Longue journée aujourd'hui ce qui était assez étonnant pour un jeudi qui ne couvrait pas une fête. Je n'avais pas arrêté. Des bouquets, deux gerbes de fleurs et de nombreuses ventes. De plus j'avais été tout seul toute la journée et je déplorais de trouver un jour un apprenti intéressé par la vente des fleurs, leur entretien et la conception de bouquet.

Enfin je tourne la clé dans la serrure. C'est terminé. Je soupire, je ne sais pas si je suis soulagé que cela s'arrête ou quelque peu déçu que le mouvement se termine. Pensif je caresse un instant mon comptoir en bois vernis de la main et je me mets derrière la caisse pour la compter. C'est sans doute la partie que j'aime le moins dans mon métier. Métier, je ne pensais pas utiliser un jour ce mot pour définir mes activités. Je n'avais jamais considéré ma nature de dieu auparavant comme un métier, je faisais juste ce qui devait être fait, je vivais selon mes désirs, mes envies et... le rythme de la nature. Avoir un horaire, une vie limite bien rangée, c'était difficile pour moi.

J'avais envie de mouvement, de rires, de fêtes et de chants. De voir des gens s'amuser, boire, faire des folies... J'avais envie de voir des gens vivre tout simplement.
Caisse terminée, magasin nettoyé pour demain, lumière éteinte, porte fermée. Direction l'étage pour prendre une douche et se préparer. J'avais prévu ça quand j'avais lancé la boutique afin de ne pas devoir repartir au milieu des bois avant de sortir.

C'est ainsi que j'arrivais devant un bar dit branché alors que seulement dix-neuf heure venait de sonner à l'église de la ville de Mirapolis. Je poussais la porte et entrait. Quelques tapes occupées mais rien de folichon, un homme au bar et... le barman bien sûr. J'étais presque déçu mais j'étais sans doute un peu trop tôt. La soirée venait seulement de commencer.

Je pris un tabouret à côté de l'inconnu et le saluait d'un signe de tête avant de commander au barman.

« Un sex on the beach, s'il vous plait »

J'avoue... ça aurait été même tentant du sexe sur la plage, dommage que ce n'était que le nom d'un cocktail. Mon verre fut posé devant moi et j'en profitais tout en prenant la première gorgée par observer l'homme à mes côtés. Visage fin, aspect jeune, il me semblait... pensif. Je me demandais ce qui pouvait bien passer par son esprit. S'ennuyait-il tout comme moi pour venir seul se perdre ici ou attendait-il quelqu'un ? Je lui souris alors que je surpris son regard sur moi. Un sourire chaleureux, et presque trop ouvert.

Il me donne du ' Messire ' et je dois dire que cela me surprend. J'ai toujours vécu avec mes petites gens et autrefois on ne donnait pas vraiment du messire à chaque inconnu et encore moins autour d'un feu ou de quelques brebis. Je me demande quel genre d'homme il a pu être dans une autre vie car il semble en avoir eu une, de vie, avant. Il ne semble pas être un de ces reflets que je rencontre parfois au détour d'un bar ou d'une ruelle depuis que je me suis réveillé ici. Une chose bien étrange d'ailleurs que ces reflets. Je me demande ce que l'être qui les a créé pouvait bien avoir en tête en les imaginant.

Il me touche du bout des doigts et je le regarde en penchant la tête un peu de côté, telle une chouette un peu trop curieuse.

« Vous voulez me toucher ? Il suffit de demander »

Je ris. Il est plutôt bien fait de sa personne et je crois que le toucher ne me dérangerait pas. Je suis presque certain qu'il ne pensait pas à ce dont je pense en cet instant, mais qui ne tente rien n'a rien et c'est après tout lui qui a fait le premier pas. Je me dis qu'on ne sait jamais et qu'il est peut-être ouvert aux expériences.

