A mi-chemin entre humanité et divinité, je suis pourtant d'une nature humble et généreuse, peu portée à la vantardise ou à un orgueil exacerbé. On dira volontiers que je suis effacée quoiqu'une nature joyeuse (et même innocente ?) empêche de me croire totalement éteinte. Je ne suis pas quelqu'un d'extraverti et la compagnie des foules me met mal à l'aise mais je peux être une bonne amie. Par jeu, j'aime arrondir mes yeux qui sont déjà très grands et même si je suis vieille de plusieurs siècles, cela ne m'empêche pas d'apprécier les choses simples et amusantes. Maintenant que je ne vis plus seule, entourée de mes animaux chéris, j'aspire à être aimée (j'ai goûté à l'amour si peu de temps) et à être protégée. Mais attention : je puis encore sortir griffes et crocs.
PSEUDO: Thalia Bubble ; ÂGE: En maturation ; PRÉSENCE SUR LE FORUM : 5/7j ; UN DERNIER MOT ? mhmhmhmhmh (c’est ce qu’ils disent tous)
Il y a fort longtemps, sur une île toujours verdoyante et fertile, vivait une jeune femme dans un palais d’or et de luxe. Les tapis étaient de pourpre, les couverts d’argent et les animaux qui évoluaient sur l’ile étaient doux comme des agneaux. Cette femme à la beauté ensorcelante était nommée Circée et sa beauté n’avait d’égal que son don pour la magie. Les hommes qui avaient le malheur de débarquer dans ce coin de paradis étaient transformés en animaux et piégés auprès de la magicienne à tout jamais.
Ce mythe, nous le connaissons tous grâce à Homère avant tout et ses charmantes histoires au sujet d’Ulysse d’Ithaque. Inutile de préciser que c’est un fin tissu de mensonges faits de fils machistes et clichés. Comme si Ulysse avait couché avec toutes les belles femmes qu’il avait croisé sur son chemin ! C’était un homme atrocement ennuyeux, doté d’une haleine de bouc et d’un strabisme disgracieux. Non, je n’aurais pas couché avec cet homme-là pour tout l’or du monde.
La vérité, la voilà : je suis l’une des filles du Soleil et d’une divinité des eaux ce qui fait de moi bien autre chose qu’une simple mortelle. Mais rassurez-vous, ça ne m’est jamais vraiment monté à la tête. Comme beaucoup d’enfants divins, je n’ai pas vraiment été élevée dans une chaude et saine ambiance familiale et comme mes parents n’avaient pas très envie de s’occuper de mon éducation, ils m’ont envoyé sur l’île d’Eea et je n’ai plus entendu parler d’eux. Il fallut bien trouver de quoi m’occuper dans cet immense palais somptueux mais atrocement vide, ne parvenant à recevoir des nouvelles du monde que par des servantes de ma mère qui les apportaient au gré des vagues. C’est ainsi que j’ai appris la punition de ma sœur, enfantant d’une bête à cause de l’orgueil de son époux, Minos. Ça ne m’a pas encouragé à faire confiance aux hommes et lorsque les premiers ont débarqué sur mon île, en quête de vin et de bonne chair, j’ai refusé qu’ils fassent de moi un vulgaire jouet.
N’allez pas croire que ma légende de magicienne soit fondée sur ma cruauté, ce n’est pas du tout ça. Seulement, j’ai vécu seule toute ma vie et ce silence environnant m’a très vite pesé, je voulais quelque chose ou quelqu’un à mes côtés. Seulement voilà, les marins qui accostaient sur mes rives n’en avaient qu’après la nourriture, les richesses et la paresse, sans aucun regard pour ma personne. Ou alors, si l’attention se portait sur moi, ce n’était que pour mes charmes et ce qu’ils pouvaient obtenir en me soumettant à leur masculinité. De ma science des plantes et de la magie, je tirais donc un moyen de ne plus errer seule dans ce paradis luxueux tout en restant maîtresse de moi-même et de mes invités. Verser un peu de potion dans la coupe de tous mes visiteurs devint vite une habitude et si les mythes parlent de baguette, c’est juste à cause de mon goût pour une certaine mise en scène, ça ne reste d’un morceau de bois.
Là où les auteurs antiques parlent de souffrance et dépeignent une métamorphose cruelle et déshonorante, je n’ai jamais vu qu’une sorte de changement nécessaire et bénéfique pour vivre heureux. Une fois leur vin ingurgité après un festin de roi, les marins se sentaient envahis d’une douce torpeur et je veillais à couvrir chacun de mille caresses attentives pour que leur transformation soit la plus douce possible. Sans craquement d’os ni déchirement, leurs mains devenaient pattes, leur peau pelage et ils prenaient mille aspects merveilleux sans perdre rien de leur identité profonde. Le fier capitaine se changeait en lion là où l’homme plus agile se muait en singe. D’abandonner ainsi leurs vaines jalousies, leurs souvenirs et leur cupidité les rendait plus heureux et je les couvrais de tout l’amour possible en sachant qu’ils me le rendaient au centuple. Alors voyez, j’étais bien loin de la terrible enchanteresse que dépeignent les livres et si le portrait que l’on a fait de moi est si trompeur, c’est que mon paradis est bien gardé et que ceux qui ne l’atteignent pas sont jaloux.
J’ai ainsi vécu une existence heureuse et douce, entourée d’êtres aimants qui ne m’ont jamais trahi. Jusqu’à ce que je sois emportée dans ce monde étrange, que je doive reconstruire une nouvelle vie, sans magie ni palais plein d’amis.
Les rivages blancs de mon île et paradis ont laissé la place à l'immensité d'une ville, pourtant modeste, aux maisons colorées et où la foule abonde. Ma solitude se brise nette et je m'inquiète d'abord de trouver un refuge pour me terrer comme un animal craintif. Puis je me rends compte qu'il est peut-être temps de sortir de ma coquille, de me mêler au reste des mortels, de grandir.
Evidemment, je ne saurais vivre autrement qu'entourée d'êtres à fourrure ou à plumes. Sans eux, le monde serait bien trop effrayant, bien trop cruel. Il était donc logique que je travaille auprès d'animaux, dans une petite boutique sans prétention où il fait toujours chaud. Mes richesses ne m'ayant pas suivie sur cette terre, j'offre mon corps et mon visage à quelque appareil en échange d'argent. Au fond, j'apprécie de donner mon image car je me sais jolie, même si l'effervescence de certaines journées joue sur mes nerfs et ma sensibilité. Qu'importe, je suis fille du Soleil et puis donc supporter d'être touchée, manipulée, entourée de presque inconnus.
A mon arrivée, ce monde me semblait bien grand mais c'était pour mieux me cacher, le temps de m'habituer. A présent, je souris aux gens, je discute, je m'adapte....tout en espérant secrètement que mes anciens amis pourront un jour me rejoindre.