« Ce corps ne te va pas mal tu sais ? Tu es même très beau. Tu n'étais pas un homme avant ? Tu étais quoi ? Tu sais moi non plus je n'ai pas toujours eu cette apparence »

Je souris. Je crois qu'il aurait été bien surpris de mon apparence d'autrefois. Elle en a surpris bien des hommes et des dieux par le passé, même ma mère... Tous n'ont pas aimé mais moi je n'ai jamais détesté celui que j'ai été même si parfois je me suis préoccupé un peu trop de ce que l'on pouvait penser de moi. Est-ce pour cela que je n'ai jamais su garder chaussure à mon pied ? Je ne sais... enfin il y avait bien eu Daphnis... mais il était mort aujourd'hui et depuis bien longtemps.

« Je suis bio ? Euh oui je suppose, tu aimes ce qui est bio ? Tu voudrais goûter ? »

Je ris et je le regarde. Je ne trouve pas qu'il soit si mal quand il a bu mais je suis content qu'il me propose de me revoir. Je le voulais moi-aussi alors je suis loin d'être contre ou de vouloir le faire changer d'avis, que du contraire.

« On peut se revoir cette semaine si tu veux que je vienne faire un essai pour ton groupe, tu t'en souviens ?  »

Je caresse sa joue toujours mon éternel sourire aux lèvres tout en acquiesçant pour le passage chez lui avant son travail. Je veux bien l'emmener où il le souhaite, demain mon employé peut bien rester seul quelques heures le temps que j'arrive, de toute manière le matin d'un jour de semaine c'est en général assez calme. A vrai dire je ne suis normalement même pas obligé de passer demain mais j'aimerai faire quelques compositions de bouquets pour les vendre.

« Tu as besoin de combien de temps chez toi ? Tu as beaucoup d'animaux ?  »

Un film ça se mange ? Alors oui... Je crois qu'il ne connait vraiment pas ce que peut être un film. Mais du coup la pression en moi est grande, si je lui en propose un et qu'il n'en a jamais vu... comment bien en choisir le thème afin qu'il aime ?

« C'est comme une représentation d'une histoire, un spectacle mais qu'on regarde à travers une fenêtre sans que les gens ne soient vraiment là, comme... comme une histoire animée que l'on peut regarder dans un objet, je ne sais pas si je suis très clair... Je vais te montrer »

Je ne pouvais pas savoir qu'il avait connu une sorte de futur à voir dans une vasque lorsqu'il était chez les elfes. Je ne connaissais même pas son identité du passé et c'est ainsi que je le poussais gentiment pour pouvoir passer, l'effleurant pas vraiment par mégarde afin de saisir la télécommande pour allumer la télé.

« Tu aimes quel genre d'histoire ? Romantiques, marrantes, tristes ? Historiques ? »

Je m'assieds sur le canapé et je tapote la place à côté de moi.

« Viens t'installer et quand tu seras trop fatigué, je t'emmènerai dans ma chambre »

J'avais une chambre d'amis... mais j'avouais ne pas vraiment voir envie de lui montrer, je trouvais bien plus amusant de rester à ses côtés et je ne pensais pas qu'il en serait contre... Je l'avouais, j'avais un peu envie de jouer.

Un elfe, il était un elfe. Dans mon monde ces êtres n'ont pas existé. Il y a eu des nymphes, des dieux et tant de créatures, mais pas des elfes. J'en ai pourtant vu des gravures, j'en ai vu des dessins. Je lui souris.

« Tu devais être très sexy en elfe »

Je suis peu déçu qu'il ne voit mon invitation à me goûter que comme le sens le plus strict du terme, mais je crois qu'en cet instant il ne veut pas comprendre qu'un homme peut être intéressé par un homme. Est-il homophobe ? Ou juste n'aime-t-il pas ça ? Je ne saurai le dire. J'ai entendu dire que les humains, parfois, emmenait les enfants voir des psys pour qu'ils se fassent ' guérir ' de leur ' maladie '. J'espère qu'Aldaron n'est pas ce genre de psy, ce serait dommage. Moi je ne veux pas qu'on tente de me guérir, mais je veux bien le guérir de son innocence.

