Chuis pas bourré, chuis juste malheureux - Edward

La bibliothèque, un hall de savoir rependu. On disait que le savoir c’était le pouvoir. Et pourtant, les gens semblaient bouder cette puissance, préférant quelques plaisirs futiles où on ne fouetterait la réflexion dans un immense chantier de pensées construites et de raisonnement en guise de mortier. Ils avaient tort. Chaque livre quel qu’il soit, renfermait un pouvoir. Une connaissance qu’on pouvait modeler et utiliser pour avoir ce qu’on voulait. Telles les ouvrages arcaniques remplit de formules ésotériques dont la prononciation libérait cette énergie secrète qui régulait le sens et les lois du monde. Ca, Magnus était parfaitement au courant.
A l’exemple le plus fort, le livre qui selon lui possédait une telle puissance aussi bien physique que métaphysique, le redoutable Necronomicon. Ce livre noir en était le parfait exemple. Il renfermait tant de secrets dont la compréhension ouvrait des portes de l’esprits qui pouvait vous consumer. Et celui dont le mental était assez fort pour résister à l’influence de ces dieux endormis, pouvait comprendre et influencer la réalité qu’on pensait notre. Edward put consulter à l’université quelques extraits de ce livre des mystères. Si à l’époque il ne saisissait pas tout le sens, prenant les écrits pour de simples affabulations mythologiques, son voyage à Innsmouth lui offrit la clef pour saisir le sens et embrasser cette dure réalité.

Qu’il se rassure. Ici, il ne risquait pas de tomber sur ce livre maudit qui eut damnés tant d’humains à la folie éternelle. Même si le fait d’y penser, éveillait en lui un quelconque intérêt comme un enfant pensant au jouet qu’il n’avait pas. Sa propre recherche obscurcit par ces pensées d’abominations fut interrompu quand un homme le percuta. Sans doute que cet incident fut salvateur.

Edward revenant à lui, vit ce pauvre homme tout souriant, lui demander de l’aide pour ramasser ces quelques ouvrages n’ayant pas apprécier le choc. Le psychologue cependant remarqua l’élocution, le regard et la démarche qui ne pouvaient mentir. Le sourire était un masque, mais le reste du corps lui, exposait une vérité affligeante.

"Bien entendu." Lui répondit-il avec ce ton de professionnel dont il s’en était fait maître. Et si le commun des mortels préférait ignoré le monde et suivre son chemin tout tracé, Magnus était de la race de ceux dont la curiosité et le sens du travail, primait sur la pensée basique de l’homme. Il avait en face de lui un ivrogne, créature non naturelle dans ce milieu car l’alcool prive des sens alors que la lecture exige le travail à temps pleins de ces derniers. Le psychologue voulait savoir ce qu’il faisait ici. "Vous me paraissez aller mal mon chère. Seriez-vous ivre ou couvrez-vous quelque chose en particulier ?" Il connaissait déjà la réponse, Edward cherchait juste à analysé les dires de cet inconnu pour établir un profil de sa psyché.

D’ordinaire on ne rencontrait les ivrognes dans les bars ou les rues. Les croiser dans une bibliothèque était tellement singulier. Edward se demandait si l’homme en face de lui, se rendait compte de ce qu’il faisait, s’il allait comprendre ce qu’il lirait ou bien finirait-il par s’écrouler sur un livre et au lendemain, ne plus se souvenir pourquoi il a échouer la. Cela aurait put être pire, il pourrait se retrouver dans un lieu infâme. Et allez savoir sur quel genre d’individu suspect il aurait croiser la route. L’ivrogne avait de la chance.

Montrant les livres comme conscient de ce qu’il s’était passé, l’homme ironisa sur le sort de ces derniers et de Lewis Winter, qui semblait être un personnage de fiction. Edward était un homme fort cultivé aimant lire, mais ce roman était encore bien trop récent pour lui.

"On préviendra la police dans ce cas." Ironisa d’un ton paradoxalement sérieux Magnus, tout en tendant la main pour aider ce dernier à se relevé. Visiblement il n’allait pas du tout y arriver seul.

On pouvait dire que cet homme avait une bonne tête. Que malgré le visage rouge de l’alcool, son sourire était fort charmeur et surtout contagieux. Mais, le praticien sentait quelque chose. Ce n’était pas que dans ce sourire trompeur, mais dans les yeux. Au début, Edward se demandait si cette bonne humeur était dut à une personnalité joviale ouvert aux bacchanales, ou bien une volonté de caché quelque chose, une souffrance.

