Ce matin j'avais dû partir plus tôt travailler car j'avais prévu de faire une surprise à Hélios et pour que je puisse la faire, il me fallait du temps. Qui disait du temps disait que je devais accomplir mes tâches quotidiennes plus tôt dans la journée pour être libre plus tôt mais comme dans toute surprise, je ne lui avais rien dit.

Cela faisait des jours qu'il stressait mon petit Hélios et hier cela avait été encore bien pire. Ce défilé, c'était son premier depuis qu'il avait repris une vie normale et je savais combien ce devait être difficile pour lui, combien il devait être inquiet et mal. J'avais envie de le soutenir, de lui montrer que j'étais là pour lui mais tour ce que je faisais ne parvenait pas à le rassurer. Je le voyais dans son attitude, dans ses mouvements et la tensions de ses épaules tous les jours. Je ne sais pas s'il voyait combien j'étais concerné par ce qu'il pouvait ressentir...

Je l'ai vu se plonger dans les études pour ne pas y penser, s'entrainer à défiler quand il pensait que je ne regardais pas, mais je n'ai rien dit, je l'ai laissé faire et je lui ai laissé du temps, trainant parfois plus que de raison dans le parc pour lui laisser la maison afin qu'il puisse se concentrer et avoir du temps.

Et aujourd'hui c'était le grand jour. J'étais repassé à la maison à une heure où j'étais certain qu'il serait parti et sur la table je tombais sur le petit mot. Je souris tant c'était mignon. Ainsi il pensait vraiment que j'allais le laisser seul pour quelque chose de si important pour lui. J'avais acheté ma place dès le jour où j'avais su qu'il serait l'un des mannequin défilant mais cela, je ne lui en avais rien dit, bien sûr. Premier rang... Je m'étais arrangé.

Prêt, je ne m'étais pas attardé chez moi et j'avais pris la route du défilé. Le parking était noir de monde entre les invités de marque et les journalistes mais j'étais un peu en avance et surtout j'étais attendu. Je laissais mes clés au voiturier et je pénétrais dans la salle, saluant quelques têtes connues avant de prendre place. Les lumières n'étaient pas encore baissées, j'étais un peu tôt.

Vêtu d'un costume simple sans cravate, je ne dénotais pas parmi les membres présents. A mes côtés je reconnu une dame qui avait fait la une d'un magasine de mode récemment. De mémoire elle était très connue dans ce monde pour ses goûts très sûrs, elle était la rédactrice en chef. Je commençais à discuter avec elle le temps que tout se mette en place et puis soudain ce fut le commencement et tous se concentrèrent sur la tenue du premier mannequin. J'entendis ma compagne renifler de mécontentement. Ce qu'elle voyait ne semblait pas lui plaire. Moi, j'attendais Hélios. J'avais hâte de voit sa tête quand il me reconnaîtrait parmi les spectateurs... aux côtés d'une pointure de la mode. En fait si ça se mettait il n'aurait d'yeux que pour elle et pas pour moi...

Spoiler:

Les lumières baissent et j'entends la femme à côté de moi se redresser un peu. Est-elle cette fois intéressée ou était-elle juste mal mise ? Je n'ose lui demander. Je connais sa réputation et je n'ai guère envie d'attirer des foudres supplémentaires de sa part concernant le défilé de mon Hélios.

Cette démarche, je la reconnais de suite. C'est lui. Il est beau ainsi, son pas semble sûr et je sais combien il a répété pour ce soir. Je souris, je souris alors que je sens son regard sur moi. Il a sourit l'espace d'un instant et je sais que jamais les mannequins ne le font en défilant, cela me rend heureux, je crois qu'il a aimé ma surprise. Les flammes, lui... le spectacle vaut le détour et moi sa prestation est magnifique. Les lumières se rallument et la salle part en applaudissements nourris, je ne suis pas en reste et même ma compagne tape trois fois dans les mains. Un exploit. Je crois qu'Hélios a réussi son pari, il était parfait. Je me sens tellement content pour lui. Il aura sans doute un encart spécial dans le nouveau magasine de cette femme. Ce serait tellement bien pour lui, il a tellement travaillé, il le mérite. Juste avant de retourner dans les ombres, il envoie un baiser vers le public, du moins c'est ce que tout le monde pourrait pensé, mais je sais qu'il m'était destiné. Je sens la chaleur naître au sein de mon cœur. Je suis heureux d'être venu, ce n'était pas une erreur.

