Vendredi, presque huit heures du soir, je suis dans mon canapé à regarder la télévision. Il y passe un film insipide donc je n'ai presque rien retenu jusqu'à présent. Certains pourraient dire que je suis tourmenté mais ce n'est pas vraiment le cas. Quelque peu inquiet, ça oui je peux l'avouer.

Cela ferait un mois demain que je m'étais uni pour la première fois avec Hélios. Depuis d'autres avaient suivies et nous nous étions en partie rapprochés. Il ne savait toujours pas qui j'avais été mais nos liens s'étaient consolidés. Nous ne nous voyions pas tous les jours, bien sûr, mais presque... environ tous les deux-trois jours. Ici cela faisait plus d'une semaine et demie que je n'avais pas de nouvelles et ce n'était pas normal. J'avais tenté de lui envoyer deux messages, de l'appeler trois fois et j'avais fini par abandonner. Me disant que comme je l'avais autrefois pensé, que les humains étaient simplement changeants et éphémères. Cela avait été une belle histoire, et désormais c'était terminé. Voila tout.

C'est pourquoi lorsque la sonnette de ma grille retentit et que dans l'interphone résonna une voix que je n'attendais plus,  j'en fus des plus surpris.

« Hélios ? »

J'attendis quelques secondes avant d'appuyer sur le bouton qui allait déverrouiller la petite grille dans la grande et j'ouvris la porte, l'attendant au bout de l'allée intrigué. Son nouveau mec l'avait-il jeté qu'il revenait ainsi vers moi la queue entre les jambes ? Je le regardais... ainsi vêtu on aurait presque pu le prendre pour un délinquant. Je me demandais comment il avait fait pour venir jusqu'ici sans effrayer l'un ou l'autre passant ou se faire arrêter, mais soit... Je le laissais approcher, sans toutefois m'effacer de la porte pour le laisser passer.

« Je dois avouer que je me demandais si tu étais toujours vivant »

Un reproche se faisait-il entendre dans ma voix ? Peut-être un peu.

Je devine au tressautement de ses épaules que mon accueil n'a pas dû lui faire plaisir. J'avoue que c'était un peu fait exprès. Je suis loin d'avoir apprécié son silence et même si j'avais son adresse, je ne m'y suis pas rendu par respect pour ce qu'il pourrait ressentir, et puis aussi parce que j'estimais qu'il avait fait ses propres choix. Il savait lui-même où je vivais et c'était bien lui qui ne donnait aucune nouvelle, restant totalement sourd à mes appels. Je n'avais même pas eu droit à un mot, une explication, un au revoir ou un adieu, alors oui, j'éprouvais une certaine rancœur amer, cela ne voulait pas dire que je le détestais ou que je n'étais pas au fond de moi heureux de le revoir. Je me demandais juste pourquoi... Pourquoi il était parti et pourquoi il revenait vers moi à présent.

« Malheureusement il ne faut pas exagérer, Hélios. Je n'ai jamais souhaité ta mort, une réponse m'aurait suffi »

Je lève les yeux au ciel et je m’efface de la porte. Je n'avais de toute manière pas eu l'intention de le laisser dehors plus longtemps. Ne pas me répondre presque deux semaines peut m'irriter, assurément, mais pas au point que je ne veuille totalement le détruire ou ne plus jamais l'entendre. Je me demande quel genre d'explication il va bien pouvoir me donner. Le travail ? Un nouvel amant ? Un animal de compagnie à s'occuper peut-être ? Qu'est-ce qui pouvait lui prendre tant de temps qu'il ne pouvait même pas prendre une seconde pour m'envoyer un mot, un au-revoir ou un adieu ? Il semblerait que ma rancœur ne se soit pas dissipée juste par sa présence, mais au moins est-il entré.

« J'avais cru remarquer. Je me suis d'abord inquiété et puis je me suis dit que tu étais passé à autre chose mais te voila, comme une fleur »

Je haussais un sourcil et le guidait au salon, lui désignant un fauteuil avant de prendre place en face de lui. C'était presque étrange de ne pas le toucher, de ne pas l'embrasser et d'être si froid avec lui. J'avais l'impression d'avoir un étranger dans mon salon. Je ne voyais même pas totalement son visage, simplement l'éclat de ses yeux.