« Je vous assure que tout ce qui fait de moi ce que je suis est réel. Je m'appelle Silène et vous ? »

Qu'il est étrange de prendre un autre nom, mais être Pan dans cette réalité aurait sans doute été encore plus étrange. Ici tout le monde semble se cacher et je ne suis plus aussi puissant que je l'étais dans le temps, je le sens dans mes os et dans mon corps, comme un pouvoir latent, un pouvoir qui attend. Je me demande si un jour je redeviendrai celui que j'ai été ou si je resterai à jamais cet homme-ci. Dans le miroir derrière le barman, je regarde un instant mes traits. Ils sont jolis je pense, mais je crois que mes cornes me manquent un peu, et mes sabots aussi.

Il rougit et se rétracte, c'est presque dommage. Mignon mais dommage. J'en ai connu des hommes qui ne pensaient pas aux hommes et qui avaient fini par virer leur cutie. Je n'imaginais pas qu'il put ne jamais rien avoir connu que ce soit dans cette vie ou dans l'autre. Après tout, ces choses-là ne se sentaient pas.

« Oui, intéressant »

Je le vois prendre des notes et je le regarde intrigué. Je crois que c'est la première fois qu'on note ce que je dis quand je ne donne pas cours ou que je ne dicte pas les paroles ou les notes d'un air. Je me demande ce qu'il peut bien noter. Mais il est toute à fait possible et probable que cela n'ait rien avoir avec moi. Il est étrange de travailler au coin d'un comptoir, mais j'imagine que cela est tout à fait possible. Il pourrait être écrivain ou journalise après tout. J'attends sagement qu'il se reconcentre sur moi si d'aventure il en a envie et heureusement il ne tarde pas.

« Moi de même, je suis enchanté de vous rencontrer, Aldaron »

Encore du Messire, j'ai presque envie de lui dire qu'il n'y a pas besoin du messire entre nous mais j'ai peur de le voir alors s'évanouir. Il me semble assez à cheval sur les conventions. Je me demande s'il est aussi rigide sur les lois et les méthodes au lit. Il serait presque intéressant de le voir perdre son air guindé... Décoiffé et les joues rougies, je pense qu'il pourrait être très beau et des plus désirables.

« Que buvez-vous de bon ? »

Je ne connais pas encore tous les alcools modernes. Autrefois je crois que je les connaissais tous, j'étais de bien des fêtes, et puis le temps avait passé et de part mon apparence je n'avais pu me mêler aux fêtes humains aussi facilement que je le voulais... oh je n'avais pas toujours été ermite, bien sûr, mais avec les années... j'avais dû être de plus en plus prudent... Heureusement les bergers et les voyageurs n'avaient jamais cessés d'exister.

Voyant qu'il a déjà bien entamé son deuxième verre d'alcool, je fais un signe au barman pour qu'il lui en resserve un autre. Je suis bon prince et j'ai envie de le connaître. Je ne suis pas venu ici pour rester seul dans mon coin et il semble pour l'heure être le seul être ici à ne pas être accompagné.

« C'est pour moi, mais dites-moi, j'espère que je ne vous accapare pas, vous n'attendez personne ? »

« Ah oui j'ai déjà goûté, c'est une boisson au goût intéressant »

Goût intéressant, mais effet traitre. Je me demandais s'il en avait connaissance mais je me gardais bien de lui en faire la remarque. Il était grand et capable de faire ses propres choix d'après moi et l'ivresse avait toujours fait partie des nombreuses fêtes que j'avais connu par le passé alors c'était bien loin de me choquer.

« Qu'importe le flacon pour peu qu'on ait l'ivresse »

Je souris, il semblait tellement sérieux, mortellement sérieux. Je me demandais s'il avait déjà connu les fêtes qui ne finissaient pas et duraient des jours entiers, l'alcool, les étreintes, le plaisir. Il me semblait ne penser qu'au travail et si c'était loin d'être une tare, je me demandais si sa vie n'était pas pleine d'ennuis.

« Votre réputation ? Vous êtes quelqu'un de connu ? »

Il en notait des choses encore et encore et je le regardais faire. Il avait une jolie écriture de ce que je pouvais voir mais je ne tentais pas de lire ses notes.