« Samedi ? Va pour samedi mais il faudra que tu me donnes une adresse »

J'hoche la tête quand il me parle de ses animaux. Les miens, si je peux parler ainsi, vivent totalement libre autour de moi, dans la forêt, dans les airs, dans les terriers, je ne les possède pas mais je vis à leurs côtés, j'ai toujours vécu ainsi. Pourtant j'en ai côtoyé, des animaux domestiques, principalement des chiens et des chats dans les fermes et les pâtures. Depuis toujours j'ai toujours été aimé des bêtes mais cela je ne lui dis pas en cet instant. Je me demande comment elles sont, ses bêtes.

« Ils s'appellent comment ? Et toi, c'était quoi ton nom d'avant ?  »

Je lance la télévision et je cherche un film à regarder dans le catalogue. Il y avait beaucoup de films de noël, décembre oblige, mais j'avais comme l'impression qu'Aldaron n'aimerait pas ce genre d'elfe. Peut-être même serait-il vexé. Je passais les films sans trouver quoi mettre et puis j'arrêtais mon choix sur un qui me semblait intéressant. Un film d'animation sur la musique, la musique qui vous porte toujours : Coco de Disney Pixar.

Je m'installais confortablement sur mon canapé et je tirais Aldaron vers moi pour qu'il se retrouve à moitié couché sur moi. Je me mis à lui caresser les cheveux presque machinalement comme un petit chat que j'avais un jour rencontré en forêt.

« Ça va tu es confortable ?  »

Tout en caressant ses cheveux, je souris en lui murmurant doucement quelques mots.

« Je suis certain que tu l'étais »

Oui je suis certain que peu importe son apparence d'alors, il devait être aussi sexy qu'aujourd'hui tout en en ayant pas conscience. Je me demande combien il a pu briser de cœur sans le savoir par le passé car d'après ce que j'ai compris, il a passé une vie de guerrier sans jamais s'accorder le repos auprès d'une dame ou d'un gentil damoiseau.

Je ris gentiment alors que l'alcool parle sans doute pour lui quand il me dit que je suis aussi sexy. Cela me flatte mais j'avoue que même si on dit que dans l'alcool se trouve la vérité, j'aimerai qu'il me trouve aussi sexy sans avoir bu. Mais peut-être n'ose-t-il se l'avouer quand il est sobre ? Après tout... tout semble nouveau pour lui. Je me demande si en plus des choses de la liberté, je pourrai un jour lui apprendre les choses de l'union et du sexe. Quant à l'amour ? Je n'ose plus vraiment y croire.

« Le hangar de la plage ? D'accord »

Je n'ai jamais fait attention à un tel endroit mais en même temps je suis ici depuis bien peu de temps. J'avoue... je ne me suis même pas rendu sur la digue... J'en ai simplement entendu parler et ce sera certainement l'occasion de découvrir un peu plus ce monde.

« Legolas Vertefeuille ? Oui, je suis certain que j'aurai aimé  »

Mon sourire danse toujours sur mon visage alors que mes mains se perdent dans sa chevelure. Je la trouve si douce. Je crois que j'aurai certainement aimé son arbre gigantesque, mais peut-être pas tout à fait celui auquel il pense, même si je suis certain que lui aussi devait sans doute être aussi charmant. Mes yeux pétillent alors que je joue maintenant avec ses oreilles.

« Tu avais les oreilles pointues, petit prince ?  »

Je ne sais pas vraiment s'il était prince mais son nom me fait penser à quelque chose. J'ai déjà entendu ce nom quelque part... Mais c'est impossible qu'il n'ait été un personnage de fiction de ce monde, n'est-ce pas ? Oui je suis certain que je dois me faire des idées, et pourtant... pourtant dans mon esprit confusément je me note ce besoin de vérifier.