« T'isoler encore une fois ? Tu n'as pas pensé que j'aurai aimé être au courant de cet...incident ? Que j'aurai pu vouloir, je ne sais pas, t'aider peut-être ? »

Ma voix est calme et part un peu en interrogation impatiente. Il ne m'a toujours pas vraiment dit ce qu'il lui était arrivé et j'ai bien du mal à comprendre pourquoi il fait tant de mystère. Et surtout qu'il se cache ainsi m'irrite quelque peu. Ne peut-il ne serait-ce que se découvrir un peu pour me parler ? J'ai envie de le voir malgré tout.

« Tu n'as pas pensé que je pouvais tenir un peu à toi ? »

Il avait dit m'aimer mais je trouvais qu'il avait une bien drôle de manière de me le prouver. Furieux, je ne l'étais pas vraiment en vérité, irrité oui, inquiet, certainement, mais furieux ? Il ne m'avait jamais vu furieux. Le monde de Mirapolis s'en serait retrouvé totalement changé si j'avais véritablement été furieux.

« Tu vas arrêter tes bêtises ? Et enlève ta capuche, tu es ridicule. Tu ne peux pas me regarder quand tu viens me parler ? Je ne vais pas te manger. Qu'est-ce qui s'est passé, Hélios ? »

Je me lève rapidement et avant qu'il n'ait pu faire un geste je baisse sa capuche. Je reste un instant étonné et puis je souris jusqu'aux oreilles, amusé.

« Non, sincèrement, c'est pour cela ? »

Je passe une main sur ses oreilles pour les toucher. Elles me semblent bien réelles, on dirait presque les oreilles offertes par Apollon à Midas il y a fort longtemps, sauf que pour lui, c'était des oreilles d’âne. Je me demande quel dieu il aurait pu offenser.

« C'est nouveau ça, tu as irrité quelqu'un dernièrement en plus de moi ? »

J'avoue que cela lui donne un certain charme, il est même plutôt mignon ainsi mais je ne vais pas lui dire tout de suite. Je me demande cependant ce que l'on va dire à son travail... Déjà pour mes suçons on l'avait arrêté presque trois jours, si ce n'est quatre, pour des oreilles de chats, cela allait durer combien de temps ? A moins que cela ne leur plaise, allez savoir avec les publicistes. Moi je trouvais ça charmant mais je n'étais pas sûr d'être objectif, en tout cas cela avait eu le mérite de me détendre et par là-même de détendre, pour moi, l'atmosphère. Pour lui, ce n'était pas sûr. En attendant, je m'amusais à jouer avec ses oreilles et grattouiller derrière...

Il semblait furieux, furieux et perdu. Totalement perturbé en réalité et quel humain ne l'aurait pas été ? J'étais habitué au surnaturel, j'avais changé parfois de formes au cours des siècles de mon existence en tant que dieu, mais lui... Lui sa vie avait toujours été parfaitement et désespérément normale. J'imaginais bien que cela ne devait pas être facile pour lui mais je ne voyais pas comment lui faire accepter sa situation en un éclair... Les humais savaient s'adapter, j'en avais été témoin. Je supposais qu'il lui faudrait juste un peu de temps, mais combien ? Je le savais fragile, il aurait pu mettre fin à ses jours à une époque, et quelque part cette fragilité était sans doute ce qui était le plus dangereux pour lui en cet instant... ça et le fait qu'il ne voulait pas s'accepter... Etait-ce parce qu'il avait peur que je le rejette ? Ou pas peur de perdre sa vie entière en tant qu'humain ? Je ne savais pas bien.

« D'accord, d'accord, je te crois. Tu sais je ne pense pas que tu ne puisses plus travailler, je suis sûr que cette apparence peut plaire... Tu es très mignon ainsi Hélios et pour l'école... ils comprendront, au pire tu mets un bonnet. Il y a des solutions »

Cela l'épargnerait-il des rire parfois et des blagues ? Je savais bien que non. Les humains pouvaient être cruels et certains ne comprendraient pas, il faudrait qu'il soit fort, mais ce n'était pas impossible de vivre ainsi... Il pouvait toujours se reconvertir dans le cosplay mais je n'étais pas certain que lui dire en cet instant pour rire ne soit une bonne idée. Lui ai aimait tant mettre les pijamas d'animaux, voila qu'il en arborait maintenant les oreilles... Certains auraient tués pour que ça leur arrive et lui... Lui était mal. Cela me faisait de la peine de le voir aussi tendu en ma présence, il semblait juste avoir envie d'être partout ailleurs plutôt que près de moi.

