Caractère
« Mais vous êtes fou !
– Assurément ! Mais la plupart des gens intelligents le sont! »
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Particulier, singulier, étrange, timbré …
des mots il y en avait beaucoup, il y en avait toujours eu beaucoup, allant du plus compatissant au plus péjoratif, mais en vérité , la plupart du temps Adal, n’y prêtait pas attention. Il n’avait pas toujours été ce garçon en dehors des cases, en dehors de ce qui était imposé, ou peut-être que si , au fond, tout au fond mais il l’avait tut, il l’avait caché quelque part pour ne pas blesser, pour ne pas froisser , les autres principalement. Il l’avait tant et si bien caché qu’à un moment donné : c’était lui que ça avait fêlé.
Il y avait eu cette histoire de Lapin, puis de terrier, une chute , une chenille géante qui fumait , un chapelier qu’on disait fou et un lièvre barré. Et surtout,
surtout : il y avait eu le chat.
Après ça Adal ou Alice, ou qui que ce soit – est-ce que ça avait une forme d’importance ? – n’avait plus jamais été le même. Est-ce qu’il avait changé, ou est-ce qu’il s’était retrouvé ? Peut-être même qu’il s’était trouvé tout simplement.
Adal pour être parfaitement honnête, avait appris à aimer cultiver sa singularité. Habillant le monde de possibilité, refusant catégoriquement d’admettre que l’impossible existait, jovial, curieux, remplis de malice et sous une forme de candeur, il avait appris alors qu’il vivait au cœur du pays des merveilles à exprimer toute l’étendu de son esprit calculateur. Car oui, il l’était. Pas toujours, il était bien trop spontané, bien trop éthéré pour cela, mais ça n’empêchait pas qu’il savait utiliser sa tête et toutes les armes qu’il y avait cachés quand c’était nécessaire. Il avait toujours eu cette incroyable capacité à se projeter dans le futur, ou à s’échapper dans une forme de rêve, une réalité alternative. D’aucun aurai dit qu’il était « décalé », jamais tout à fait à sa place mais ceux qui le connaissaient le décrivaient comme une personne immensément créative à l’imagination la plus prolixe qu’ils n’avaient jamais pu constater.
Sa joie de vivre était contagieuse, dangereuse parfois et posait régulièrement des question sur son état mental mais à cela il répondait qu’il préférait être un cinglé heureux qu’un malheureux exemple de normalité. La norme de toute façon, il ne l’avait jamais comprise, il ne l’avait jamais vue que comme une tentative de vivre une très longue et très douloureuse agonie. Lui, il n’était pas comme ça. Non, Adal était ce genre de personne si brut, qu’il pensait qu’il pouvait faire n’importe quoi du moment qu’il en avait envie, ou dire n’importe quoi du moment qu’il le pensait. Pour autant il était toujours le premier à jouer sur les mots et en dépit de ce que l’on pouvait attendre d’une personne aussi décousue, s’il y avait une chose avec laquelle il était immensément doué ; c’était les mots. Prolixe, malin, il savait en jouer, il en connaissait le poids et savait tout à fait le bien comme le mal qu’il pouvait faire et ne les employait jamais sans les connaître. Ne disait-il pas lui même qu’il « disait presque toujours ce qu’il pensait mais ne pensait pas toujours ce qu’il disait » ? a moins que ce ne soit l’inverse.
Adal fuyait les responsabilités, il l’avait toujours fait et c’était peut-être la raison pour laquelle il s’était retrouvé au pays des merveilles. Non, assurément , il ne prenait jamais de responsabilité pour les autres et se démettait sans honte régulièrement des siennes propres. Pourquoi ? Parce qu’elles étaient des entraves dans sa liberté. Le cœur sur la main et pas langue dans sa poche, Adal avait tendance à croire qu’on « aime parce qu’on aime » et que selon toute logique : on aime pas justement pour les mêmes raisons. Il n’avait pas besoin de justification pour l’un comme pour l’autre et pouvait reprendre affection et inimitié aussi vite qu’il les avait données.
Une personne avait détruit ce principe.
Une seule.
Un chat en vérité.
Toujours le même.
C’était toujours un chat.
Peut-être la seule créature dans ce monde et dans les autres a laquelle il ne retirerai jamais sa loyauté, son affection. Son amour. C’était difficile de dire ce que c’était exactement. La seule chose certaine c’était que «
c’était » justement. « ça » existait.
Comme il pouvait aimer avec une intensité et une passion proche de la folie furieuse, Adal pouvait concevoir une haine farouche, violente et parfois perfide à l’endroit de personnes ou d’objets. Et ces humeurs, ces passions étaient destructrices. Pour lui, pour les autres mais quand il prenait quelques secondes pour y pensait : surtout pour lui.
Ah.
ça non plus ça n’avait aucune importance.
Adal était une personne généreuse dans ses grands moments de lucidités, mais pouvait aussi bien s’accommoder d’une vie de rapine, d’arnaques et profiter des sentiments que les autres nourrissaient pour lui quand c’était arrangeant. C’était un homme changeant. Charmant quand il fallait l’être, quand il avait conscience qu’il le devait du moins.
D’une franchise parfois terrible, celle que l’on pardonne généralement aux enfants mais qui peux passer pour de la rudesse chez les adultes mais Adal n’avait jamais accepté cela non plus : les filtres de l’age adulte. C’était ce qui tuait chez la plupart des autres cette merveilleuse « Plussoyance » qui en aurai pourtant fait des être incroyables.