Il fait beau en ce début de mois de novembre, étrangement beau et pourtant ce n'est sans doute pas un temps où les humains décideraient de se baigner volontairement. La température de l'air doit être dans les vingt-deux degrés... mais l'eau... je l'imagine glacée. Je me demande si comme moi Ondine, ou plutôt Maëllis dans cette vie, aurait la même résistance au froid que moi. Dans les bassins de l'aquarium, je ne l'ai jamais entendu se plaindre de la fraicheur de l'eau alors même qu'elle n'avait pas de combinaison. Je verrai bien... dans le doute j'ai quand même glissé dans ma voiture un vêtement pour elle... on ne sait jamais. Mon but n'est assurément pas de mettre sa vie en danger.

C'est le début de l'après-midi et me voila devant sa porte, attendant qu'elle ouvre la porte après avoir sonné. Elle ouvre la porte uniquement vêtue d'une serviette et j'hausse un sourcil dubitatif lorsqu'elle m'annonce enjouée qu'elle sera bientôt prête. Je prends un air quelque peu désabusé mais je souris et me juche sur une chaise haute en l'attendant.

« Sérieusement Ondine, pas encore prête ? Il est passé quatorze heure »

Et dire qu'en plus je ne m'étais pas pressé pour laisser la mer un peu se réchauffer. J'avais déjà une demi-heure de retard sur l'horaire fixé et pourtant elle n'était même pas encore habillée. Je souris, amusé tout en la voyant courir dans tous les sens pour se préparer.

« Tu n'auras pas froid comme ça ? Prends tout de même une veste avec toi, on ne sait jamais »

Bien sûr nous allions aller dans l'eau, du moins si tout allait bien et que ma petite fille ne faisait pas une crise d'angoisse mais... sur le chemin elle pouvait très bien attraper la mort et ce n'était pas ce que je souhaitais. Elle me semblait pleine de vie en cet instant et je me disais que je m'inquiétais peut-être pour rien. Sur ses épaules dansaient ses cheveux de feu dans la lumière du soleil, et je me pris à me perdre dans mes pensées. J'avais renoncé depuis quelques temps à lui faire la remarque sur sa manière continuelle de m'appeler Papy lorsque nous étions seuls tous les deux.

« Ça va ça va, allez dépêche toi jeune fille »

Enfin nous étions prêts et je l'aidais à charger son petit sac dans ma voiture. Direction la plage. Sur le parking, quelques voitures étaient déjà présentes mais sur la plage il ne semblait y avoir qu'une vieille dame promenant son chien. Les autres humains et reflets devaient sans doute parcourir la digue pour faire les boutiques ou se tenir à la terrasse d'un café. Cela nous arrangerait bien tous les deux... Il aurait sans doute été difficile d'expliquer pourquoi nous souhaitions nous baigner dans la mer au début du mois de novembre.

« Est-ce que tu penses qu'il te faut une combinaison ou que la température de l'eau ira pour toi ? Ce n'est pas de l'eau tempérée comme à l'aquarium... "»

Je ris à sa moue quand je lui parle de porter une combinaison. Je sais qu'elle déteste cela et je me doutais qu'elle refuserait mais... je voulais lui laisser la possibilité de choisir.

« C'est ta nature de sirène ça... Je ne voulais juste pas que tu aies froid Promets moi que si cela ne va pas nous rentrerons. Il faudra que tu me le dises, d'accord ? »

Je lui fais un petit sourire avant de m'approcher d'elle et de lui frotter le dos, lui murmurant à l'oreille que ça allait aller. Je vois bien qu'elle est tendue et peu à l'aise, qu'elle tente de trainer le plus possible pour ne pas approcher de l'océan et je sais qu'il faut que je la rassure. Si elle recule maintenant, je crois que plus jamais elle ne considérera l'océan comme sa maison et quelque pas cela me fait mal mais je crois que cela lui fait encore plus mal à elle. Elle doit se sentir tellement déchirée, écartelée entre deux mondes.

Elle s'accroche à mon bras comme une moule à son rocher et nous approchons de la mer. Il y a un petit vent mais elle semble relativement calme. Cependant contre moi, je sens déjà Maëllis trembler et pourtant nous n'avons pas encore mis un pied dans l'eau.