« Ton avenir n'est pas foutu, on va trouver une solution. Calme toi, ferme les yeux, respire un grand coup... Tu n'es pas tout seul, je suis là »

Calmer un humain en panique, j'avoue que je n'avais jamais fait cela, ou plutôt jamais fait cela comme ça. A une époque il aurait été facile de calmer un humain pour moi mais je doutais que le changer en une créature quelconque ou l'arroser ne soit la solution en cet instant qui réglerait ses soucis. J'avais envie de l'aider mais il fallait d'abord que j'arrive à le détendre avant qu'il ne parte totalement en vrille.

« Ton avenir n'est pas foutu, on va trouver une solution. Calme toi, ferme les yeux, respire un grand coup... Tu n'es pas tout seul, je suis là »

Du sucre qui aurait fait ça ? J'avouais en douter. Pour moi il devait y avoir autre chose mais quoi ? Je ne faisais pas le lien avec la drogue hallucinatoire que j'avais pu rencontrer dans le cratère de l'artefact ou avec Arwen car les effets étaient diamétralement opposés et je n'avais personnellement eu aucun vent d'une nouvelle drogue. Il fallait dire aussi que je n'étais pas vraiment adepte de ces choses-là...

Alors que je joue avec ses oreilles il grogne et blessé qu'il ne puisse plus me faire confiance je veux retirer ma main mais il me l'attrape trop vivement. Il semble ne vouloir aucunement que je le touche et j'avoue que je ne sais que faire. Aurais-dû l'accueillir différemment ? Sans doute si j'avais su qu'il était autant blessé en lui pour quelque chose qu'il ne parvenait pas à assumer, quelque chose qu'il ne parvenait pas à accepter.

« Hélios... tu grognes... Tu grognes parce que je te touche »

Je soupire et je laisse retomber mes mains sur mes jambes. Je suis accroupi devant lui, les yeux baissés à hésiter sur la marche à suivre. Je n'ai pas envie de le laisser partir ainsi et en même temps je me dis que je ne peux le retenir contre son grès. Je ne suis plus le dieu que j'étais et même si je l'étais encore, je ne vois pas vraiment quel serait son bien dans le fait de le séquestrer.

Je relève la tête étrangement quand il me dit que ce n'est pas parce qu'il n'est pas content mais qu'il a envie de me mordre pour boire mon sang. Je trouve cela quelque peu incongru... Je ne pensais pas les chats avides de sang et c'est pourtant d'un chat qu'il semble avoir hérité des attributs. Je remarque alors la queue qui danse maintenant derrière lui. Définitivement un vrai petit chat...

Je n'ai pas répondu et voila qu'il se cache le visage dans ses mains et je vois son dos tressauter comme s'il pleurait. J'entends son chagrin bien plus que je ne peux le voir et je sens mon cœur se serrer. Je déteste le voir ainsi, je déteste le voir triste et non plein de vie et de joie comme j'en ai l'habitude. Ce n'est pas juste.

« Hélios tu n'es pas un monstre, tu n'es pas un monstre ni pour moi ni pour les autres. Hélios, regarde moi, tu es magnifique »

Doucement je prends ses mains dans les miens et je les écarte pour voir son visage. Je laisse retomber ses mains et je prends son visage en coupe sans cesser de le regarder, cherchant à se qu'il se concentre sur moi, sur ma voix douce et calme.

« Tu es magnifique et je suis là »

Je n'étais pas parti en courant, je n'avais pas tenté de l'enfermer, de lui mettre une chaine ou de le blesser en lui jetant des objets. Je l'avais juste... caressé ? J'imaginais que ce n'était pas un crime et vraiment je ne détestais pas son apparence, au contraire, je le trouvais charmant ainsi et comme pour le lui prouver, je pris ses lèvres dans un baiser. Un baiser calme, empli de douceur... de tendresse. En même temps je passais ma main dans ses cheveux et caressais sa tête, ses oreilles par là-même.