« Vous en écrivez des choses ce soir »

J'avais presque l'impression que son carnet était plus important que le monde tout autour. Je me demandais si un verre de plus pourrait l'ouvrir un peu plus. J'avais envie de lui ôter son petit air si sérieux et si droit de son visage. Je l'imaginais les joues rougies étendus sur ma couche, les lèvres entrouvertes en un appel aux baisers et ses cheveux éparpillés sur l’oreiller. Il serait tellement mieux.

Cela dit je pouvais peut-être l'aider à se détendre un peu et dans l'air je laissais s'échapper à son intention un parfum d'excitation et de désir.

« Dans un monde aussi fou que celui-ci, ce doit être intéressant »

Un psychologue, j'imaginais cette profession comme un philosophe des temps modernes, ou une sorte d'oracle. Autrefois j'avais été ce qu'on appelait un visionnaire, un augure. J'en avais proclamé des visions du futur, mais aujourd'hui, dans les embruns des encens et de la fête, je ne voyais plus rien si ce n'était ce qui était vraiment.

« Vous devriez apprendre à vous laisser aller, ça fait du bien parfois de se laisser simplement porter par le courant »

Ainsi il sentait quelque chaud d'étrange, et sans doute de chaud, dans le creux de ses reins ? Etonnant... Je souris. J'avais bien envie de lui montrer comme cela pouvait être bon de se laisser porter par ses sensations et ses envies mais je sentais confusément que pour lui il faudrait certainement du temps. Il me rappelait l'une de mes amies du passé... Circé sur son île solitaire qui jamais n'avait connu la passion. Je me demandais si elle y vivait encore aujourd'hui... ou si comme les autres elle avait été happée par le sommeil ou le destin.

« Vous prévoyez et analysez bien trop de choses, laissez-vous aller »

Je posais mes mains sur les siennes pour les interrompre et je les caressais avant de lui glisser son nouveau verre dans les mains.

« Détendez-vous, ne pensez à rien, pas même à demain et juste profitez de l'instant présent. Carpe Diem »

Sourire plein de chaleur, et joie dans mes yeux. J'avais l'impression d'avoir trouvé un nouveau jeu et j'avais vraiment hâte de l'initier à la philosophie du lâcher prise. Cet homme, j'en étais sûr, devait être bien trop stressé et trop tendu, il avait besoin d'amusement et de folie dans sa vie, il avait besoin de vivre tout simplement.

« Vous vous posez beaucoup trop de questions Aldaron »

« Le meilleur moyen de faire cesser la tentation, c'est d'y succomber »

En l'entendant, je le trouvais terriblement innocent. S'il voulait un guide pour profiter de la vie, je voulais bien devenir le sien. Un homme qui n'avait jamais rien connu, cela faisait bien longtemps que je n'en avais vu. Cela me ramenais des années en arrière, presque des dizaines d'années. Je ne savais s'il voulait de moi en mentor, mais moi ça me tentait bien.

« Si vous le souhaitez je peux être votre guide ? »

Mettre sa conscience en pause le temps d'une soirée ou de bien plus. Profiter de la vie pour moi ce ne devrait pas être que le temps d'une soirée mais je supposais que pour débuter, une soirée c'était déjà bien.

« Un petit peu à la fois et... commencez déjà par ne plus tout noter »

Je gardais le sourire mais j'avoue que j'avais un petit air des plus malicieux alors que je rapprochais un petit peu mon tabouret du sien.

« Appelez-moi Silène, et non Messire. Dans ce monde ce terme n'est plus utilisé vous savez, les gens risquent de vous regarder étrangement et puis c'est bien trop guindé »

Je le vois boire cul sec et je souris. Personnellement malgré ma bonne descente, je crois que je n'aurai pas bu aussi vite mon verre de mojito... Mais s'il était vraiment nouveau des us-et-coutumes, il ne le savait peut-être pas.

