J’observais ce garçon. Il ne ressemblait pas à un reflet. Je me demandais ce qu’il était.
Il me demanda si je désirais boire quelque chose. Je hochais la tête.

- Oh oui, de l’alcool me ferait du bien, et ça réchauffe.

Je n’y allais pas par quatre chemins. Clairement, j’aimais boire de l’alcool, donc si je pouvais le faire, moi, je m’en portais ravi. Je n’avais pas spécialement faim, mais tiquait soudain. Arkasis va me chercher ? Arkasis me le promet ?
Qui était Arkasis ?
Je fronçais les sourcils, mais décidais de m’installer à l’endroit où il m’avait emmené. Les locaux étaient déjà plus chaud que leur entrée. C’était fort agréable, et j’étais sûr qu’avec un bon verre d’alcool ça irait encore mieux !
Même si la question à qui était Arkasis, se posait encore.

- Bon….

Alors que mon hôte revenait avec de quoi me sécher, je me relevais et l’observais :

- Au fait, qui est Arkasis ?

Avant de soudain comprendre. Arkasis va venir me chercher de quoi me sécher, et voilà qu’il revenait avec une serviette…

- …C’est toi ?

Je fronçais les sourcils. Etrange. Mais bon, nous étions à Mirapolis, et je cotoyais probablement des créatures ou même des dieux d’une ancienne mythologie, alors…

Je mis du temps à comprendre qui était Arkasis, mais vu que ce garçon n’arrêtait pas de parler d’Arkasis, j’imaginais au bout d’un moment que c’était lui. Il me confirma mes dires, en me tendant tout ce qu’il pouvait avoir. Au moins, je pourrais mettre cinq étoiles sur l’hospitalité. Clairement, j’étais traité comme un roi – ou comme un dieu ? -. Je lui souris, et le laissais faire.

Il était donc bien Arkasis. Bien. Ok. Donc il parlait de lui à la troisième personne. Je n’allais pas juger, j’avais déjà croisé pire. Et puis, chacun sa façon de faire.
Donc.
Arkasis me demandait qui j’étais. Je lui répondit rapidement :

- Mon nom est Winslow. Tu peux m’appeler Dio sinon. Donc tu es bien Arkasis…Hm. Bien. Merci de m’avoir accueilli aussi chaleureusement. Je m’en vais me changer !

Je le laissais là, allant mettre des habits un peu plus sec. Je devais bien reconnaître que c’était bien plus agréable à porter. Même si les habits étaient presque trop larges, et même si ce n’était absolument pas mon genre.
Mais je n’allais pas me plaindre.
Je revins vers lui :

- Eh bien, je me sens déjà mieux !

Je me servis dans la boisson qu’il était allé me chercher, et pris de quoi me rassasier :

- Tu es bien aimable, en tout cas. C’est quel genre d’entreprise ici ?

J’avais de nouveaux habits secs, qu’il me faudrait sûrement rendre un jour. Mais bon, je n’était pas du genre vicieux – pas tout le temps, voyons – donc, je pourrais tout à fait les rendre.
Je demandais pour l’entreprise dans laquelle se trouvait Arkasis. Celui-ci causait toujours avec cet étrange pronom de la troisième personne, mais je savais m’y faire, et ça me plaisait même un peu.

Il m’annonça que je me trouvais dans une entreprise qui fabriquait des jeux vidéo. Des jeux vidéo ? Ce n’était vraiment pas le genre de chose que j’étais accoutumé à utiliser, je devais bien le reconnaître.
Je comprenais bien qu’ils n’étaient pas habitués aux visiteurs impromptus comme moi, mais malgré tout, Arkasis s’était très bien occupé de moi !

Il me parla de l’entièreté de l’entreprise, expliquant qu’il était développeur, et qu’ici, ils fabriquaient des jeux sur tous les supports.
Bon. Soit. D’accord.

Mais quand il me posa une question sur mes propres connaissances, je pris un air contrit.

- A vrai dire, pas vraiment. Je n’ai pas l’habitude d’y jouer.

Je savais que certains de mes évènements avaient déjà touché ce domaine, ou même utilisé ce médium, mais ça n’avait jamais été moi qui m’en était occupé. Heureusement, j’avais des chefs de projets très compétents qui pouvaient tout à fait s’en occuper.

- Je n’y ai jamais vraiment joué, je n’ai même pas de console chez moi.

Pourtant, je savais que les jeux amenaient à la fête. Mais malgré tout ça, je ne m’y étais jamais plus attardé que ça, bien que ça n’était pas sans me désintéresser. Simplement…Je ne savais pas par où commencer, puisqu’il y avait tellement de possibilités…

- Mais je saurais que les développeurs sont des personnes très accueillantes.

Je pouvais au moins reconnaître ça.

J’avouais les faits. Les jeux vidéo n’étaient pas mon domaine, et quand je m’y intéressais, c’était uniquement pour un quelconque évènement que je devais organiser. Autrement, le reste du temps, c’était bien maigre, et je n’en voyais pas vraiment l’intérêt.
Peut-être parce que j’étais coincé ici, tant que le beau temps ne reviendrait pas, Arkasis me proposa de m’apprendre à me servir des jeux vidéo.
…Eh bien, il marquait un point : la tempête semblait faire rage, et si ça venait de mon père, il devait bien prendre plaisir.
Je ne savais pas trop ce qu’était un bêta testeur, mais puisque je n’avais rien d’autre à faire, je n’allais pas refuser une proposition si aimable.

- On peut en effet s’amuser, si tu veux.

Arkasis vint à m’expliquer ce que j’ignorais. Eh bien, il avait au moins prévu que je ne saurais pas. Je l’écoutais me parler, et m’expliquer en quoi ça consistait. Il me proposait même réellement de le devenir.

-Ce genre de personne doit s’y connaître non ? Et puis, moi je suis déjà bien occupé, d’ordinaire…

Quand je ne me fais pas surprendre par la pluie.

-Mais là, je n’ai rien à faire, alors je ne vais pas dire non. Ca occupe, de jouer, normalement, non ?

Donc autant commencer, et bien s’amuser. Enfin, j’imagine.

-Pour le jeu, je te laisse choisir, je n’y connais absolument rien.

Ca allait être drôle, tiens.