J'échange quelques mots avec la femme à mes côtés, on parle de la prestation d'Hélios, de quelques vêtements et les mannequins s'enchainent. Je vois encore Hélios quelques fois et puis c'est le grand final avec la robe de la mariée, puis la salutation des créateurs, j'applaudis et puis je m'excuse auprès de celle avec qui j'ai passé la soirée pour me diriger vers les coulisses, quelques mots avec le videur et il me laisse finalement passer. J'arrive dans la loge des mannequins, je frappe et j'entre. Je vois quelques regards surpris mais personne ne me demande rien, je cherche alors du regard l'homme pour lequel je suis venu ce soir.

Je le vois alors devant un miroir, il est entrain de se démaquiller. Je m'arrange pour louvoyer discrètement et je me retrouve derrière lui. J'aurai aimé me pencher, lui déposer des baisers dans le cou puis l'embrasser vraiment, mais il est sur son lieu de travail et je ne veux pas l'embarrasser. Je ne veux pas qu'on puisse dire du mal de lui et surtout je ne sais pas s'il a déjà dit à ces gens qu'il était gay... et qu'il était avec moi. Je me contente de poser mes deux mains sur ses épaules et de murmurer à son oreille en lui effleurant :

« Tu étais... es magnifique, Hélios. Félicitation pour ton défilé et... ta prestation si chaude »

Je suis surpris qu'il me témoigne son affection en public et qu'il m'embrasse mais je ne le repousse pas et je souris simplement, mes yeux pétillants. Je n'ai pas honte d'être avec lui mais je sens sur nous le poids de bien des regards en cet instant. Des regards dégoûtés, interrogateurs, ou approbateurs ? Je ne sais, je les ignore totalement, préférant me concentrer sur mon amant.

« Je suis content que la surprise te plaise, j'espère que je ne t'ai pas trop perturbé »

Je lui fais un petit clin d’œil mais je déchante vite quand je le vois devenir plus pâle qu'une lune pleine... Je vois son sourire mais je suis inquiet, est-ce que c'est seulement l'éclairage de son miroir qui fait paraître aussi maladif son teint si soudainement ?

« Hélios, est-ce que ça va ? »

Malheureusement non, cela ne va pas et il n'a pas le temps de me répondre que je le remarque immédiatement et pas de la plus douce des façons car il me tombe littéralement dans les bras et je sens mon propre épiderme blanchir.

« Hélios, Hélios, HÉLIOS »

Ma voix est montée crescendo et des gens se retournent sur moi, commençant à se rapprocher pour savoir ce qu'il s'est passé mais je les ignore, je tente de réanimer mon homme seulement mes appels restent lettres mortes. Il respire, mais il ne réagit pas et je suis blanc, blanc d'inquiétude. Je l'allonge sur le sol, tente de tapoter son visage, mais rien.

J'avise sur sa table de préparation une bouteille d'eau que je saisis, que j'ouvre et je lui en verse sur le font pour espérer une réaction, quant aux bedeaux, je leur crie de dégager, de le laisser respirer. J'entends qu'on appelle un peu plus loin un médecin... J'ignore s'il y en a un dans la salle mais je suis déjà prêt à filer aux urgences s'il ne se manifeste pas dans les prochaines minutes. Je pose sur une main sur son front... il me semble brûlant.

« Oh Hélios, pourquoi n'as-tu rien dit si tu te sentais mal... Hélios... »

J'ai l'impression que ma voix se fait plaintive alors que je prends son corps inanimé dans mes bras et que je cale sa tête dans mon cou. A grandes enjambées, je serpente entre les gens, me précipitant vers ma voiture... au diable le dîner au chandelle que j'avais prévu ce soir, sa santé est plus importante que tout pour moi.

