Eau tranquille est souvent profonde | Maëllis Laophis

PSEUDO: merle. ; ÂGE: Joker ! ; PRÉSENCE SUR LE FORUM : autant que faire se peut ; NIVEAU DE PUISSANCE (0 ou 1) : 1 ; UN DERNIER MOT ? Sushi !

On m’appelait Ondine autrefois. Je vivais dans la mer avec mon père, le Roi, ma grand-mère et mes cinq sœurs. J’étais une princesse du monde sous-marin, j’avais une vie pleine de rêves et d’insouciance. Mais le jour de mes quinze ans, la tradition veut qu’une sirène remonte à la surface pour découvrir brièvement le monde de la terre. J’y ai vu un beau navire, ses voiles blanches se gonflant élégamment sous le souffle du vent. Sur ce magnifique bâtiment, il y avait un jeune homme d’une beauté qui pourrait faire pâlir le soleil de jalousie, qui éclipserait la lune. J’ai senti mon cœur s’envoler vers ce prince terrien. Une tempête se déclencha alors que je m’approchais le plus discrètement possible du vaisseau. Tout s’est passé si vite, j’ai réagi sans même réfléchir, sans même penser que cet acte allait ruiner ma vie irrémédiablement. J’ai ramené cet ange de beauté jusqu’au rivage le plus proche, espérant de toute mon âme qu’il s’en sorte vivant.

Bien malgré moi, malgré les consignes, je suis restée à son chevet jusqu’au petit jour. J’aurais aimé qu’il me voit, j’aurais aimé lui avouer que je venais de le sauver mais, une jeune femme magnifique, est sortie de nulle part. Elle a été la première personne qu’il a vu quand il s’est réveillé. Il était évident que sa venue avait éclipsé mon existence. Je suis rentrée chez moi, bien triste mais aussi, perturbée… Je suis allée demander conseil à ma grand-mère quant au fait que les humains soient si fragiles. Elle a attisé ma curiosité en m’avouant que, même s’ils les humains vivaient moins longtemps que nous autres les sirènes, leurs âmes, elles, étaient éternelles. Je me suis surprise à en être un peu jalouse, moi aussi je voulais une âme éternelle. Ma grand-mère m’a donné la solution à ce problème : il fallait que je séduise un homme, qu’il m’aime et que je l’épouse ; ainsi, j’aurais moi aussi, une âme éternelle.

Sans le consentement du Roi, mon père, je suis allée rendre visite à la sorcière de la mer, avec en tête mon idée de conquérir ce prince que j’avais sauvé d’une mort certaine. J’y ai perdu ma voix mais, j’ai gagné des jambes après avoir bu le filtre que l’on m’avait fourni. Je savais que chaque pas serait une torture mais, ça en valait le coup. Après tout, qu’est-ce que la douleur physique quand on a une âme éternelle ? J’ai perdu connaissance mais à mon réveil, le prince était là. J’étais heureuse de voir que mon sort l’inquiétait au plus haut point. Je l’ai suivi jusqu’à son beau château. Notre lien s’est tissé au fil des jours, nous étions ensemble. J’entrevoyais ma récompense quand tout s’est effondré. Ses parents l’ont contraint d’épouser une autre jeune fille, une princesse malgré son envie de devenir mien. J’étais désespérée et je n’étais pas au bout de mes peines… La jeune princesse qu’il devait épouser, était celle qu’il avait vu à son réveil après le naufrage du navire. Je ne faisais clairement pas le poids. Je savais que j’allais mourir et retourner à la mer.

Dans la nuit sombre, mes sœurs sont apparues à la surface avec une solution pour me sauver : tuer le prince que je chérissais tant pour rentrer chez moi saine et sauve. N’importe qui se serait laisser tenter mais pas moi. Dans un dernier élan d’amour, j’ai préféré mourir avant l’aube. Au lieu de devenir écume, je suis devenue vent car j’avais préféré me sacrifier plutôt que de tuer un innocent.

Aujourd’hui, je me nomme Maëllis et je suis à Mirapolis depuis un an et demi déjà. Je ne suis plus la petite Ondine que j’étais, avec dix années de plus, il est bien normal qu’un changement s’est fait. Je suis une jeune de vingt-cinq ans, travaillant comme serveuse dans un café réputé de la ville. J’ai une vie décente, un logement correct et des amis présents et avenants. Dire que je suis heureuse, serait un mensonge. Dire que je suis triste, le serait aussi. Dire que je suis à plaindre, ce n’est pas envisageable. J’ai eu la chance de renaître sur la terre, et bien que je n’ai aucune famille, je suis reconnaissante. Je suis reconnaissante que mes actes passés ont abouti à cette fin. Je suis une humaine tout ce qu’il y a de plus normale. Le seule souvenir physique que j’ai de mon ancienne vie, ce sont trois écailles sur ma hanche gauche, que je cache aux yeux de tous. Je veux éviter les questions indiscrètes. J’avance à mon rythme même si je n’ai pas encore totalement fait le deuil de ma première vie. Je me dis que ça aurait pu être pire. Que j’aurais pu revivre en boucle les évènements passés. Je ne sais pas pourquoi on m’a ramené. Je ne sais pas pourquoi on a choisi cet endroit pour ma renaissance. Je ne sais rien des plans des dieux et c’est très bien comme ça.

Bien sûr, il arrive des fois que je m’effondre, que je perde pieds dans cette nouvelle réalité. Qui ne serait pas comme moi ? Je ne suis pas vraiment forte. Je ne suis pas vraiment combative. Je me contente d’accueillir chaque jour qui passe avec le sourire. Un sourire, ça ne coûte rien mais, ça peut être beaucoup pour quelqu’un. Peut-être qu’à force de sourire, je serais libérée des démons de mon passé. Je veux profiter pleinement de cette seconde chance malgré les épreuves qui se dresseront sur ma route. Je veux prendre ma revanche, oui, voilà. Je veux prendre la revanche que je n’ai pas su prendre la première fois. Je suis prête à tout pour ça, pour être enfin heureuse. Peut-être que je trouverais mon prince dans cette nouvelle vie. Peut-être que je fonderais une famille. Vieillir en compagnie de l’être aimé, est un de mes rêves absolus. J’essaye d’être optimiste mais, la noirceur est toujours là…