« Hey c'est pas grave »

Je ne sais pas s'il s'excuse pour son absence ou pour m'avoir grogné dessus à moins que ce ne soit pour un peu des deux. J'avoue que je ne sais pas comment j'aurai réagi si cela m'était arrivé et que j'avais été humain. Si j'avais été transformé sans prévenir, sans que je ne le veuille et sans que ce soit de ma faute, ou plutôt de celle d'une malédiction quelconque. Lui semblait s'être changé par hasard et c'était sans doute le plus perturbant pour lui. Il avait pensé tout perdre, mais je n'étais pas certain que dans ce monde sa nouvelle apparence serait un frein... J'imaginais que peu importe le monde, de toute manière, s'il se sentait soutenu, il s'en sortirait. Avait-il eu peur que je le rejette moi-même ? A n'en pas douter de ce que je pouvais constater car à nouveau il me répétait m'aimer.

« Tu ronronnes ? »

L'entendre ronronner me faisait plaisir, j'avais l'impression qu'il se sentait bien et c'était une preuve bien plus certaine que s'il me l'avait simplement dit. En cela je me disais que sa nouvelle forme pouvait être un avantage. Pour le reste, elle ne me dérangeait pas, je le trouvais même mignon ainsi et j'osais même penser que cela lui allait bien.

Il se frotte à moi et par réflexe je me mets à lui caresser à nouveau la tête.

« J'étais inquiet que tu ne me répondes pas, quand est-ce arrivé ? Pourquoi tu n'es pas venu immédiatement me trouver ? Hélios... »

Dans ma voix perce certainement de l'attention à son égard, un reste d'inquiétude aussi. Il a beau être là, je ne suis pas encore totalement serein et de ce que j'ai compris à mis mort, il a voulu une nouvelle fois s'éteindre, ne plus être dans cette vie... Je n'aurai sans doute jamais su si cela était arrivé. Personne ne sait vraiment que nous nous connaissons, que nous nous... fréquentons ? Je crois que c'est le mot. Peu à peu je me suis attaché à ce petit être collé à moi, et j'éprouve une affection certaine pour lui même si je n'ai pas encore mis de mots véritables dessus.

« Tu peux rester aussi longtemps que tu voudras, je préfère te savoir avec moi, près de moi, qu'en danger potentiel dehors. Aussi étrange que cela peut te paraître, tête de mule, je tiens à toi et je n'ai pas envie que tu disparaisses »

Je le grattouille derrière ses oreilles de chat tout en me demandant s'il a les mêmes points sensibles que ces si magnifiques félins. Intrigué et curieux je m'empare de sa queue de chat et je la suis sur sa longueur avant de grattouiller à sa base, sous son pull, ma main presque glissée dans son pantalon qu'il me semble avoir troué.

« Tu sais moi je trouve que ça te va bien... ça te donne un certain charme, je crois que j'aime bien le nouveau Hélios, tu ne devrais pas tant t'en faire, je suis certain que même ton agence te fera poser ainsi. Tu es magnifique Hélios et ça n'enlève rien à ta beauté, au contraire »

« Si des gens veulent te faire du mal, je serai là pour te protéger, chaton »

Le surnom m'a échappé. Je ne sais si ce n'est pas trop tôt de le nommer ainsi ni si au vue de ses nouveaux attributs, il ne va pas mal le prendre. J'avoue que je n'ai pas réfléchis. Ce nom, ce mot a franchi mes lèvres sans que je ne prenne le temps d'y penser et dans l’expectative, je suspends mes caresses sur sa tête.

« Tu n'es pas tout seul, Hélios, tu le sais non ? Il y a des gens qui tiennent à toi, qui s'inquiètent pour toi. Je tiens à toi »

Le regard qu'il porte sur moi pourrait sans doute réchauffer un iceberg. Ses joues rougies par la gène, son regard brillant d'avoir trop pleuré, sa bouche gonflée... Je dirai presque qu'il est un appel à la luxure, une pure tentation pour moi. Ma main à la base de sa queue féline semble lui faire du bien car je sens sur moi son étreinte se resserrer et sur mes lèvres, les siennes se poser.

