This is Halloween... [PV] Sören Alpheus Lazaridis

31 octobre, jour où les humains de ce monde jouent à se faire peur à ce que j'ai compris mais apparemment cette fête avait changé plusieurs fois de sens au cours des siècles. Je n'ai jamais connu ni fêté cette fête ... à vrai dire je voyais mal des enfants venir chercher des bonbons auprès d'une créature mangeuse d'homme par le passé et à l'époque de mon existence, cette fête n'existait pas.

J'avais reçu dans ma boite aux lettres ce que les humains appellent un toute-boite, une publicité. Un club invitait les habitants à venir danser déguisés... Cela m'intriguait à vrai dire et ... je n'avais pas envie de rester seul un soir de plus. J'espérais juste que la musique ne serait pas trop irritante pour mes oreilles sensibles... je commençais à supporter les humains, mais à petites doses.

Vêtu d'un costume de squelette propre à la fête des morts dans un pays appelé Mexique, je trouvais mon corps humain relativement plaisant. Je ne savais ce que je venais trouver en cet endroit mais une chose était certaine, si je m'ennuyais cette fois, je me choisirai un reflet pour repas... un humain vivant, ça me changerait certainement des organes des morts ou du sang de la morgue et puis... ça serait dans le thème n'est-ce pas ?

Spoiler:

En entrant dans la boîte, je fus frappé par les odeurs de sueur, d’excitation et d'envie. Ici la débauche régnait en maître et non la peur. C'était la première fois que j'entrais dans une boîte humaine et j'étais un peu perdu avec ces lumières stroboscopiques et ses corps qui se touchaient et se collaient en permanence. Je me sentais un peu mal à l'aise, oppressé. Je n'aimais plus trop les endroits clos depuis ma longue attente.

Je me frayais un passage parmi les gens pour me rendre au bar. Ce n'était peut-être pas l'endroit le plus désert mais un tabouret me sauverait pour un temps des bousculades incessantes et ce serait un début acceptable pour observer les mœurs humaines.

Si je m’ennuyais, je trouverai ici une proie, et si nul n'était à mon goût... j'appellerai Maëllis... rien qu'à la pensée de son sang coulant dans ma gorge, j'en avais l'eau à la bouche. Maëllis, peut-être la seule humaine de cette ville pour qui j'avais un tant soit peu d'affection.

Le bourdonnement des humains autour de moi ne m'attire même pas, je n'ai pas l'impression d'être à ma place dans cet endroit. Je suis venu une fois et c'est sans doute la dernière, je ne sais même plus pourquoi je suis venu. Pour ne pas être une fois de plus seul ? Je me commence sincèrement à me dire qu'être seul n'était pas si mal.

Ici il y a trop de bruits, trop de gens, trop de senteurs. Le mélange des parfums bons marchés et chers me donnerait presque la nausée. Je n'ai même pas commandé le moindre verre. La personne à côté de moi se lève et va danser, je la suis du regard pensif, comme un entomologiste observerait la dissection d'un insecte.

C'est alors que la nouvelle personne ayant pris place à côté de moi m'adresse la parole. Un homme, la moitié du visage dissimulée par un masque, le costume bien coupé. Je crois qu'il incarne la représentation imaginaire humaine d'un vampire, du moins je pense que c'est ce que j'ai lu dans les différents costumes que j'ai trouvé sur l'internet.  

Savoir si j'aime la soirée ? J'imagine que c'est une entrée en matière comme une autre mais si je lui dis que non, va-t-il me proposer de l'accompagner dans un coin sombre ? Je sais que certaines créatures ne sont pas subtiles pour la chasse, mais parfois je me demande si l'humain n'est pas le pire.

" Bonsoir, pour tout vous dire, je crois que pour l'heure je réserve mon jugement, je ne suis pas arrivé depuis longtemps "

* Et je ne sais si je compte vraiment m'y attarder...*

Ainsi cet homme est le patron... Je me demande s'il est aussi exubérant que les gens qu'il reçoit dans son établissement. Il se semble étrangement calme et je me demande pourquoi entre tous c'est moi qu'il a choisi d'aborder. Je ne pensais pas dénoter à ce point dans ce genre d'endroit pour que le patron même vienne me trouver. Il m'offre un verre et je le regarde intrigué. Je me demande si c'est une tentative de me séduire et de me pousser à le suivre.
Le verre est déposé devant moi et déjà je sens les saveurs qu'il dégage. Ce breuvage me parait des plus sucrés, un concentré de sucre et j'ai un peu peur de ne pas m'y retrouver. Pour l'heure je le laisse devant moi sans y toucher.