« Doucement mon joli, c'est traître le mojito. Il faut le savourer, c'est comme un homme... »

Je souris et je commande un deuxième cocktail pour moi ainsi qu'un nouveau verre pour mon ami. Je le regarde puis après une pause d'un instant :

« Et à part le travail, vous avez des passions ? »

Je ris quand il me demande si je ne suis pas cannibale, je ris vraiment et de bon cœur. Des hommes j'en ai certainement mangé des centaines au cours de ma vie mais pas de la manière dont il l'entend. Je crois que je n'avais pas idée de oh combien il pouvait être innocent. Il me fait vraiment penser à ces jeunes bergers qui étaient parfois envoyés bien loin de leur maison, dans les pâturages que j'aimais et qui ne connaissaient rien du monde et de la vie. Il me semblait si pur et si innocent. Il me plaisait.

« Humm non, pas de cette façon là, je vous montrerai à l'occasion »

Je lui fais un petit clin d’œil et je me permets d'effleurer sa cuisse de ma main.

« J'aime la viande mais je n'ai jamais mangé d'êtres humains »

* Du moins pas comme vous l'entendez *

J'en avais tué par contre et servis d'autres en pâture  aux animaux qu'ils voulaient atteindre ou chasser. Je ne pouvais dire que j'avais toujours été doux dans ma vie, mais je n'avais en tout cas jamais pris la peine de manger un homme autrement que pour le plaisir.

« J'ai toujours aimé la musique, je l'ai enseigné et j'ai même inventé des instruments par le passé. Je crois que j'aimerai vous voir jouer. Vous chantez donc ?  »

Ma main, je ne l'ai pas retirée de sa cuisse, je me demande s'il va s'en rendre compte et si cela va le choquer. Cela me fait rire, nos tabourets sont proches et j'ai ma main sur sa cuisse... je crois que ça va déjà choquer les biens pensants de ce monde, mais sincèrement moi je m'en moque. De tous temps j'ai toujours été libre de mes mœurs et ce n'est certainement pas ce monde qui va me changer.

« J'aimerai beaucoup vous... t'entendre chanter  »

Je passe au tutoiement... je pense que nous sommes entrain de nous rapprocher alors... J'espère qu'il ne m'en empêchera pas.

« J'aime bien ta voix, si tu me chantes quelque chose et que j'aime bien, je pourrais peut-être... faire partie de ton groupe si tu veux »

Je n'avais jamais pensé faire partie d'une groupe auparavant du moins pas d'un groupe fixe comme les humains l'entendaient. Mais j'en avais formé des gens et j'en avais joué des jours et des jours pour agrémenter les fêtes d'autrefois. Depuis que j'étais arrivé dans ce monde, je me rendais compte que j'avais un peu délaissé la musique, tentant de trouver mes marques. Et la musique me manquait...  Si je pouvais l'aider et me faire plaisir par la même occasion il n'y avait pas vraiment à hésiter. Seulement j'avouais que j'avais bien envie de l'entendre chanter avant...mais peut-être pas ici, peut-être juste pour moi.

« Tu ne vas quand même pas aller à l'hôtel ? Je t'invite chez moi, tu verras c'est confort »

Je me tournais alors vers le barman et je lui fis un petit clin d'œil.

« Ne vous inquiétez pas je vais prendre soin de lui  »

Ma véritable maison n'était pas dans la ville même mais dans le pire des cas j'avais un lit dans ma boutique à l'étage pour parfois y amener ce que les humains appelaient couramment un plan cul. Ce n'était bien sûr pas à l'endroit que je pensais l'emmener en cet instant même si cela pouvait être une solution de secours. Non je pensais véritablement l'emmener chez moi... je me demandais juste s'il accepterait de me suivre.

«  Ça va Aldaron ? T'as pas trop chaud ?  »

L'envie que j'avais envoyée vers lui et l'alcool aidant, je me demandais presque pourquoi il n'était pas encore presque nu entrain de danser sur les tables. Oh bien sûr j'aurai dû l'empêcher, tenter de le guider mais... J'avoue que j'aurai bien aimé voir ça. Je me rendis compte que j'avais toujours ma main sur sa cuisse et qu'il ne l'avait pas bougée. Je lui caressais un peu sans toutefois en faire plus.