« Je n'ai aucune envie de te faire dégager... J'ai plus envie de te déshabiller »

Je lui souris mutin. Je ne sais s'il l'accepterait étant donné qu'il y a quelques instants encore il n'acceptait pas son corps félin. Ou plutôt ses attributs, du moins le peu que j'en ai vue, à savoir ses oreilles et sa queue. Je me demande si le toucher, lui montrer que je veux de lui tout entier, malgré son aspect modifié, ne pourrait pas contribuer à le faire s'accepter... Et puis j'avoue que son corps sous le mien, mon corps dans le sien, m'a manqué.

Ma main délaisse la base de sa queue féline ou plutôt reste en place mais s'immobilise à cet endroit si précis.

« J'ai l'impression que tu es vraiment sensible ici maintenant, je me demande si tu es plus sensible ailleurs aussi »

Je crois qu'il se détend un peu même si je suis certain qu'au fond de lui il ne doit pas être certain de lui et de ses atouts. Il est mignon ainsi, gêné, adorable, à se déshabiller devant moi. Je laisse mon regard courir sur son torse pâle, m'attardant sur ses tétons rosés, la limite de son pantalon... puis je remonte vers son visage de peur de le voir à nouveau anxieux. Je ne veux pas qu'il se sauve, j'ai comme l'intime conviction que si je le laissais partir maintenant, que je ne le reverrai plus jamais.

il s'ébroue, il se tord, je crois qu'il s'observe et qu'il a besoin de ça alors je le laisse faire, un petit sourire aux lèvres sans cesser de le regarder.

« Tu n'as pas changé Hélios »

Je me redresse et j'attrape ses mains avant de me jeter dans le canapé en face, l’entraînant avec moi, le faisant basculer sur moi. Je vois sa queue qui s'agite et quelque peu taquin, je l'avoue, je m'en empare et je la caresse. Je sais que certains chats n'aiment pas cela parfois car c'est trop sensible, mais des endroits sensibles d'Hélios, c''est justement ce que je cherche. Je veux lui faire oublier qui il est, à qui il ressemble, juste pour qu'il puisse s'accepter... aimer ce corps qui le perturbe tant.

« Je veux tout voir de toi, chaton »

Cette fois mon surnom est intentionnel puisque cela ne semble pas lui déplaire et mon sourire est tendre à son égard. Ma main qui n'est pas occupée avec sa queue féline caresse ses tétons pour les faire durcir et sous mes doigts je les fais rouler.

« J'aime ton corps, j'aime tout de toi »

Je remplace ma main par ma bouche, cueillant cette offrande qui dansait sous mon nez. J'ai envie de le toucher, de le faire mien, encore.

« Tu m'as trop manqué, j' ai envie de toi »

Je m'empare de son autre téton de ma bouche aventureuse. Une chose est certaine, je suis très loin de le laisser partir, de le laisser encore me quitter sans nouvelles.

Brave petit chat câlin. Il ne semble plus désormais avoir l'envie de me mordre, j'ai plus l'impression qu'il a envie soudainement de fusionner avec mon corps. Ses gémissements, il ne les retient pas, sous mes doigts, je le sens s'abandonner. Je ne peux manquer ses griffes qui sortent de ses doigts et entrent dans mon canapé mais il n'est pas l'heure de s'en soucier, le voir ainsi me donne des idées...

Son corps qui se frotte contre le mien me fait bander. Je ne peux manquer son propre désir contre le mien tenter de s'évader. Son sexe frotte contre le mien à travers nos tissus et je suis presque transporté. Son haut déjà a été évacué tout comme le mien désormais et ma main enlace son pénis dressé à travers son bas bien trop évasé. Je le serre, je le frotte de ma main.

« Excité, Chaton ? »

Je souris malicieux. L'ambiance n'est plus à l'angoisse et la lourdeur. Dans l'air flotte sans doute toute notre excitation. J'ai chaud et je suis certain que mon jeune compagnon doit être aussi dans le même état. Je le trouve beau ainsi, les joues rougies, le corps dans l'attente, les lèvres entrouvertes. Je ne peux m'empêcher de les ravir encore et encore, de franchir la barrière de ses lèvres, de le rendre passionné.