" Je vous remercie mais il ne fallait pas "

Même s'il est vrai que je n'aime guère ce genre de foules trop condensée, je n'apprécie pas vraiment qu'il en fasse la remarque, et encore moins que j'aie pu me montrer à ce point comme un livre ouvert. S'il n'avait été le patron, sans doute que je ne l'aurai jamais suivi avec une approche aussi grossière... j'avais presque l'impression d'être une souris obligée de suivre le fromage en sachant pertinemment qu'il l'emmenait vers la souricière. S'il y avait bien une chose que je n'aimais point, c'est de ne pas avoir le contrôle, d'être proie et non prédateur.

Puisque le choix m'est ôté de rester où je le désire, je prends le verre et je le suis  tout en gardant un œil sur les gens présents. N'avoir qu'une seule tête ne m'a jamais autant dérangé... Je n'aime pas ne pas savoir ce qu'il se passe dans mon dos ou ailleurs...

" Je vois "

Bien sûr il ne me présente pas la salle pour me laisser seul... les humains sont si prévisibles. Pense-t-il que je ne vois pas la toile qu'il tente de tendre devant moi ? Il a beau se croire araignée de talent, je ne suis pas la première mouche venue et il serait temps qu'il le comprenne.

" Qu'est-ce que vous entendez par nouveau ? "

Cela ne faisait bien sûr pas très longtemps que j'étais ici au regard de l'échelle de ma vie. Pour moi un an ce n'était rien et pourtant dans ce corps il m'avait paru bien plus long. Je me demandais s'il pensait que tout arrivant en ville cherchait forcément un club pour s'amuser... Moi j'avais nettement préféré la nature à ce genre d'établissement... peut-être aussi parce que je ne savais pas vraiment ce que c'était exactement et... au final je n'étais pas pressé d'y retourner. Je n'étais sans doute pas une créature faite pour vivre enfermée... il me fallait de l'espace...

Je pris place sur la banquette désignée, me demandant combien de temps cet homme allait tenter de jouer avec moi. Je pris une forgée et je sentis ce goût tellement sucré descendre dans ma gorge, je déglutis avec lenteur. Définitivement trop sucré... j'aurai encore préféré de l'eau, du thé... ou du sang. Je me demandais d'ailleurs quel pouvait être le goût du sang de ce jeune homme. Il sentait bon en tout cas à défaut de me mettre à l'aise.

Je me demande si cet humain se rend compte de ce qu'il dit. Parce que s'il m'avait juste croisé, j'aurai été si remarquable qu'il se serait souvenu de mon visage ? Avec mon maquillage, je n'étais même pas certain qu'il le voit clairement. Mais de plus je me demandais s'il ne tentait pas une chasse abracadabrante d'humain à mon égard.

" Si vous ne sortez jamais de derrière votre bar, il est plus que certain que vous ne pourriez jamais m'avoir croisé même si j'avais été là à la naissance de cette ville "

Je souris... Il me confiait avec une telle facilité qu'il n'était pas des plus sociables, alors pourquoi entre tous m'avait-il choisi moi ? Je devais avouer que je n'étais pas non plus des plus ouverts, mais c'était sans doute car je voyais plus les humains comme des mets potentiels que comme des compagnons à apprécier. Je n'avais jusqu'à présent pas eu beaucoup de fois la curiosité piquée par l'un d'entre eux mais j'aimais les observer pour me distraire, eux et leurs petites vies.

" Vous m'observiez donc ? Et qu'avez-vous trouvé de si intéressant sur ma personne ? "

Je préférais nettement renverser les rôles et dominer la conversation ainsi. Déjà je me sentais mieux et j'étudiais ses réactions. Je me demandais quel sorte d'être pouvait se cacher derrière ce visage. Pour l'heure je ne parvenais pas à l'associer véritablement à un animal. De l'araignée, il n'en avait finalement pas l'âme, une toile bien trop lâche se profilait entre ses doigts. Je me demandais si je pourrai moi le chasser ? Etait-il aussi innocent que Maëllis ? Elle n'avait pas non plus piqué ma curiosité au début et puis son sang m'avait appelé. Aujourd'hui elle m'intéressait. Je me demandais si je pourrai m'intéresser à cet être que j'avais attiré si je pouvais goûter à son sang ? Ce serait certainement plus à mon goût que son infâme boisson trop sucrée.