«  Ne t'en fait pas, je suis là, je t'ai promis de t'aider. On a le temps. Profite, c'est ta soirée  »

Je n'avais pour l'heure but que deux verres. Lui, je n'en n'étais plus certain. Trois, peut-être quatre ? Je lui souris et je lui glissais un nouveau verre dans les mains avant de prendre mon troisième pour trinquer avec lui.

«  Ne t'inquiète pas, je vais prendre soin de toi, il faut vraiment que tu lâches prise »

Je n'avais de toute manière jamais eu l'idée de le faire conduire, non, j'avais d'autres idées. Mais pour l'heure, je crois que j'avais vraiment envie de le voir se détendre et se laisser aller. Il me semblait déjà bien moins rigide et le voir ainsi me plaisait énormément. J'avais de plus en plus envie de l'entendre chanter...

«  A ton groupe et à ta voix  »

Je ris, je dois avouer que je m'amuse bien en ce moment. J'ai bien fait de me rendre dans ce bar même si en arrivant je me suis demandé si je n'avais pas fait une erreur. Je crois que la prochaine fois, je me rendrai plus dans une boite de nuit ou un club mais en ce moment je ne regrette pas.

« Après ce verre si tu veux on va chez moi »

Je me demande à quel point il peut avoir chaud. Ma main sur sa cuisse ne semble en tout cas pas du tout le gêner ni même mes quelques effleurements. Je pense même qu'il a un peu chaud aussi ici bas mais je ne dis rien. Lorsque nos verres se terminent, je me lève et je fais une petite courbette devant lui avant de lui tendre mon bras.

« Si Monsieur veut bien me suivre »

J'avais une camionnette pour les livraisons et le magasin mais en temps normal je roulais en Tesla et cette dernière m'attendait d'ailleurs dehors sagement. Une jolie tesla rouge aussi silencieuse qu'une voiture électrique pouvait l'être. Bien sûr nous ne pourrions parvenir jusqu'à ma demeure même mais nous pourrions en tout cas nous en approcher.

Spoiler:

Je le menais en dehors de l'établissement après avoir payé et le menait jusqu'à ma voiture, le soutenant pour ne pas qu'il mange le sol. Je lui ouvris la portière et je lui souris tout en l'aidant à prendre place.

« Si Monsieur veut bien se donner la peine  »

Mais au contraire des grands chauffeurs de stars, je pris place à ses côtés à l'avant et je lui souris à nouveau.

«  Prêt pour l'aventure ?  »

Je démarrais et après quelques secondes seulement, je reposais ma main à nouveau sur sa cuisse, doucement, faisant de petits ronds en conduisant. Direction la forêt et ses abords. Je savais que par une petite route nous pouvions parvenir jusqu'à une sorte de petite clairière puis nous devrions continuer à pieds, mais nous avions encore un peu le temps avant d'arriver.

«  J'aimerai t'entendre un peu chanter, tu ne veux pas me chanter un extrait de ta chanson préférée ? J'aime vraiment ta voix, Aldaron, elle m'inspirerait même une chanson »

Je me demandais si en plus de jouer dans son groupe, s'il me plaisait, je pourrai en être aussi le parolier, à moins que ce ne soit lui-même qui invente ses propres textes ? Nous pourrions peut-être le faire ensemble si tel était le cas, mais je faisais des plans sur la comète alors que rien n'était encore fait. Il fallait que je laisse le temps au temps.

«  C'est toi qui écrit tes textes ou cherches-tu aussi un parolier ? »

Il a beaucoup bu mon jeune ami, et moi presque rien. Dans ce monde les humains pour conduire ne peuvent boire et j'ai dû me retenir cette fois de m'envoler avec lui. J'aimerai être porté par le courant, et profiter des effets de l'embrument, mais ici je ne rentre pas à pieds à ma boutique, j'ai un être à m'occuper et c'est bien plus amusant.

« Crois-moi avec moi tu ne regretteras rien »

Je sais déjà que pour ne pas qu'il regrette demain de m'avoir écouté, je devrai lui faire profiter d'une denrée que j'ai inventé. C'était lors de mes jeunes années et je ne l'ai jamais oublié... J'aime faire la fête mais j'avoue que je n'aime pas les lendemains qui ne riment à rien, alors au sein de mes plantes, j'ai concocté de quoi nous sauver.