« On a tous nos peurs, nos traumatismes, il ne faut pas que tu t'inquiètes pour ça, c'est normal, parce que c'est toi, c'est tout. Et nous allons vaincre cette peur, ensemble »

Nous sommes face à la mer et je me place entre la crête des vagues et elle, la serrant tout contre moi.

« On va prendre le temps, et s'il faut que nous venions ensemble ici tous les jours, nous le ferrons, d'accord ? Enlève ta robe Maëllis, puis... ferme les yeux et laisse toi guider, d'accord ? »

Je souris et je me demande si les gens sur cette plage ne vont pas finir par avoir l'habitude de trouver mes vêtements abandonnés ici... Bien sûr nous sommes à l'aube de l'hiver et ils risquent de se poser bien des questions mais... je pense seulement maintenant que nous aurions dû nous changer avant d'arriver sur la plage même mais elle est presque déserte alors... J'ai espoir que nos vêtements ne disparaissent pas si nous passons du temps dans l'eau.

Laissant Maëllis enlever sa robe, sa veste étant heureusement restée dans la voiture, j'ôte moi même ma chemise et mes chaussures. J'ai mis une sorte de short de bain et je peux donc lui le laisser.

Lorsque Maëllis est enfin prête, je prends ses mains dans les miennes et me mettant devant elle, je la guide pas à pas, doucement jusqu'à l'endroit où les premières vagues meurent. Lorsque nous avons de l'eau jusqu'aux chevilles en permanence, je m'arrête et sans lâcher ses mains je lui demande.

« Est-ce que ça va ? »

Tendue, tremblante, et pourtant elle me fait confiance, comme si elle acceptait de me confier sa vie. Je sais qu'elle ne risque rien et pourtant dans ce monde je ne sais si les certitudes peuvent vraiment être certifiées. Je suis là comme un roc protecteur et j'espère que le calme que je lui montre pourra lui parvenir...

Elle serre mes mains de plus en plus fort et même si son pas est hésitant, même si il est lent, elle me suit aveuglément. Au fond de moi je ne peux qu'être touché... C'est une sensation forte, puissante qui monte en moi. Comme une bulle de joie, une bulle d'amour pour cette jeune fille qui s'abandonne.

« La mer restera toujours ton amie, tu es fille de l'eau Ondine »

Doux sourire qui est le mien et je la laisse se perdre dans mes bras, je la serre et je ne tente pas de nous faire bouger durant de longues minutes, puis, gardant mon bras autour de sa taille je lui propose d'une voix douce.

« On essaye de continuer à avancer ensemble ? Jusqu'à la taille, cette fois ? »

Notre avancée est lente, comme si je conduisais un être blessé tout doucement, et c'est ce qu'elle est même si ses blessures ne sont pas physique. J'ai tout mon temps pour elle et je ne désire pas la presser. Nous y allons à son rythme. Lorsque nous atteignons le nouveau but que je nous avais fixé, je la sens soulagée, fière aussi mais terriblement mal à l'aise. Je suis certain qu'elle ne savoure pas l'instant et que c'est extrêmement dur pour elle.

Alors qu'elle se jette à nouveau dans mes bras, je la sens totalement tendue et je me détache alors tout doucement d'elle pour passer dans son dos et tenter de masser un peu ses épaules. J'aimerai pouvoir la calme, la détendre un peu. Nous ne sommes pas pressés et nous avons déjà fait un bon bout de chemin.

« Détend-toi ma fille, ça va aller, nous avons tous notre temps. Respire, essaye de sentir l'océan, ce n'est pas si différent que quand tu es à l'aquarium. Essaye de fermer un peu les yeux, de sentir les vagues et leur mouvement, leur caresse sur ta peau »

J'ai dit ma fille même si techniquement elle ne n'est pas vraiment. Elle était la fille de mon fils mais je crois que je la considère un peu comme ma fille, et à la fois pas vraiment. Je tiens à elle, beaucoup, et j'aimerai faire tout pour que plus jamais l'océan ne lui fasse peur, pour qu'il ne soit plus jamais dans son esprit une source de danger.

Je souris en la sentant se détendre sur mes doigts. Progressivement elle semble réaccueillir l'eau comme une amie et ne plus chercher à la fuir. Tout son corps rejetait l'eau de la mer quand nous étions arrivés ici et là, elle semblait moins réfractaire.