Le médecin demandé en salle, comme souvent n'est pas venu. Pourtant je suis presque certain que dans toute cette masse de gens présents, il devait y en avoir au moins un. Le souci de leur prochain semble bien loin lorsque l'amusement est là. Mais je n'ai pas le temps ni l'envie de faire un scandale, seul me préoccupe l'homme qui a perdu conscience devant moi.

Il n'a pas réagi à mes appels, même l'eau que j'ai versé sur son visage n'a eu aucun effet et au fond de moi je suis glacé. Je n'ai pas de pouvoir de guérison, je ne peux le sauver d'un claquement de doigt ni le changer en constellation, en arbre ou je ne sais quelle idée qu'un dieu de l'ancien monde pourrait avoir. Je suis juste moi, je suis impuissant.

Dans mes bras, je l'ai calé et je l'ai allongé sur les sièges arrière de ma voiture avec ma veste de costume comme couverture et je l'ai conduis à l'hôpital, aux urgences. Ils l'ont directement pris en charge et puisque je ne suis ni de la famille, ni sa femme, ni son mari, on ne me dit rien. Je ne peux faire qu'attendre, je n'ai même pas le droit de le voir.

Oh bien sûr je pourrai tout casser, je pourrai hurler, mais à quoi cela servirait-il? Cela n'hâtera pas sa guérison, je le sais bien. Je soupire pour la centième fois au moins, relevant la tête à chaque fois que j'entends un bruit de pas au cas où on viendrait enfin me dire quelque chose.

Et puis un médecin vient enfin... Il me regarde un peu bizarrement et je ne sais pourquoi. Est-ce parce que je me suis présenté comme le compagnon du jeune homme que j'ai amené et qu'on m'a délicatement fait comprendre que je n'étais rien ? Quand on est juste un copain, ou même un bon ami, cela n'a aucune valeur légale et je le sais bien. Pourtant cet homme vient me voir, dégouté ou non, il est bel et bien là et je lui souris, inquiet en me levant.

« Docteur ? Oui docteur. Je... je ne sais pas quel groupe sanguin je peux avoir »

En tant que Dieu je n'ai jamais eu à donner mon sang par le passé, le don de sang n'existait même pas, et depuis que je suis arrivé dans ce monde, j'avoue que je n'ai jamais pensé à faire analyser ce corps dont je suis fait. Je ne sais pas si je peux aider mon amant, je suis quelque peu démuni en cet instant et je déteste me sentir ainsi.

« Vous pouvez me tester ? »

Le médecin me regarde et puis il me pose la question qui fâche, la question qu'il ne devrait pas poser.

« Monsieur Caradja a prétendu que vous étiez son homme, vous ne l'êtes pas, n'est-ce pas ? Car vous comprenez... nous ne pouvons prendre le sang d'un homosexuel... les règles. A moins que vous n'ayez une relation suivie de plus de six mois »

Je sens mon épiderme blanchir et sur la face de ce médecin, j'ai envie de fracasser ma main. Hélios je ne le connais pas depuis six mois, c'est une évidence, mais je ne crois pas qu'il aimerait que je renie ce qui fait qu'il y ait un nous entre nous. J'hésite. Si je mens je peux peut-être lui sauver la vie, si je mens il risque fort de m'en vouloir mais de vivre.

« Monsieur Caradja et moi sommes ensemble depuis longtemps. Plus de six mois assurément, au moins un an. Testez-moi »

Je n'ai pas renié Hélios car je ne pense pas qu'il aurait voulu cela, j'ai juste allongé notre temps de relation... pour le plus grand bien. Je crois que c'était la meilleure chose à faire, je n'ai pas l'intention de me cacher. Je vis distinctement le visage du médecin se froncer, il ne dit rien mais je l'entends renifler alors qu'il me dit de le suivre afin de me faire un prélèvement. Je lui demande si je peux voir Hélios, mais il refuse une nouvelle fois. ' Vous n'êtes pas de la famille ' . Sauf qu'ici, Hélios n'a aucune famille, mais je ne dis rien, pour l'heure je suis le chemin.