« On peut aller se coucher si tu en as besoin  »

« Mon petit prince rebelle »

Je ris doucement comme pour ne pas troubler l'instant. Il fait si calme et j'ai vraiment l'impression d'être dans un écrin de douceur et de volupté, un écrin que je n'ai pas envie de briser. J'ai l'impression que si j'élève la voix, tout sera brisé alors je me contente de murmurer en caressant ses cheveux.

« Ci-fait, mais je ne trouve pas cela dérangeant. J'ai l'impression qu'ici je pourrai peut-être retrouver de vieux amis »

Des amis disparus depuis longtemps, des êtres de légendes qui s'étaient endormis, et qui avaient été petits à petits oubliés par les hommes hormis dans quelques uns de leurs écrits. Je ne savais pas si j'étais réellement attaché à ce qui était passé, mais j'avais aimé ces temps d'insouciances où le monde était tout autre. Je me demandais si lui aussi avait perdu des gens auxquels il tenait. Il avait été un guerrier, je ne pouvais qu'imaginer combien d'êtres ils avaient pu perdre.

« Je veux bien te guider mon bel ami, mais je vais devoir te demander de te relever un peu  »

Couché ainsi sur mes genoux, je ne pouvais me relever sous peine de le blesser ou de le faire basculer. Mais j'avouais que l'emmener dans mon lit ne me déplaisait pas même si je me doutais que vu son état, je ne pourrais guère le faire succomber. Quoi que... peut-être me laisserait-il un peu perdre mes doigts sur sa peau avant que le sommeil ne le prenne à moi ?

Il se releva un peu et je me remis sur mes pieds, presque tanguant alors que mes jambes humaines s'étaient quelques peu endormies. Je me penchais pour lui tendre la main afin de l'aider à quitter le canapé et contrairement à la première fois, cette fois je ne tirais pas trop brusquement pour le faire tomber dans mes bras. Mais j'avoue que j'aurai aimé.

Il était fatigué et je ne lui fis donc pas faire une plus ample visite. Je pris son bras pour le soutenir encore jusqu'à l'étage où les chambres se trouvaient mais plutôt que le mener à sa propre chambre, je le conduisis dans la mienne. Lui faisant face je détachais le cordon de sa robe de chambre et la lui retirait. Sous la lumière de la lune, je trouvais son corps magnifique et je posais une main sur son torse afin de sentir ses abdos avant de juste lui sourire et de le guider dans mon lit. Une fois allongé, je me mis à cheval de part et d'autre de son corps et avec douceur et lenteur je fis glisser son dernier rempart de pudeur. Il était beau ainsi, nu dans mon lit. Je souris encore et je le recouvris de ma couette. Je me penchais alors sur lui et je déposais un baiser sur son front, comme à un enfant, comme si j'allais le laisser.

« Bonne nuit petit elfe  »

Je m'assis sur le lit à ses côtés, attendant qu'il ferme ses jolis yeux aux teintes fascinantes, puis avec la délicatesse d'un capitule de pissenlit s'envolant dans le vent, je me glissais à mon tour sous la couette. Je me rapprochais de lui et je me collais à lui en cuillère dans son dos avant de déposer un dernier baiser dans son cou et de m'endormir. Le soleil ou mon réveil se chargerait de nous réveiller tous les deux.

Je sursaute et ce n'est pas temps à cause du réveil que de mon gentil doudou qui s'agite et hurle. Je resserre mes bras sur le corps fin contre moi et de l'autre main j'étains le réveil en grommelant.

« Pourquoi tu t'agites si fort le matin ? Détend-toi tu as le temps...hummm »

J'enfonce mon visage dans son torse et je soupire de bien être. J'aime bien prendre mon temps et j'avoue que j'avais imaginé une autre sorte de réveil que celui-là. Nous avons largement le temps, nous en avons parlé la veille... Je ne comprends pas toute son agitation dès le matin, pas du tout. Je murmure contre son torse.