« Ouvre les yeux, Ondine, dit moi ce que tu vois »

Je souris et stoppais mon massage sans toutefois enlever mes mains de ses épaules comme un soutien indéfectible.

« Comment te sens-tu ?  »

Je descendis une main dans son dos et je la poussais gentiment vers le large en prenant soin de toujours garder un bras en contact avec l'arrière de son dos, je ne voulais pas qu'elle se sente seule, je voulais qu'elle sente que j'étais là à chacun de ses pas pour la soutenir et l'aider.

« Nous allons avancer jusqu'à ce que nos corps soient immergés jusqu'au cou et puis tu me donneras la main et nous allons plonger. Prête mon petit poisson ? Fais-moi confiance Ondine, tu n'es pas seule, nous sommes ensemble »

Je vois bien qu'elle est de moins en moins rassurée à fur et à mesure que l'eau monte sur son corps et je me demande si elle parviendra aujourd'hui à plonger au fond de cet océan. C'est déjà un grand pas le lieu où nous nous sommes rendus et sans doute qu'un être plus raisonnable que moi lui aurait déjà dit que c'était très bien et que nous pourrions rentrer et retenter demain puis après demain. Mais il semble que je ne sois pas un être de demi-mesure car je n'ai aucune envie que nous rentrions maintenant.

Elle me dit avoir un peu froid et je me place au devant d'elle pour frictionner ses bras et ses jambes. Je suppose qu'elle n'a pas toute à fait la même faculté avec l'eau que moi et je sais déjà que si ses lèvres deviennent bleues, que je n'insisterai pas. Mon but n'est pas de la tuer ou de provoquer son hypothermie... Pour l'heure elle est pâle, vraiment très pâle mais dans l'ensemble mis à part ses tremblements, elle semble aller bien. Je me demande si le froid qu'elle ressent n'est pas plus dû à la peur qu'à la vraie sensation.

« Humm ? Ah oui, c'est un phoque »

Je sursaute. Sa vive réaction m'a vraiment surpris et je la regarde étrangement, m'étonnant de son attitude. Elle n'a jamais montré une telle appréhension auparavant pour une créature aquatique et de mémoire un phoque n'est pas la pire des créatures au monde pour un humain.

« Je pense qu'il est plus curieux qu'agressif tu sais ? On est pas vraiment une menace pour lui, il doit juste être intrigué. Détend toi mon petit poisson... ça va aller et puis... Il est loin ton phoque  »

Je lui souris doucement. Au moins elle ne semble plus penser au froid qu'elle ressentait encore il y a quelques instants.

Chien des mers ? J'avoue ne jamais avoir envisagé les phoques comme des chiens des mers mais l'appellation ne me semblait pas plus farfelue que cela et j'acquiesçais. Si cela pouvait la rassurer, j'étais même prêt à lui jurer que c'était des souris inoffensives même si parfois un phoque pouvait être assez dangereux avec ses petites dents puissantes.

« Alors allons-y »

Je souris et je lui prends la main délicatement comme on prendrait la main d'une demoiselle au bal des débutantes et je la regarde bouger puis... je plonge entrainant avec moi ma petite fille par la main. Enfin nous sommes totalement immergés et la sensation me parait à moi grisante. J'ai l'impression d'être enfin à ma vraie place, la mer chante pour moi. Mais bien vite je me ressaisi et je fixe ma petite fille alors que je l'entraine plus profondément dans l'océan et plus loin, là où il est certain qu'elle ne pourrait pas avoir pied, qu'elle ne pourrait reculer. Enfin je lâche sa main et je m'arrête. Ici nous sommes assez loin des berges... quelques coups de nageoires ne pourraient suffire à nous ramener sur la terre ferme ou à la surface.

Elle se précipite dans mes bras et je la serre contre moi en lui frottant gentiment le dos. Elle est devenue une vraie femme aujourd'hui ma petite Ondine... Une très belle femme. Je pense qu'elle ne va pas tarder à en faire tourner des têtes dans ce monde, j'espère juste qu'elle n'en souffrira pas mais pour l'heure ce n'est pas ce qui est important, ce n'est pas ce dont je dois me préoccuper.