"Vous me paraissez effectivement bien remplit. Une raison pour vous offrir au vin de Bacchus ? Quelque chose à fêter peut-être." S’il savait à qui, il parlait justement.

Le côté professionnel et curieux d’Edward s’était éveiller. Le simple passant qui était venu consulter les rayonnages gardiens du savoir, avait volontiers laisser place au médecin. Edward regardait, analysait, voulait comprendre avant de juger. Quoi que, juger n’était pas dans ses habitudes, mais on était tous soumit à quelques idées reçus en apercevant son prochain. Comme la, il imaginait sur le coup un fêtard ayant perdu toutes ses facultés mentales et s’était tromper d’endroit, ne sachant plus trop où il y allait et pourquoi. Mais il pouvait se tromper.

La petite référence semblait faire mouche. Le jeune homme s’en amusa et cité l’homologue grec du dieu du vin. Soit cet homme était parfaitement cultivé, ou bien l’ivresse accentué son intellectualisme. Une boisson qui rendrait savante, voila qui serait tentant. Mais Edward préférait que cela passerait par un bon thé que quelque chose qui fasse perdre l’esprit. Ca, il en avait déjà abusé quand il avait commencer à changer, quand il avait mit les pieds dans cette maudite ville corruptrice. Et l’alcool ne pourrait jamais effacée les horreurs dont il était témoin, et de la vérité qui lui collait le crâne comme des balanes sur la coque d’un navire.

"Et pourquoi avoir gacher ce vin alors ?"

Curieux était le psychanalyste alors qu’elle essayait ce miséreux alcoolique à tenir debout. Il aimerait savoir pourquoi il s’adonnait tant à l’ivresse, que cherchait-il a fuir, enterrer, tuer en le noyant dans les effluves d’alcool ? Quand on vivait à Mirapolis, les raisons pouvaient être nombreuses. Déjà ce changement subit de milieu pouvait être très déstabilisant pour n’importe qui. Mais ce curieux personnage prétextait que ses raisons n’étaient pas bonne et invita le psychologue à s’enivrer avec lui.

"Je préfère boire les paroles des autres. Les votre me rendent curieux. Que cherchez-vous donc ? Quel est votre objectif dans tout ceci ?"

Magnus avait l’impression de se répétait un peu, mais avec une personne fortement alcoolisée, il fallait souvent se répéter, ces derniers pouvant vite oublier ce qu’il s’est passer il y a quelques secondes. Donc patience était mère de vertu. Peut-être bien que ses raisons étaient ridicules. En tout cas, le psychologue avait apprit à ne pas juger, et tant qu’il ne le saura pas, il ne pourrait rien en dire.

Magnus s’attendait à un sempiternel discours d’ivrogne, à une longue histoire relatant de nombreux épisodes affligeant poussant l’homme dans ses retranchements pour chercher à se détruire. C’était d’ailleurs une étrange chose. Face aux problèmes, les gens courraient facilement vers l’alcool comme si c’était la solution évidente. Pourtant, les patients bourrés qu’eux Edward ne semblaient pas oublier ou vaincre leurs problèmes. Au contraire, ils semblaient surtout prisonnier, leur esprit détruit par le breuvage, ne conservait que la raison pour laquelle ils se mettaient minables. Oublier pour au final ne penser plus qu’à ca, qu’elle cruelle ironie. Alors que justement, quand on en consommait de manière festif et bien on oubliait le lendemain les plaisirs de la fête. Dans le cas de cet inconnu, il s’agissait bien d’oubli du malheur qui était rechercher.

"Mmm Pas autant que vous je dois le reconnaitre."

Magnus était homme à vouloir garder les esprits clairs. Pourtant il aurait eut de bonnes raisons de succomber au démon de l’ivresse. Avec les horreurs de la vérité qu’il eut découvert, sans doute aurait il put finir dans un caniveau à vomir. Mais non. Déjà avoir un praticien alcoolisé n’était pas bon pour les affaires. Et Edward était devenu surtout homme de paradoxe. Il cherchait à fuir cette réalité cauchemardesque qui le pourchassait tout en étant aussi attiré et ne voudrait donc point l’oublier.

L’homme souriait, l’homme rigolait. Mais l’homme ne semblait pas sincère. Car la bouche pouvait exprimer mille choses, mais les yeux eux étaient difficile à corrompre. C’était ceux d’un homme triste, affligé. Un regard qu’Edward savait reconnaitre entre mille et qui ne le trompait jamais.

