Les petits poissons dans l'eau, nagent, nagent tous en rond | ft. Alessandro Thelxinoé

Je crois que je ne suis pas assez convainquant que pour lui faire promettre de vivre mais en même temps quelle force pourrait avoir la parole d'un simple inconnu pour lui ? J'imagine que je devrai me contenter de sa réponse. Elle est mieux qu'un non.

Je hoche la tête lorsqu'il me dit sa taille sans commenter. Je ne sais pas ce que je pourrai lui dire à ce sujet. Je ne suis pas marchand de chaussure et j'avoue que j'ignore si sa taille est normale ou non pour son âge ou son sexe. Je ne connais même pas son âge d'ailleurs. Je regarde les différents modèles que nous avons et je sélectionne des claquettes dauphins qui ne semblent pas trop... kitchs. Du moins je l'espère.

Spoiler:

« Essayez ceci peut-être ? »

Je lui dépose la paire devant ses pieds et je ne peux manquer de voir combien ils sont abîmés. Je me demande combien de temps il a pu marcher sans chaussure mais je pense que pendant quelques jours, lorsqu'il sera rentré, qu'il aura bien du mal à se déplacer. Je me demande s'il prendra en compte sa santé ou non... J'imagine que je ne suis pas censé m'en préoccuper. Après tout, pour lui je ne serai sans doute demain qu'un souvenir.

« Il y a d'autres modèles, si vous préférez quelque chose de plus doux ou coloré je peux regarder... On va déjà voir si la taille vous convient »

J'espère que la lanière ne va pas lui faire mal entre ses doigts de pieds. Je pense qu'il n'est pas blessé entre ses doigts mais je n'ai pas été vérifier...

Je l'ai vu grimacer un peu en mettant ses chaussures mais il ne dit rien et fait quelques pas. Ses pieds ne dépassent pas, cela me semble correct.
Il veut en fabriquer ? J'ignore s'il sait vraiment comment on trouve ce genre de matière et comment on les réalise mais si cela peut lui donner un but, je ne peux que trouver cela positif. Seulement le faire lui-même à la main impliquerait un prix de vente bien plus élevé que la main d'oeuvre bon marché des usines de ce monde. Je n'ai pas envie de le décourager.


« Il doit être là, nous allons aller voir devant »

Effectivement à peine sorti nous ne pouvons manquer le noir avec son enseigne lumineuse portant le mot taxi. Je lui fais un signe de reconnaissance et il sort de la voiture pour venir nous ouvrir la porte.

« Votre taxi Monsieur Hélios, il vous conduira là où vous le souhaitez »

J'échange quelques mots avec le chauffeur pour lui indiquer que je payerai la course et je lui donne un bon afin qu'il puisse me faire parvenir sa facturation. Je me tourne alors vers Hélios et je lui fais un doux sourire.

« Monsieur Hélios c'est donc ici que nos chemins se séparent, j'espère que tout ira bien pour vous. Prenez soin de vous et bon retour chez vous »

Je lui tends la main pour prendre congé de lui et puis je le laisse monter dans le taxi. Lorsque celui-ci a tourné au bout de la rue, je tourne les talons et retourne à l'intérieur de l'établissement. La journée est loin d'être terminée pour moi. En poussant la porte de la boutique à nouveau, je ne peux m’empêcher de penser au jeune homme que je viens de laisser partir. J'espère que tout ira bien pour lui dorénavant.

The End.