« Tu m'as dit que tu en avais pour une heure de t'occuper de tes bêtes et je pourrai t'aider. Ton premier rendez-vous est à 9h30 non ? Et il n'est que 7h30, le réveil ne va pas juste il avance d'une demi-heure, détend toi on a le temps. Respire petite elfe, c'est une bonne journée qui commence. Souris je vais préparer le petit déjeuner, la douche est sur le même palier quand tu sors, tout au bout la porte du fond »

Je me lève et dépose un petit baiser sur sa joue mais on pourrait penser que j'ai mal visé étant donné que ce baiser que je lui fais est à la commissure de ses lèvres. Puis, souriant et totalement nu je me lève et je descends pour préparer le petit déjeuner. Je lui crie alors.

« Café ? Thé ? Chocolat Chaud ?  »

Par habitude je n'ai pas pensé à m'habiller, je l'avoue. L'idée de porter en permanence des vêtements est une chose assez nouvelle pour moi et j'avoue que je ne suis pas trop fan même si je sais que pour les humains il s'agit d'une habitude presque immémoriale. Par contre à lui je lui ai laissé à côté du lit son peignoir. Quant à ses vêtements, ils sont toujours dans mon salon, plié sur un fauteuil.

J'ai adoré le voir rougir. Je sais oh combien il peut être innocent et je ris à l'idée de ce qu'il a pu imaginer. J'avoue que je trouve cela plaisant qu'il imagine que nous ayons pu nous unir, et je dois dire que j'ai aimé avoir son corps pressé contre le mien même si nous n'avons rien fait. Hier j'ai passé une bonne soirée et je crois que lui aussi a apprécié. Je me demande juste si je ne devrai pas le taquiner un peu ?

« Je te rassure tu as été parfait hier »

Je ris. Ma phrase pourrait l'induire sur une mauvaise pente et j'avoue que je le fais un peu exprès mais il est vrai que pour moi hier il a été parfait. Je trouve que nous nous sommes bien entendu et je suis certain que la matinée avancée il sera un peu plus vivace. Il n'est jamais facile le matin d'émerger rapidement après une bonne nuit de sommeil.

« Je t'ai déshabillé pour que tu sois plus à l'aise »

Je lui fais un petit clin d'œil et je le laisse émerger totalement et aller prendre sa douche pendant que je vais préparer le petit déjeuner. Il a à nouveau rougi quand j'ai manqué de peu sa bouche de la mienne. Je me demande si je ne le perturbe pas un peu, en tout cas ses rougissements sont charmants. J'avoue que j'aime bien, son innocence me plait. Il me fait penser à mes bergers innocents d'autrefois.

Par contre là où je suis bien étonné, c'est qu'il vient se coller à moi dans la cuisine après sa sortie de la douche. Je ne peux pas dire que je suis surpris de son arrivée car il n'a pas tenté d'être discret lors de ses déplacements dans ma maison, mais je suis vraiment étonné qu'il se serre ainsi contre moi lui qui est si prude. Etonné je me retourne et je le vois plus rouge qu'une tomate et je suis si proche de lui que nos souffles pourraient se mêler sans que je ne bouge d'un iota.

« Tu t'es très bien tenu et j'ai aimé notre soirée, ne t'inquiète de rien et assied toi, j'ai cuit des croissants, des pains au chocolat et j'ai fait chauffer ton eau. Tu as une préférence de goût pour ton thé ? J'ai préparé quelques saveurs moi-même... Mais je ne sais pas encore ce que tu aimes  »

Je suis enjoué, heureux et totalement nu comme à mon habitude chez moi. Est-ce pour cela qu'il est aussi rouge ? Pourtant il a dû le remarquer que je ne suis pas habillé et il s'est collé à moi... J'avoue que je ne sais pas trop ce qu'il a en tête mais je suis heureux en ce beau matin et si ce n'était pas pour lui, je crois que je serai bien resté au lit avec lui à tenter de le faire rougir encore plus et le perturber. Mais je ne suis pas un monstre et je ne veux pas qu'il perde son travail ou que ses animaux ait besoin de lui.