Contre ma main il tente désespérément de se frotter. Encore un peu et je le penserai en chaleur mais c'est impossible n'est-ce pas ? Je glisse mes doigts sous la barrière du tissu et je tire son sexe à l'air libre pour le titiller du bout des doigts. Il est déjà luisant, j'aurai presque envie de le goûter. Mais ce pantalon me gène... cet horrible pantalon, je lui retire sans plus attendre pour remarquer qu'aucun sous-vêtement ne s'offre à ma vue. Je souris intrigué. Est-ce à cause de sa nouvelle queue qu'il n'a pas pu ? Peut-être... cela m'arrange et m'excite au plus au point en réalité. Moi j'ai toujours mon bas mais lui est désormais entièrement nu et... j'ai vraiment envie de lui.

Ma main se pose cette fois pleinement sur son sexe et le regard plongé dans le sien, je commence mes vas-et-viens.

« Dis moi ce que tu ressens, Hélios »

Ma voix est quelque peu rauque en cet instant. L'envie, l'attente ou le désir de lui ? Je ne saurai le dire.

« Oh je te donne chaud ? Intéressant »

Il est plus agile que je le pensais et bien plus conscient aussi car il parvient à m'enlever mon pantalon alors qu'il est allongé sur moi. Je crois qu'il doit se trouver quelque part entre la table basse et le tapis. Je ne sais et à vrai dire je ne m'en préoccupe nullement.

Seul son corps contre le mien, en cet instant, m'est important. Les mouvements de son sexe tendu contre le mien me font frémir et je ne peux retenir l'expression de mon propre désir qui se développe dans mes sous-vêtements. Cette barrière m'irrite d'ailleurs.

Ses baisers se font de plus en plus enfiévrés, moi aussi j'ai chaud, et j'ai envie de lui, je me relève un peu du fauteuil afin de pouvoir faire glisser mon boxer le long de mes jambes et d'un mouvement sec, je l'envoie valser. Lorsque mon sexe entre en contact avec le sien, cela en devient électrisant. Je lui tends deux doigts devant sa bouche :

« Lêche, chaton, je ne veux pas te faire mal »

Et pourtant je voudrais ne pas attendre plus, juste le prendre maintenant, sans attendre, mais je sais que ce ne serait pas correct, pas dans ces circonstances, pas alors qu'il me semble avoir plus besoin d'affection et de tendresse que de baise pure et sauvage. Je me trompe peut-être, mais je veux juste qu'il soit bien, qu'il se sente bien... Qu'il oublie ses soucis et ses mauvaises pensées de ces derniers jours où nous ne nous sommes pas vus.

Ses griffes légères sur mon torse me donnent des frissons, j'ai presque envie qu'il soit plus sauvage, qu'il les enfonce vraiment mais il est étonnamment doux. Après chacun de ses passages, je sens ma peau brûler en réponse, et la chaleur en moi monter.

« Tu es mien, Hélios, ne t'avise jamais de l'oublier »

Et je prends avec possessivité sa bouche alors qu'il s'empale de lui-même profondément sur mon pénis érigé. Je laisse échapper dans l'union de nos langues un gémissement des plus puissants. La sensation est exquise.

Je m'enfonce en lui de plus en plus rapidement, laissant progressivement la vague du plaisir monter et s'accumuler en moi. Je sens comme une boule de chaleur en mon cœur, je me sens si bien, si complet. Je pense que si quelqu'un tentait de me prendre Hélios en cet instant, je le détruirai en un instant. Ce petit chat étrange est mien, juste mien. Je crois que je commence à devenir possessif envers lui.

« Hélios...  »

J'ai envie de le marquer... Il serait peut-être temps que je lui dise la vérité sur mon identité mais pas maintenant, pas aujourd'hui, pas alors que sa confiance en lui est encore si fragile... Peut-être à l'occasion d'une balade en mer ? Un moment rien qu'à deux en bateau, une balade dans l'océan... Aller dans l'eau en cette saison serait sans doute pour lui trop dur avec le froid, j'en ferai presque la moue. Le prendre sous l'Océan.