" Sören Lazaridis, nous devons être apparus plus ou moins dans la même continuité... Je suis dans cette ville depuis un peu près le même temps que vous "

* c'est juste que votre club ne m'avait jamais attiré... *

Son regard, j'avais l'impression qu'il avait tout du chien battu, comme s'il avait eu peur que soudain je m'en aille. Il est vrai que j'avais envisagé la chose car ses techniques d'approches étaient aussi évoluées que celles des hommes d'autrefois qui venaient perdre leurs femmes sur mes berges... Je me demandais s'il ferait la même tête si je le réprimandais, si... je le faisais céder. Peut-être était-ce finalement le gibier qui était venu tenter le chasseur après tout...

Cet homme apparemment ne devait pas être plus humain que moi en arrivant dans cette ville, c'est du moins ce que je comprends quand il m'évoque que les êtres humains sont pour lui fascinants. Personnellement j'aurai plutôt utilisé les qualificatifs croquants, ou goûteux. Il m'a toujours été un peu difficile de trouver une espère dont je me nourrissais fascinante et pourtant j'aimerai pouvoir dire que je trouve leurs mœurs intéressantes.

Il y a assurément des choses que je trouve bien chez eux... et je n'ai de cesse de les observer et de les écouter pour combler le silence. J'imagine que même si je trouve le terme fascinant un peu trop fort, je peux au moins reconnaître qu'ils ont peut-être parfois un autre intérêt que gustatif. Comme Maëllis... même si j'adore également son goût et son odeur.

" Je ne sais s'ils sont vraiment si fascinants, je n'ai jamais trouvé que l'un d'entre eux était suffisamment intriguant pour être fascinants, mais j'imagine qu'ils peuvent être, comme leur mode de vie, intéressants... "

Sauf que leur monde pour moi manquait un peu de nature... et me semblait bien trop clos... Peut-être que si je ne détestais pas autant les endroits fermés, je ne serai pas si mal à l'aise dans les petits espaces des bâtiments de cette ville... Un jour j'espérais ne plus être dérangé par cela, ce n'était pas le cas avant, avant qu'on me coupe la tête, littéralement, et que je passe des siècles, des millénaires, prisonnier de la terre.

" Je vous fascine ? "

Un petit sourire vint ourler mes lèvres alors que je détaille tout son être, sa posture, les traits de son visage, sa bouche. Il semble si humain tout comme moi et pourtant il semble avoir du mal avec leurs codes, peut-être plus encore que je n'en ai eu moi-même. Il me semble franc aussi... Il me fait penser à Maëllis et sa franchise désarmante alors que j'aime louvoyer comme le serpent.

" Je n'ai jamais été familier d'aucune fête, j'ai aussi fait des recherches suite à votre invitation... sinon je pense que je n'aurai jamais connu ni cet endroit, ni l'histoire derrière cette date "

Sa tenue le mettait en valeur de ce que je pouvais remarquer. Il disait peut-être s'être contenté de suivre la mode, mais pourtant il était original et personne dans cet endroit ne semblait porter les mêmes vêtements que lui. Je me demandais s'il était véritablement sincère ou si c'était simplement pour que je le complimente sur sa tenue ? Il était certain qu'il semblait éclipser en cet instant bien des humains de cette salle, si pas tous. Et malgré cet air penaud que j'avais encore l'impression de sentir en lui, il dégageait un charisme intéressant.

" Merci beaucoup pour le compliment, Monsieur Kamossis, je dois dire que vous ne semblez pas en reste. Ce costume vous va admirablement bien "

J'aurai pu dire qu'il était le phénix de cet endroit, mais je ne pouvais m’empêcher de voir ses oreilles couchées au dessus de sa tête comme un chiot. Oui cet homme devant moi me faisait penser à un jeune chiot un peu fou, un peu penaud, il me faisait presque sourire comme mon petit lapin. Pourtant cette fois j'avais essayé de faire un effort, je m'étais rappelé son nom et plutôt que de ne nommer petit chiot, c'est bien son nom que j'avais prononcé... Il n'était cependant pas exclu qu'un jour la comparaison ne franchisse mes lèvres par inadvertance.