« C'est ton monde, ton monde et le mien. Tu es chez toi ici  »

Le moyen le plus efficace pour oublier sa peur ? Je dirai que c'est le jeu et je me demande si elle serait réceptive en cet instant ? Je la regarde et soudain sans prévenir je touche son épaule avant de m'éloigner d'elle très rapidement à la nage en lançant un petit rire joyeux.

« Ondine ? C'est toi le chat »

Ce jeu, c'était l'un de ceux que nous jouions ensemble quand elle était petite et qu'elle venait me rendre visite dans mon domaine. Ce jeu, il avait toujours eu le don de l'éloigner de ses sombres pensées quand son père l'étouffait et qu'elle n'en pouvait plus, quand ses sœurs l'oppressaient aussi, ce jeu, c'était un peu notre jeu à nous.

« Paroles, paroles, paroles, que tu sèmes au vent »

Je me joue d'elle et de ses tentatives, je l'évite, je l'esquive et je l'égare. Je veux qu'elle ne pense plus à rien, qu'elle oublie sa peur, et cela semble marcher. De plus en plus j'ai l'impression qu'elle se sent plus à l'aise, qu'elle se déplace plus vite plus agilement et je dois de plus en plus ruser pour parvenir à l'égarer. Je ris, c'est bien ici que je la préfère, je n'aime pas la voix tremblante et apeurée dans un élément qui est le sien.

« Allez Ondine, concentre-toi, tu peux le faire »

Je m'amuse et je pense qu'elle aussi alors que nous nous éloignons de plus en plus du rivage. Je ne pense pas qu'elle s'en rende compte actuellement mais pour moi en cet instant le pari est presque gagné, elle semble si bien, si belle, si pleine de vie en cet instant que j'aimerai qu'il ne prenne jamais fin. Je l'entends morigéner entre ses dents mais je n'en comprends pas les paroles, intrigué je ralentis un instant.

« Qu'est-ce que tu dis ? »

Oh la vilaine, profitant de mon inattention du moment, elle s'est vivement rapprochée. Joueur et n'ayant pas envie de perdre, je crée un courant inverse entre nous pour la ralentir alors que je file encore plus vers le large.

« Et bien alors mon petit poisson-chat, on arrive pas à me rattraper ? »

Je me rends compte qu'il y a un problème quand soudainement elle ne me suit plus. A quelques encablures d'elle, je ne peux manquer tout de même son regard inquiet. Elle semble perdue... Je me demande même si elle n'a pas oublié notre jeu tout à son émoi. Elle se pose sur un rocher et je nage vers elle. Elle a les yeux fermés et je ne fais presque aucun bruit alors que je me rapproche et que je me poste devant elle.

Doucement, face à elle, posé sur le fond marin, je place mes deux mains sur ses épaules et je la masse, je descends sur ses bras, j'essaye de lui montrer que je suis là, qu'elle n'ait pas seule dans cette immensité.

« Ondine, tout va bien ? »

Je pensais qu'elle avait réussi à surmonter ses peurs mais j'ai l'impression qu'elle sont encore là bien vivaces et pourtant elle est belle et bien là, vivante, éveillée... pas évanouie ou totalement en panique. J'imagine que je n'ai pas totalement eu tort de venir ici avec elle et d'initier un jeu pour l'aider à avancer.

« Tu t'en sors très bien. As-tu senti comme ce monde fait partie de toi ? As-tu ressenti de la joie alors que tu nageais avec moi ? Ondine, parle-moi... »

Je souris, j'avais l'impression qu'elle avait tellement grandi. La voir si heureuse, c'était bien là tout ce que je voulais et je ne voulais plus que la peur vienne l'habiter alors qu'elle était dans son véritable élément. Ondine était faire pour la mer, pour l'océan, et non pour tourner en rond dans un bocal.  Mon Ondine était forte, vive, et impétueuse.

« Je crois que bientôt tu n'auras plus besoin de moi, tu parviendras à venir ici seule »

Elle me prend dans ses bras et je referme sur elle mon éteinte. En cet instant je suis bien avec elle sous la mer et j'aimerai que ce moment ne s'arête pas. Elle me semble si belle et si calme en cet instant, enfin en phase avec elle-même.