Mes pensées s'envolent alors que je me reconcentre dans le moment présent, accélérant mes coups de butoir. Je m'empare alors de son bâton dressé et de ma main je tente de le faire me céder.

Je crois que mon petit chat a perdu pied quand je me suis emparé de son sexe dressé car dans ma peau ses griffes se sont enfoncées me faisant le pénétrer bien plus brusquement encore que je ne l'aurai pensé. La douleur et le plaisir mêlés, une combinaison des plus redoutée.

Je le vois lécher ses doigts et sur ceux-ci mon sang. La scène bien que des plus étranges a ceci d'érotique qu'elle me met presque en transe alors que je le regarde faire. Son baiser au gout de fer qu'il m'accorde ensuite n'est que le témoin sauvage des coups que je lui donne ensuite au fond de lui. Tentant à chacun de mes mouvements d'heurter en lui ce point si sensibles que les scientifiques de ce monde appellent prostate.

« Je suis à toi »

Ces mots je les ai prononcé en réponse sans en mesurer la portée. Je suis pris dans le moment présent, dans ce corps qui m'enserrent et m'enivrent, sous la sensation de ses doigts ancrés dans mon dos... en cet instant je ne vois plus que lui, je ne pense plus qu'à lui. Je le vois perdre toute notion de retenue et je me perds aussi dans les sensations vibrantes de notre union. Et c'est dans un dernier cri que je m'abandonne totalement en lui.

« Ne t'en fait pas, c'est oublié, j'espère juste que tu pourras un jour avoir confiance en moi »

Je souris en le regardant éperdu dans mon canapé et je lui vole un baiser en resserrant mon étreinte sur lui. Je me demande comment il réagira en apprenant un jour que je suis, que j'ai été un dieu, un dieu qui était connu et vénéré de son temps. Sur son ventre, son tatouage de trident... Je me suis toujours demandé pourquoi il l'avait fait... J'ai comme l'impression d'avoir ma marque sur lui, qu'il m'était destiné. Je caresse ce tatouage du bout des doigts, pensif.

« Je ne t'ai jamais demandé, ce tatouage... pourquoi ? Que représente-t-il pour toi ?  »

Un peu curieux ? Je pouvais l'avouer. J'imaginais bien que cela n'était pas par rapport à moi puisque je ne lui avais jamais dit qui j'étais vraiment, et surtout qu'il l'avait fait sur son corps bien avant que nos chemins se croisent, mais.. peut-être était-ce en rapport avec ma réelle identité ? Quelque chose de plus profond que je ne pouvais imaginer ?

Je caresse le bas de son dos, m'attardant au commencement des queue féline. Je laisse courir mes doigts à cet endroit... Je me demande si cela va encore le transporter... l'exciter. Je souris. Je suis si bien.

« Ne cherche plus à te cacher  »

Du moins pas de moi... parce que j'avoue que je n'ai plus envie de le laisser partir et s'il tente encore de se dissimuler à moi, je crois que je tenterai de le retrouver par tous les moyens, jusqu'à raser cette ville s'il le faut... Je me sens quelque peu possessif alors que je le sens serré contre moi et je ne sais pas pourquoi.

« Poséidon, humm ? »

Je souris sibyllin. C'est presque un signe du destin mais je ne suis pas certain en cet instant qu'il puisse assimiler l'être que j'ai été. Je pense qu'il doit d'abord apprendre à s'accepter lui-même avant de découvrir qui je suis. J'espère juste qu'il ne le prendra pas mal que je lui ai caché quand il le découvrira.

« Je t'ai dit que tu pouvais rester. Si tu te sens protégé lorsque tu es ici, reste. J'espère juste que tu pourras avancer bientôt comme avant la tête haute. Tu n'as pas à avoir honte de ce que tu es  »

Je passe ma main sur toute la longueur de sa queue féline machinalement avant poser ma main sur sa cuisse, presque à l'intérieur. Je remarque qu'il commence à nouveau à s'éveiller mais je ne dis rien, tendant juste les doigts pour l'effleurer sans avoir trop l'air d'y toucher. J'ai l'air innocent en cet instant, mais il est certain que je ne le suis pas. Je me demande s'il va croire en mon innocence apparence, croire que je n'ai rien remarquer de son nouvel émoi.