" Dans ma précédente vie, j'ignore même si ce goût existait, je vivais un peu à l'écart du monde et... je crois qu'on peut dire que j'avais des goûts simples... naturels "

Si on peut qualifier d'agrémenter ses plats d'humains ;  des goûts naturels... Je n'avais eu l'occasion avant de goûter de la bière, de l'alcool et d'autres boissons humaines que par la saveur qui vivait encore dans leur sang, leur peau, leur être et... à n'en pas douter, c'était très différent même si aujourd'hui je reconnaissais certaines saveurs dans ce que je mangeais.

Il pense déjà à sa prochaine représentation et je me contente hocher la tête. Pour moi il me semble déjà très bien ainsi mais s'il a envie de paraître à la mode des humains je ne vois pas ce que je pourrai lui reprocher.

" Vous saviez à une époque posséder les corps ? "

Je me demande si aujourd'hui encore il peut remplacer la conscience d'un corps par la sienne car c'est un peu ce que j'ai compris même si je ne suis pas certain que ma compréhension soit la bonne. Ses paroles ne m'ont pas semblées très claires mais je ne suis pas très au fait de la magie et de ses actes.
Cette aptitude ne me semble pas être celle d'un dieu... on dirait presque un pouvoir de démon mais j'ignore si les démons ont eu droit à une incarnation dans ce monde au même titre que les créatures telles que moi. Visiblement la personne tirant les ficelles de ce monde est assez éclectiques et je me demande quel pouvait être son but en créant un tel endroit.

Mais pour l'heure ce n'est pas ce monde en lui-même qui m'intrigue mais ce sont les paroles de l'humain à mes côtés.

" Votre corps est étroit ? J'avoue que je ne comprends pas "

Je hausse un sourcil comprenant de moins en moins mon interlocuteur. En tout cas ses paroles semblent le rendre joyeux.
J'aime bien son rire quoi qu'il soit fort discret dans cet environnement bruyant.

Me mêler au monde des humains pour trois jours ? Cela ne m'avait jamais été possible et je n'en avais pas non plus éprouvé un jour le besoin. Mon corps du passé me suffisait et la vie que je menais également. Peu m'importait qu'il ait désiré comme bien des dieux jouer des tours aux humains, moi je les croquais... chacun ses envies et sa destinée. Je n'aurai même pas plaint les humains s'il les avait tué par centaines. Ils ne m'importaient guère. Je ne les connaissais même pas.

" Hadès ? "

Ce nom s'échappe de mes lèvres car c'est le premier nom qui me vient à l'esprit et je ne sais si je vais l'offenser ou juste le percer à jour. Depuis que je l'ai rencontré, il me semble bien bavard, comme s'il n'avait rien à me cacher alors que je suis un parfait inconnu et j'avoue que j'ai un peu de mal à le comprendre et à le cerner. J'ignore ce qu'il attend de moi et je ne suis pas sure que la situation me plaise.

" A moins que vous ne soyez Thanatos ? "

Mais dans ma mémoire les dieux avaient toujours eu des corps même si parfois ils se paraient d'autres visages et c'était peut-être cela qu'il voulait dire finalement. Pour l'heure en tout cas je n'envisageais pas d'autres mythologie et si j'avais cité ces noms, c'était parce qu'il ne semblait pas faire grand mystère de lui-même. Dommage... la quête aurait peut-être pu m'intéresser. Quand les choses étaient trop faciles, la chasse perdait de sa saveur.

" Je crois que personne n'a vraiment eu le choix d'apparaître dans ce monde ni de sa forme et... j'ai toujours eu une enveloppe charnelle, mais pas avec aussi peu d'écailles...  Enfin c'est compliqué "

Lui dire que j'avais passé des siècles sous forme d'une tête enlisée dans la terre ? J'avoue que je n'en avais pas vraiment envie. Lui raconter comment deux hommes s'étaient joués de moi avec l'aide d'une déesse guerrière ? Rien que d'y penser, je sentais le monstre de rage au fond de moi siffler de colère et... je n'avais pas vraiment envie d'être sombre ce soir. J'étais sorti pour rompre un peu ma solitude, par pour m'enfermer dans ma noirceur.

Des dieux qui ne parcouraient pas mon monde ? Je dois dire que je ne suis pas très au fait. Il prétend être plus ancien que Hadès... ce qui me semble somme toute assez étrange puisqu'il est l'un des premiers nés du Chaos originel... mais le contredire ne m'apporterait rien. Il m'importe peu qu'il soit né d'un côté de la tête sans connaître ses pairs tout comme son existence n'a jamais eu d'interférence avec la mienne.