« Je suis content qu'elle te plaise, tu verras elle ne fait même pas de bruit »

Je ris, je suis heureux et joyeux et je crois que mon ami aussi profite enfin d'être libre des contraintes d'hier et de demain. Du coin de l'œil je le regarde alors que je conduis. Il a un joli profil et quand il commence à chanter, j'ai presque envie de ne cesser de le regarder. J'imagine qu'il doit en avoir des fans fascinés.

« C'est joli cette chanson  »

Je ne connaissais pas, mais je peux dire que cela me plait. Malgré son état, sa voix est juste et belle. Le temps pour moi passe en un instant et je me gare alors un peu plus loin dans la forêt. Je pourrai bien sûr commander aux plantes de nous laisser passer, mais je crois que nous serions bien mieux à marcher et je sors de la voiture pour aller lui ouvrir la porte.

«  Nous avons encore un peu à marcher, prends ma main »

Je lui tends ma main pour l'aider à sortir de la voiture sans s'étaler et comme pour arriver à ma voiture, je lui tends ensuite le bras pour le guider. Nous n'allons pas vraiment suivre les chemins mais je connais cette forêt comme si elle n'était née uniquement de mon esprit. Nous aurons peut-être une dizaine, voire une quinzaine de minutes à marcher, mais je crois que c'est ça qui nous mènera en paix.

«  Merci encore pour la chanson de tout à l'heure »

Pour le remercier, et sans doute aussi un peu pour m'amuser, je dépose un petit baiser sur sa joue. Nous serons maintenant bientôt arrivés.

« Thème original, tu voudrais ... enterrer le cadavre d'une personne auquel tu tiens sous de la cire ? »

Je m'arrête un instant pour le regarder. Je trouve l'idée un peu étrange venant d'un psy mais je ne peux nier que la mélodie était jolie et la voix des plus belles. Un manque de justesse ? Je n'en ai même pas entendu ce qui me semble être un exploit vu son état.

« C'était parfait »

Nous passons les derniers arbres qui masquaient la clairière de mon chalet et je souris en voyant la lumière de la lune se refléter dans les vitres extérieurs et faisant jouer de leur lumière les couleurs de l'eau du bassin intérieur. J'aime beaucoup cet endroit dans son écrin de nature, c'est un endroit où je me sens bien malgré sa modernité.

Spoiler:

« Bienvenue chez moi, Aldaron »

Avant de pouvoir entrer dans la clairière, il faut passer une grosse racine et avant que je ne puisse lui faire remarquer, je le vois presque au ralenti comme se précipiter en avant. Je vois trop distinctement son pied se prendre dans la racine et son corps basculer, je tends le bras pour le retenir mais il était déjà entrain de chuter et son poids me fait basculer moi-aussi. Je me retrouve alors presque totalement allongé sur lui... et je ris, je ris en me redressant un peu avant de lui murmurer.

«  Pardon, tu ne t'es pas fait mal ? »

Je serai bien resté mon corps contre le sien... profiter de sa chaleur que je sens à travers ses vêtements, mais je me relève et sous la lumière de la lune qui joue dans mes cheveux et donne à mon visage ce petit quelque chose d'irréel, je lui tends la main pour l'aider à se relever. Je tire sans doute un peu trop fort avec intention et c'est dans mes bras qu'il se retrouve alors que je murmure à son oreille, la tête presque dans son cou.

«  Fais attention à toi, ne me lâche pas comme ça »

Taquin je lui lèche son lobe avant de m'éloigner de son visage pour lui reprendre le bras et le guider vers la porte d'entrée. Comme à mon habitude, je ne l'ai pas verrouillée et nous entrons sans encombre.