Quand elle se met à chanter, je la dévisage étrangement. J'avais passé toute ma vie aux côtés des sirènes, je les avais fait naître par mon fils Triton... Je n'étais pas sensible à leurs charmes mais je savais quels en étaient les effets, je le savais pertinemment. Je m'écartais un instant d'elle observant cette femme magnifique qui chantait sa mélodie magique. Je fermais les yeux, me laissant emporter par le chant avant de brusquement les rouvrir et me rapprocher d'elle. Je pris son visage en coupe pour le relever vers moi.

« Qu'est-ce que tu essayes de faire, Ondine ? »

Je place mes mains sur ses épaules et effleure ces dernières avant de descendre sur sa poitrine un bref instant, passant comme un souffle sur ses tetons cachés par le tissu de son maillot avant de retirer mes mains.

« Est-ce ça que tu cherchais à me faire faire ? Ondine à trop jouer avec le feu, on se brûle »

Humm une pirouette. Elle voulait tester son pouvoir sur moi juste comme ça ? Je n'y crois pas une seconde et sur son visage je n'ai pas lu qu'un test sans importance mais comme une frustration intense, comme si elle avait voulu que son pouvoir marche vraiment sur moi. Ondine, Maëllis, elle me semble bien moins ingénue qu'autrefois lorsqu'elle rêvait d'un amour éternel avec un homme qu'elle n'avait fait qu'apercevoir. Elle tente de se sauver... de fuir ses actes mais... cela ne marche pas. Le courant est mon ami... Je crois qu'elle ignore encore que beaucoup de mes dons me sont revenus aujourd'hui...

« Tu crois réellement que tu pourrais m'échapper ainsi, humm ? »

Le courant la ramène dans ma direction et je la rattrape sans peine en m'avançant vers elle avec un petit sourire amusé jouant sur mes lèvres.

« Tu aurais juste chanté comme ça, pour me tester ? Voyons... pourquoi donc parais-tu si furieuse alors, humm ? Tu aurais préféré que cela marche n'est-ce pas ? Ondine ? »

J'ignore bien sûr qu'elle ne souhaite plus que je la nomme par une identité sous laquelle je l'ai toujours connue et pour moi à vrai dire peu m'importe qu'elle ait un jour été ma petite fille et que d'aujourd'hui ne semble plus exister que le lien de nos souvenirs. Je la vois comme une jeune femme, et non plus une enfant, qu'elle porte ce nom ou un autre...

Je la pousse gentiment vers un rocher et je la presse contre ce dernier en posant ma main sur son corps fin et si blanc. Je caresse ses clavicules, traçant du bout des doigts le bol de son col.

« Magnifique et rebelle... tentatrice aussi. Une parfaite sirène »

Franche, elle l'a toujours été, et ses paroles vont encore en ce sens. Je souris et mes yeux pétillent légèrement. Elle se veut effrontée mon petit poisson mais je me demande si elle se rend véritablement compte des paroles qu'elle prononce ?

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle vienne me mordre la lèvre en signe de défi par contre et je la relâche un instant pour poser ma main sur ma lèvre où aucun saignement ne survient. Je la regarde décontenancé. Il se pourrait finalement qu'elle ait un peu changé, elle semble avoir bien plus d'aplomb qu'autrefois.

« Quand ai-je dit que tu étais encore une enfant ? »

Je vois son haut qui se sauve avec le courant que je ne contrôle plus, un instant seulement mon attention est détournée avant que mon regard ne se repose sur la poitrine désormais nue d'une sirène dont je tente de comprendre les intentions. J'ai l'impression que son message est clair, mais est-il véritablement aussi limpide que je le pense ?

« Oh comme c'est dommage... Tiens mais... qu'avons nous-là ? »

Elle veut jouer ? Ma foi... j'ai bien envie d'entrer dans son petit jeu. Après tout je l'ai prévenue... à trop jouer on se brûle, même avec le dieu des océans quand on est une petite sirène trop impétueuse.

Je prends ses seins en coupe et entre le pouce et l'index, je roule ses tetons, les agaçant, les caressant, les tirant.

« Il ne me semble pas non plus que ceci appartienne à une enfant, je me demande... Peut-être devrais-je les tester encore un peu ? Pour être sûr, n'est-ce pas Ondine ? Qu'en penses-tu ? Penses-tu que je devrais continuer de vérifier pour être sûr ? »