Il disait parler avec les morts et les guider et malgré ma déchéance, je ne suis personnellement jamais mort. Ni Hadès, ni lui n'ont été un jour mes souverains... Je n'ai jamais dû me soumettre autrefois et seules mes têtes tranchées ont été le symbole de ma déchéance autrefois. J'imagine qu'on peut dire que c'est ainsi que je me suis incliné même si ma rage, elle, est restée intacte.

" J'attise des choses en vous ? Et qu'est-ce que... j'attise ? "

Assurément ce n'était pas de la peur que je sentais émaner de sa personne. Cette odeur, je l'avais déjà senti autrefois alors que certains tentaient de tromper leurs compagnes sur mes propres berges, et puis plus récemment dans cette vie, j'avais senti cette envie émaner d'une jeune femme des eaux. Cet homme, ou plutôt cet ancien dieu me désirait-il à la manière d'une femme ? Malgré moi je souris et je me relevais un peu pour l'approcher d'une démarche presque charmeuse à la manière des mouvements antiques des serpents.

" Dites-moi, Anubis, qu'est-ce que j'attise en vous ? "

Il avait beau être un dieu, je n'avais pas peur de lui... Je ressentais plutôt une envie de lui montrer ce que j'étais, qui j'étais... J'avais envie de le dominer. Être le maître d'un dieu... de caresser sa tête assis sur mon trône d'or et le regarder me baiser les pieds. Soumettre un dieu...

" Vous souhaitez me prêter l'oreille ? "

Il commençait à m'amuser, ce petit dieu... et je crois que dans ma voix perçait une note d'amusement.

Ce petit chiot me semblait perdu dans l'apprentissage de la vie, peut-être plus encore que mon Petit Lapin. Si je n'étais pas toujours à l'aise avec le nombre de mes têtes amputées dans ce corps, lui ne semblait pas du tout à l'aise avec le sien tout entier. Pourtant son corps avait une jolie plastique, pour un humain. Par le passé j'en avais dévoré des bien plus moches que lui, littéralement.

" Un chacal, humm ? "

Je crois que j'avais déjà goûté du chacal autrefois... Mais je ne parvenais pas à me rappeler avec précision le goût exact. Je penchais la tête de côté comme pour mieux le regarder, m'attardant sur son cou fin d'albâtre. Sa peau était si pâle, parfait contraste avec son costume sombre.

" Je parle rarement de moi "

J'étais proche de lui désormais et pourtant pas tant que cela. Il restait encore entre nous bien la moitié d'un mètre. Je me penchais sur lui jusqu'à placer mon visage près du sien, si proche je pouvais mieux encore humer son odeur.

" Vous sentez vraiment bon, monsieur le chacal "

Je posais mes doigts sur l'une de ses oreilles et la caressait avec une douceur presque révérencieuse.

" Aimez-vous qu'on vous caresse les oreilles, monsieur Anubis ? "

J'avais senti que son cœur s'était mis à s'accélérer à chacun de mes pas chaloupé qui me rapprochait de lui et en moi ce corps affolé suscitait l'appel de la chasse. Ses réactions devant moi le rendait tout de suite plus intéressant à mes yeux même si la manière de parler de son corps comme s'il n'était pas le sien et qu'il l'occupait juste était... perturbante. Moi-même, même si j'avais du mal parfois avec les limites de ce corps, je sentais au plus profond de moi que c'était tout de même le mien. Cela ne semblait pas être le cas de l'humain que j'avais devant moi. Etait-il en si grande déphase par rapport à son corps ? Peut-être pourrais-je l'aider à se recentrer ? J'avais peut-être même une idée du comment faire... Un sourire malicieux couraient sur mes lèvres... malicieux et gourmand.

Je peinais à croire qu'il est jamais connu des aventures. Il me paraissait si innocent, une proie parfaite. J'hésitais à jouer avec lui comme le chat avec sa souris. Alors que je jouais avec son oreille, je sentis un parfum d'excitation naître sous mon nez, titillant mes sens.