De nouveau en salle d'attente, je trouve le temps long et puis on vient me chercher. Le verdict est tombé. O négatif, je suis bien comme le messie attendu, le donneur universel. On me presse, enfin je peux voir Hélios. On m'installe dans sa pièce et on me branche une machine, on fait de même pour lui et puis on me pique, je grimace. Je n'ose parler, je ne sais que dire en cet instant. Le médecin est sorti, l'infirmière nous jette un regard puis dit qu'elle va revenir dans le quart d'heure. Nous sommes enfin seuls.

« J'ai dû dire que nous étions ensemble depuis plus d'un an, sinon ils ne m'auraient pas laissé... Hélios, ils ne voulaient même pas me laisser te voir, parce que je ne suis pas ' de ta famille ' »

J'ignorai tout des sautes d'humeurs de mon amant alors que je ne pouvais pas le voir, alors que j'étais gardé loin de lui. Sinon j'aurai certainement un peu mieux compris la réaction du personnel soignant. Hélios était jeune, bien sûr... mais je n'avais jamais imaginé qu'il pouvait être ce que l'on appelait un mauvais patient, un patient odieux...

Avec un peu de gentillesse, certainement qu'Hélios aurait pu obtenir bien plus des médecins et des infirmiers qu'en hurlant, exigeant ou insultant. Mais sans doute n'avait-il jamais connu auparavant un hôpital humain. Moi-même je n'étais pas familier de ce genre de lieux. Je n'en savais que ce que l'eau avait pu me conter. J'avais dormi si longtemps avant de me réveiller dans un monde moderne... trop longtemps sans doute. Comme l'eau calme j'avais attendu.

« Il semble que ce soit normal ici, officiellement je ne suis rien pour toi et sans ton consentement il semble que le secret médical soit de mise. Quant au reste je n'ai pas compris. Il semble que les personnes qui s'unissent au même sexe que le leur soient plus à risque que les autres. Ce n'était pas le cas autrefois lorsque les erastes et les eromènes étaient choses courantes. La société a changé, les règles ont changées »

Je soupirais alors que mon sang quittait mon corps pour être filtré dans la machine avant de lui être rendu à lui. Le bourdonnement de la machine m'aurait presque endormi. J'avais presque la sensation en moi de chaque goutte qui quittait mon corps. Je ne savais pas combien de sang on me prendrait mais j'espérais que ce corps humain serait suffisamment résistant pour me permettre de tenir. Depuis quelques temps déjà, mon pouvoir semblait pratiquement totalement revenu... Je me demandais s'il ne faudrait pas que j'en parle un jour à Hélios... et mon sang magique, n'aurait-il pas quelques effets en lui ? Peut-être un regain d'énergie ou que sais-je. J'espérais pas une dépendance comme les vampires des romans mais dans ce monde je ne savais plus ce qui était de l'ordre de l'impossible.

« Calme toi, à quoi cela servirait-il ? Ils ont fait leur travail et le principal c'est que je sois là maintenant »

Même si en cet instant je ne pouvais l'approcher pour me rassurer ou le rassurer. Je devais rester tranquillement en place le temps que mon sang fasse son chemin. Mon impatience de le sentir contre moi n'était pas de mise et cela ne m’empêchait pas d'être inquiet même si je tentais de faire bonne figure devant lui. De faire une figure calme comme je l'avais habitué par le passé.

« Dès que je peux je te ramène à la maison chaton. Respire... je suis là et je n'irai nulle part sans toi  »

Je soupire. Je comprends Hélios et son ressentiment, bien sûr, mais je me demande si l'attitude du personnel ne tient qu'aux lois de l'hôpital où à lui... à la manière dont il a agit avec eux. Mais comment lui faire comprendre sans le blesser et sans qu'il ne se retourne contre moi ? Je n'ai pas envie qu'il m'accuse de tenir avec eux ou d'autres maux. Je ne veux pas qu'il y ait en cet instant des mots entre nous.