"J’aime bien le blanc. Mais je sais aussi que l’alcool n’apporte que des bienfaits superficiel à l’âme. Du moins sa surconsommation apporte bien plus de soucis que de réels bienfaits." Résumait-il rapidement sa pensée précédente. "Dites moi, arrivez vous donc à oublier ainsi ?" La question pour prouver ses dires.

Ce dernier confia que dans d’autres circonstances, il l’aurait invité à boire, petite remarque qui prêtait à sourire. "Je n’en doute pas." Répondit le psychologue avec bienveillance. "Mais la boisson qui me tenterait le plus en ce moment est votre histoire. Savoir pourquoi vous avez bu." La boisson de la vérité !

Garder les idées claires, Magnus en avait vraiment besoin. Boire, le résultat serait comme jouer à la roulette russe, si l’ivresse l’aiderait soit à oublier cette vérité qui le consumait, ou au contraire le précipiterait dans les tentacules des dieux impies qui voulaient en faire l’un de leurs sujets. Le voudrait-il ? On lui offrait après tout l’immortalité en sacrifiant son humanité, en devenant une de ces choses monstrueuses. L’alcool serait un renoncement à son libre arbitre, abandonné toute volonté pour laisser choisir à sa place le hasard. Dans les temps anciens on dirait que ce sont les dieux qui guideraient l’ivrogne.

Le professionnalisme ne le quittant jamais vraiment, Edward questionna sur le pauvre être au sujet de son histoire. Qu’allait-il entendre ? L’ivrogne concéda à sa requête, mais suppliant qu’il ne soit pas dénoncé par la suite. A qui ? L’alcool souvent, on l’accusait de faire raconter aux gens n’importe quoi, qu’ils étaient plonger dans un monde fantasmagorique où l’ivrogne confondait réalité et imaginaire. Mais pour le praticien, l’alcool était plus une potion de vérité. Cela désinhibe l’individue, fait tomber les protections mentales, les plans enficelés et poussait donc l’être à plus facilement se confier sur des faits même mal interpréter. C’était comme l’aveu de sa psyché, qu’on racontait tout ce qui passait par la tête sans la moindre retenue.

"Très bien. Installons nous confortablement dans ce cas."

Prenant donc place sur des fauteuils, comme dans le cabinet du psychologue, Edward laissa l’inconnu prendre son temps pour se lancer dans son récit. Il le vit boire quelque chose, sans doute encore ce poison qui le mettait minable, mais Magnus ne disait rien, laissant faire, exprimant juste une petite mine de déception. L’ivrogne expliqua tout d’abord qu’il n’était pas dans ses habitudes de parle de lui et donc, ne confiera qu’une partie de son histoire.
Néanmoins, l’homme eut assez de présence d’esprit pour ne pas de suite commencer et se perdre dans un charabia d’ivrogne. Il pensait à demander quelques précisions au praticien, savoir ce qu’il désirait connaitre en priorité. Ceci-dit il parlait des grecs. Avait-il un lien avec eux ?

"Et bien j’aimerais savoir qui vous êtes. D’où vous venez et comment selon vous, est-venu cet envie de boire." Quelque chose de simple, classique, sans vouloir imposer quoi que ce soit comme discours. Laisser à l’homme la liberté de raconter à son aise. "Vous êtes l’acteur principal de cette pièce. A vous les meilleurs répliques pour vous présentez à votre publique." Comprenant que cet homme aimait ou du moins était attacher à l’univers du théâtre, autant jouer dessus pour motiver ce dernier à se dévoiler.

La thérapie pouvait commencer. De plus, ce sera gratuit. Magnus pouvait bien aider son prochain sans chercher la moindre rétribution derrière. Son naturel ou bien un défaut professionnel prenait le dessus et le poussait à se montrer attentive aux autres et à chercher à les analyser, les comprendre et aider. Comme un policer qu’il soit de service ou non, se doit d’intervenir pour protéger le concitoyen. Tel était son devoir. L’écoutant donc, l’inconnu rapporta que son envie de boire remonterait à son arrivé dans cette ville. Ca il pouvait le comprendre, et il n’était pas le seul à se laisser aller à ce point.

-Nous avons tous perdu quelque chose en arrivant ici.