" On dirait que vous aimez vraiment ça "

Je m'assieds sur ses jambes, les miennes de part et d'autres des siennes, touchant presque son bassin du mien. Intrigué je décide de tester et de le grattouiller comme les chats derrière les oreilles en alternant avec des caresses sur les deux à la fois. Il semble vraiment sensible et je dois dire que ça m'amuse de titiller ainsi ma proie. Il a cru me ferrer en m'invitant à boire un verre mais il semble que la proie ne soit pas celle que l'on croit.

" Regardez-moi ça... "

Je laisse courir mon doigt de son oreille à son cou dans un contact des plus légers essayant de créer en lui le frisson. Je trace de mon doigt la limite de ses omoplates avant de remonter le long de sa jugulaire de l'autre côtés pour de nouveau jouer avec son oreille. Je me penche alors sur lui plus encore et je darde une longue sur cette dernière, traçant son contour.

" Je me demande quel goût ça peut avoir, un Anubis "

J'aime bien voir le regard un peu perdu qu'il pose sur moi. Je crois qu'il ne sait pas très bien quoi faire, mais il ne me repousse pas et pose ses mains sur mes hanches. Bon point. Il ferme ses yeux, je me demande si il essaye de se concentrer pour mieux sentir ce que je fais où si au contraire il tente tant bien que mal de résister. Ses réactions me fascinent, j'ai envie de passer mes mains sur son corps pour tester chacune de ses réactions, de ses expressions. C'est une autre forme de chasse... comme si tout doucement je tendais un piège à ma proie.

" Oh, vous pensez ? "

Je souris quand sa bouche offerte laisse échapper un gémissement qu'il ne semble pas pouvoir ni essayer de retenir. Je baisse le regard et je remarque une bosse proéminente dans son sous-vêtement. Décidément je pense que ses oreilles doivent être une zone très érogène chez lui, sans doute due à ses origines en partie animales. J'entends les battements de son cœur devenir erratiques et ses mains se serrer plus fort autant de mes hanches, je crois qu'il est entrain de perdre ses moyens.
Son excitation entraine la mienne et je me sens moi aussi réagir quelque peu mais je tiens à ma contenance alors que lui semble abandonner l'idée de me résister.


" Possiblement "

Je susurre près de ses oreilles si sensibles et je mordille son lobe sans toutefois le blesser. J'avoue que la tentation est grande, mais je n'ai pas vraiment envie qu'il me jette dehors s'il prend peur...

Pendant que je le grignote, une de mes mains se rapproche sensiblement de son désir proéminent et caresse l'intérieur de sa cuisse. Une idée distraite chatouille mon esprit me rappelant que nous sommes en public et que les humains n'ont pas pour habitude de se laisser aller dans ce genre d'endroits.

Décidément j'aime beaucoup ses réactions. Lui le bel homme sombre et sûr de lui, j'ai l'impression qu'il est soudainement totalement perdu par moi. De chasseur il est devenu la proie, ma proie et ... cela me met vraiment de joie. J'avoue que cela fait longtemps que je n'ai pas trouvé un petit humain aussi amusant. Il faut croire qu'il n' y a pas que la peur qui me fait vibrer venant de ces petits êtres. Enfin même si lui, à l'origine, n'était pas plus humain que moi. Il m'a dit avoir été un dieu... pour l'heure je ne vois pas un dieu mais juste un homme submergé, et je crois que j'aime ça.

" Oh dommage, je devrais vous laisser alors ? "

Je joue à l'innocence, innocent que je ne suis pas. Le jeu du je te fuis, tu me suis. Dans un premier temps je ne bouge pas, et je sens ses mains se poser sur mes fesses. Il ne semble pas savoir quoi faire d'elle et je manque de rigoler. Ce n'est pas ainsi que l'on procède pour repousser l'autre, cela j'en suis certain. Malicieux, je laisse glisser ma main sur son sexe dont je peux difficilement ignorer la réaction puis je me relève de lui après un dernier coup de langue à son oreille si sensible.

Le sourire aux lèvres, comme un carnassier examinant les réactions de sa proie, je suis maintenant debout devant lui, attentif. J'ai sans doute un peu plus de chance que lui, la veste de mon costume cache les manifestations de mon émoi, ce qui n'est pas le cas du sien alors qu'il est encore assis.

Je tends alors la main vers lui comme pour l'aider à se relever même si j'ai une autre idée en tête... J'aimerai profiter de la main qu'il me tendrait pour l'attirer brusquement vers moi et le faire atterrir, ou plutôt tomber dans mes bras.

" Il faudrait ? Que vous me donniez la main... peut-être "