« Je comprends ce que tu ressens, Amour, mais... Je pense qu'il faut leur montrer simplement que c'est juste. En s'énervant, en disant des vilaines choses, on leur donne raison. Je crois qu'il faut juste leur montrer que ton choix est normal et que tu es heureux comme ça, pas...en colère »

Je lui souris gentiment d'un sourire qui atteint les yeux. Je veux qu'il comprenne que si je suis là c'est bien parce que je tiens à lui et que je n'ai pas honte de lui. Sinon j'aurai prétendu être son ami plutôt que son compagnon. Ici j'assume les conséquences de mes paroles et j'espère juste qu'il en prendra conscience.

Je vois ses oreilles se baisser et son corps trembler, je crains qu'il ne fasse une crise ou ne fonde en larme alors que je ne pourrai le réconforter. Ses paroles sont pour moi plus dures que des poignards alors que je réalise que peut-être tout est de ma faute en cet instant. S'il pensait réellement que je n'étais pas fier de lui, est-ce qu'il s'est autant dépensé à cause de moi ? Est-ce qu'il s'est mis en danger à cause de moi, pour moi ?

« Oh Hélios bien sûr que je suis fier de toi, ton défilé, toi, tout était magnifique. Tu as tellement travaillé, tu étais parfait. Comment peux-tu penser que je n'étais pas fier de toi ? J'ai toujours été fier de toi »

J'aimerai pouvoir ébouriffer ses cheveux, le gratter derrière les oreilles, le serrer contre moi mais je ne peux bouger. La machine bip et l'infirmière revient et fixe mon chaton d'un air interrogateur. J'imagine que les vagues désordonnées sur la machine ne sont pas très bon signe. Me reproche-t-elle en cet instant son état émotionnel? Pense-t-elle, elle aussi, que je suis responsable de tout cela ? Je ne sais pas. Elle ne me dit rien à moi mais essaye de calmer mon petit chat, elle lui dit de respirer, de se calmer tout comme moi j'ai essayé. Je me sens un peu mal.

L'infirmière nous surveille encore une dizaine de minutes puis nous débranche avant de nous donner à tous les deux un verre d'eau sucrée. Je la bois sans grande conviction, grimaçant un peu. J'ai l'impression qu'elle n'ose nous laisser seul. C'est alors qu'elle nous indique que le médecin ne va pas tarder.

Lorsque ce dernier arrive, elle échange quelques mots à voix basse avec lui à l'extérieur de la chambre avant de s'en aller et de le laisser entrer. Apparemment le médecin souhaite garder une nuit en observation mon chaton à moins qu'il ne signe une décharge et que quelqu'un puisse veiller sur lui toute la nuit. Il conseille vivement qu'Hélios choisisse de rester mais j'ai comme l'impression que mon petit chaton sera plus têtu qu'une mule.

« Hélios, peut-être devrais-tu rester ? Le médecin dit que c'est mieux pour toi... »

Il est encore mineur... même si ce n'est de quelques semaines et je sais qu'un parent peut rester avec lui. Je me demande si je pourrai être ce ' parent '. Après tout je suis un adulte qu'Hélios estime et dans cette ville je suis certainement celui qui est le plus proche de lui, n'est-ce pas ?

« Je pourrai peut-être rester avec lui, docteur ? Mon ami est encore mineur.. J'aimerai pouvoir veiller sur lui, être à ses côtés »

Je peux comprendre mon jeune amant mais je ne peux cautionner toutes ces paroles malgré qu'il soit vrai que je trouve que le monde a bien mal évolué.

« La différence a toujours fait peur, mais moi je te trouve magnifique Hélios »

J'aimerai que le fait d'être un être mi-chat, mi-homme, ne soit pas un souci pour mon amant dans ce monde mais je sais que c'est sans doute utopique de penser qu'il sera accepté toujours et partout entièrement. J'aimerai pouvoir changer le regard que les autres portent sur lui et en même temps j'ai envie d'être son seul roc en ce monde. Cela fait-il de moi un monstre ou un être odieux et méprisable ? Je ne sais pas vraiment.