«  Je vais t'aider à te déshabiller »

Doucement je détache un à un les boutons de sa chemise, effleurant parfois de mes doigts son torse juste dans l'espoir de le voir rougir et réagir puis je la lui ôte complètement avant d'ouvrir son pantalon et de lui faire glisser le long de ses jambes. Pour l'heure je le laisse en sous-vêtement et je souris avant de lui demander d'attendre une seconde et de revenir avec une sortie de bain moelleuse et blanche que je l'aide à passer et que je lui attache lâchement afin de profiter de la vision d'une partie de son torse. Je lui tends alors une petite fiole que j'ai pris au passage de mon laboratoire.

«  Si tu bois ça, je te promets que demain ton esprit sera aussi clair qu'un ciel d'été sans nuage et que rien n'entravera tes sens pour aller travailler »

« Tu n'as pas l'air du tout d'un meurtrier, ou alors d'un très joli meurtrier »

Je ris, je crois que j'aime taquiner cet homme et dire que je viens seulement de le rencontrer. Il me fait penser à un ami, mais un ami qui était bien moins innocent que lui des choses de la vie, assurément. J'ai envie de m'entendre avec lui, et peut-être de le revoir. Si je fais partie de son groupe ce sera le cas, encore faut-il qu'il veuille encore de moi lorsqu'il sera sobre et... qu'il m'aura entendu jouer. Chaque personne a son style et je ne peux être certain que le mien lui convienne.

Quand je bascule sur lui à cause de sa chute, je m'en veux un instant de ne pas avoir su le retenir mais heureusement il me rassure et mon rire ne lui fait pas prendre ombrage sur ma personne. Il rougit fortement et je me demande à quoi il peut bien penser en me caressant la joue ainsi. J'aurai envie de l'embrasser mais je ne fais rien et je l'aide simplement à se relever en l'attirant dans mes bras.

« Je crois que je t'aime bien Aldaron, j'espère qu'on deviendra de bons amis »

Des amis, ou plus si affinités, quoi que l'amitié ne m'a jamais empêché de coucher avec mes amis...Je me demande comment il réagirait sous mes caresses, je crois que j'aimerai le voir s'abandonner à moi qui m'avait semblé si sérieux lorsque je l'ai rencontré. Me laissera-t-il l'approcher à ce point ? Je n'en sais rien. Il ne m'a pas encore repoussé en tout cas, même quand ma langue a effleuré son oreille. Au contraire, il a rougit encore plus. Je trouve que le rouge lui va vraiment bien aux joues et j'ai encore envie de le gêner ainsi encore et encore.

« Tu es adorable »

Visiblement mon intérieur lui plait car il me complimente et mes yeux pétillent. Cet endroit au cœur de la forêt, je dois dire que je l'aime beaucoup et en ça je peux certainement remercier le propriétaire de ce monde, qui que cet être peut être.

« Je suis content que ça te plaise, je te ferai visiter si tu veux. Tu dois être à ton travail pour quelle heure demain ? Je te déposerai. Tu verras, mon breuvage est magique, demain tu seras comme une fleur »

Ma robe de chambre ne lui va pas mal. Il semble si moelleux ainsi, j'avoue que j'aimerai bien la lui ôter alors que je viens de lui mettre. Plus tard... j'ai encore le temps.

«  Tu veux que je te montre la chambre ? Ou tu veux qu'on regarde un petit film avant ? »

Les films j'avais vu leur naissance, au début c'était les gens des grandes villes qui y avait droit, pas le petit peuple et encore moins les bergers dans leurs montagnes. Je me rappelais de leurs ancêtres, les scènes dans les colisées puis les théâtres. Le monde avait tellement changé en quelques siècles. Je me demandais s'il avait connu les films lui... ou si dans son monde ou son époque, tout cela n'existait pas. Il y avait tant d'êtres différents à Mirapolis, et c'était sans doute ce qui était fascinant.

Je lui aurais bien proposé de me rejoindre dans le bain à bulle ou le hammam mais je pense que ce dernier n'est pas très indiqué quand on a bu et qu'il est peut-être un peu tôt pour ce jeune homme pur et innocent pour venir avec moi dans un bain à bulles. Pourtant j'en ai envie... une prochaine fois, peut-être.