Généralisait le praticien afin de montrer qu’il n’était pas le seul dans ce cas la, et qu’on pouvait comprendre de quoi il voulait parler. Et lui, le comprenait-il vraiment ? Magnus avait à peine goûter à l’immortalité avant de finir ici. Sa transformation complète ne fut qu’un bref instant avant de rétropédaler et redevenir un simple mortel. Sans doute pour cela que contrairement aux dieux captifs de Mirapolis, il acquiesçait le coup même si l’expérience restait perturbante.

Parlant de dieux, l’ivrogne semblait en être un, ou du moins s’en considérait-il. Voila qui devenait intéressant. Pouvait-il le croire ? Edward avait plusieurs patients qui étaient des déités Pagan. Cela était donc possible, mais pouvait-on donner crédit à quelqu’un venant d’ingurgité des litres d’alcool ? Il le saura très prochainement.

Pour le moment Magnus ne disait rien, laissant l’homme s’exprimer et il fallait croire que ce dernier en avait besoin. En quelques secondes, il passa d’un ton jovial à la tristesse qui se terminait par de la colère. Avant de rebondir sur une note plus joyeuse comme s’il cherchait à chasser ces sombres pensées et maintenir ce masque de comédie grecque. Tout cela était… Intéressant.

-J’aime le théâtre oui. Ainsi que l’opéra et quelques concerts. La culture qui permet d’exprimer nos émotions est ce qui fait une civilisation.

Homme instruit et cultivé, Edward appréciait ces grands airs chantés et ces pièces joués qui racontaient tout un passé fantasmer qui à permet l’émergence des sociétés modernes. Des histoires tintés de romantismes et d’actions. Cela faisait longtemps qu’il n’a plus assister à un vrai spectacle.

-Vous disiez être un dieu tout à l’heure. Etes vous une de ces déités déchus ? Dites moi s’en plus je vous pries.

Edward s’exprimait avec professionnalisme et compassion. Il ne se montra ni hautain ou autoritaire, mais parlait avec calme et patience comme toujours. Il aimerait savoir si cet homme était bien un dieu ou si ce n’était que l’élucubration d’un pauvre ivrogne perdu. De toute manière, Magnus n’irait pas le contre dire, même s’il peut avoir des réserves sur ce qu’on lui disait. En tout cas, plus il écoutait cet homme, plus il avait envie de l’aider.

L’approche de Magnus semblait porter ses fruits. La déité inconnue joua le jeu consentant à parler d’elle. Confirmant au passage son statut de dieu. Est-ce que le praticien allait le croire sur parole ? On pouvait douter devant un ivrogne, mais ne disait on pas que l’alcool déliait la langue pour faire connaitre la vérité ? De toute façon, un psychologue n’était pas la pour vous dire si vous êtes un menteur ou non, mais juste à vous soigner par le don de la parole.

En tout cas, l’inconnu savait faire durer le suspense. Même le sang remplacé par l’alcool, il en disait des choses mais pas trop. Soit il prenait plaisir à faire durer le show avant de dévoiler qui, il était. Ou bien éprouvait il une forme de honte. Honte du dieu qu’il était ? Honte de ne plus être le dieu qu’il était ? Tout est possible, en tout cas l’ivrogne parla par énigme sans trahir son identité.

Sa petite prestation passé, il questionna le thérapeute pour savoir si oui ou non, il avait à faire à un de ses congénères. Voila une question qui ne laissa pas de marbre Edward. Le divin, il connaissait, sa chaire était devenue celle des dieux. Son esprit s’était mué comme une chenille sortant d’un cocon pour devenir papillon. Mais, la chose qu’il fut devenu n’avait rien d’aussi beau que cet insecte.

-Dans un sens peut-être. J'ai vu le divin, je l'avais rejoint pour un court instant. J'ai connu le passage de la mortalité à l'immortalité. Ainsi que la chute après. Mais... Je ne sais pas si on peut me qualifier de dieu.

La race qu’il avait rejoint était plus un peuple serviteur d’un grand ancien. De dieu, on pouvait nommer leur maître créateur qu’on surnommait Dagon, mais dont le vrai nom échappait à l’esprit des humains.

Folie… C’était drôle aussi d’en parler. C’était quelque chose de familier pour Edward aussi, un concept lié aux êtres suprêmes qu’il a rencontré et dont son esprit eut manquer de s’effondrer rien qu’à leur vu…

-La folie est aussi un attribut de ces êtres... Un pouvoir suprême qui pouvait anéantir un monde entier rien qu’avec une vision. Pas besoin de destruction de masse pour ca.