Hélios veut que nous rentrions et je dois dire que je m'y attendais. Il me l'avait déjà dit et aucune des paroles que j'aurai pu dire ne pourraient sans doute le faire changer d'avis alors je fais un signe de tête au médecin pour appuyer les dires de mon jeune compagnon et il prend alors congé de nous.

« Un criquet ? Tu as une imagination débordante »

Je ne sais pourquoi il lui trouve l'apparence d'un criquet mais il est certain que je ne l'ai pas réellement trouvé beau ce médecin. Pas que j'aie tenté de me rincer l’œil sur lui mais il n'était certainement pas à mon goût.

« Je crois que si lui était un criquet, que je préfère définitivement les chats »

Je souris et je me lève. Attendant un instant avant de bouger de peur que la tête ne me tourne puis je me rapproche de mon amant et je m'assieds à son côté, ma fesse collée contre la sienne. Je lui caresse alors la tête comme on le ferait à un petit chat.

« Je t'aime Hélios, n'écoute pas tous ces gens, on va juste rentrer chez nous et je prendrai soin de toi. Hélios, regarde moi »

Et alors qu'il tourne son regard vers moi et son visage tout entier, je fonds sur ses lèvres dans un baiser. C'est ce moment précis que choisi l'infirmière pour entrer avec les papiers et elle pousse une exclamation de surprises avant de se confondre en excuse alors que je me suis détaché un peu trop rapidement de l'homme qui est à mes côtés, par surprise, bien entendu, bien plus que par honte.

« Ce n'est rien. Donnez-nous cela qu'il puisse signer, sans offense mais... il a vraiment envie que nous rentrions chez nous »

Je fis alors un clin d’œil à la jeune fille qui s'empourpra violemment avant de me tendre les papiers que je plaçais sur la table basse en tendant un bic à mon jeune amant.

J'ai l'impression qu'Hélios s'est détendu à partir du moment où il a posé son stylo sur la feuille qui lui permettrait de sortir enfin de l'hôpital. Je me demande si ces nouveaux gènes de chat rendent son nez plus sensible. Je crois bien que oui... et puis cet environnement, je me doute que ce ne doit pas être très agréable. Moi aussi je préfère nettement être chez moi que dans cet univers aseptisé.

Je souris et je lui caresse la tête alors que l'infirmière déjà est repartie. D'affaires à rassembler, en vérité nous n'en avons pas vraiment mais Hélios n'est habillé pour l'instant que d'une chemise d'hôpital et non de ses vêtements. J'avoue qu'en venant l'amener ici d'urgence, je n'ai pas fait de détour pour aller lui chercher des affaires et qu'il n'a du coup dans un sachet que sa tenue de défilé que nous devront certainement rendre au plus vite lorsque nous serons rentrés.

Lorsqu'il me parle de poulet frit, j'éclate de rire. C'est juste inattendu, incongru... mais je me vois mal lui refuser pareille demande alors que j'ai eu si peur. Un instant passe dans mon esprit qu'il devrait plutôt, et certainement d'ailleurs, manger sainement. Mais... j'ai envie de lui faire plaisir.

« Oh toi alors... oui bien sûr, on s'arrêtera sur le chemin du retour pour en prendre un seau »

Je sors ses vêtements du sachet et je les pose sur le lit pour qu'il se change. Enfin nous sommes parés et doucement nous quittons, ensemble l'hôpital, direction le KFC et... la maison. Enfin. C'était une drôle de journée aujourd'hui... j'avoue que je ne m'attendais pas à une telle fin mais je suis en tout cas content que tout désormais va aller bien. Je vais essayer de prendre quelques jours de congé pour veiller sur lui et puis... bientôt ce sera son anniversaire, j'ai envie de lui faire une surprise... Je me demande s'il va croire que je l'ai oublié ?