« Parfois , je ne comprend pas ce qu’il se passe dans votre tête, Mademoiselle.
– C’est la raison pour laquelle je n’attend jamais réellement quoique ce soit de l’humanité : elle est généralement médiocre. »

L’employée n’avait même pas eu besoin de faire semblant d’être choquée des propos que tenaient Haneul Shin : elle l’était. Honnêtement, elle ne pouvait que louer la facilité qu’avait cette femme à surpasser les attentes de tout le monde en matière de méchanceté et d’attaques ne fussent que verbales.  Parfois elle se demandait si elle pensait chacun de ses mots ou si ce n’étaient que des affirmations spontanées, cette fois cependant , elle pouvait observer la marque de sincérité dans son regard sombre. Elle n’avait pas pu retenir un frisson. Sans qu’elle n’aie fini de lui en donner l’ordre , elle s’était précipitée à l’extérieur de « Full Moon » et avait démarré la voiture , l’amenant à la porte arrière sans allumer les phares pour rester plus discrète.   Quelques instant plus tard, la directrice de l’établissement était sortie. Dans un hanbok moderne composé d’une chemise à fleur sur fond noir et d’un long jupon en soie rouge, les pieds chaussés de talons hauts et sombres, ses cheveux  rassemblés dans un chignon tressé. Elle semblait comme toujours , a cheval sur deux époques ; pas tout à fait sortie de la sienne , pas tout à fait entrée dans la nouvelle.  Elle était entrée à l’arrière du véhicule et  l’avait laissée la conduire a vitesse réduite loin du centre ville avant de la laisser allumer les phares pour aller plus en dehors des voies urbanisées. Passant les usines qui semblaient avoir été désaffectées pour le seul besoin d’ajouter de la texture à cette ville sans âge, elle était descendue une fois qu’ils s’étaient garés et son regard s’était arrêté sur deux hommes qui semblaient l’attendre à l’entrée des catacombes.

« Comment est la situation?
– Je dirais comme d’ordinaire, Mademoiselle. Les parieurs habituels sont là, on à aussi fait venir jusque ici les m-.. »

Mais elle l’avait interrompu. Elle savait visiblement de quoi il voulait parler  avait finalement posé un pied sur la première marche de l’escalier qui menait au lieu qui les intéressait.  Soulevant légèrement sa jupe pour ne pas qu’elle ne traîne au sol elle s’était enfoncée dans la catacombe  grimaçant comme souvent à l’odeur de moisissure qui en émanait. Elle détestait cela.ça sentait comme la pauvreté.  Plus loin ses oreilles avaient été remplie de l’émulation provoquées par les cris et les bruits sourds des coups portés avec répétition.   Debout sur l’avant dernière marche, elle avait pris un temps pour admirer le monde de tous les excès.  Ils ne valaient pas mieux que des animaux.

Ci et la elle pouvait voir deux autres employés de « Full Moon » récolter argent et reconnaissance de dette, noms , adresse des participants et spectateurs. Après tout elle n’était pas seulement là pour s’amuser et profiter du spectacle lamentable qu’offraient bien souvent les humains quand ils étaient mis ensembles. Non , sa présence ici , comme souvent – comme toujours – depuis un an qu’elle avait rencontré l’organisateur de ces petites parties, était professionnelle.

Autant que pouvaient l’être la tenue de paris illégaux.
Ça générait un travail supplémentaire monstrueux que de tenir un livre de comptes parallèles.  Mais ça lui convenait ; elle aimait l’argent. Elle l’avait toujours aimé.  Encore plus depuis qu’elle avait compris qu’il était l’objet qui amenait le plus de pouvoir dans ce nouveau monde.

Une marche de plus.  Encore une.
Son nez avait assaillis par  un mélange d’odeurs âcres, poussière, sang et sueur.  Les lumières tamisées de l’endroit et les vapeurs d’éthanol qui prenaient à la gorge.  Ça sentait comme les champs de batailles. Presque . Il manquait à cela l’odeur de la mort et le goût du désespoir.   Un frisson avait secoué son corps. Ce n’était pas de la peur, ce n’était pas de l’inquiétude : c’était de l’excitation et dans son cas , elle était presque sexuelle. Avançant dans la foule, la jeune femme avait salué avec un sourire de convenance les clients réguliers, tant ceux qu’elle avait amené pour faire monter les enchères que ceux qui étaient venus par le biais de l’organisateur et récupéré un  dossier compilant les chiffres de cette première partie de soirée.  Ses yeux cherchaient l’homme  - ou la bête, qu’elle était venue rencontrer.

Arkasis Lupin.
Honnêtement , elle ne se souciait pas réellement de ce qu’il avait pu être dans le passé. Elle ne connaissait rien sur la vie en Europe et elle n’était pas certaine que c’était quelque chose qui lui aurai été d’une quelconque utilité.  Marquant une pause elle avait été prise d’une quinte de toux.

Saleté de virus.
Saleté de monde.
Saleté de Suprême.

Elle le maudissait au-delà de ce que les mots pouvaient dire, avec toute sa chair et le métal de sa lame.
Quelque fois elle se  demandait si ce n’était pas une punition , cette vie.

Pour les caprices de son existence qui avaient souvent mis  en  danger l’équilibre.
Pour ce qu’elle avait fait à …

elle devait être en train de délirer.  Posant une main sur son front , elle avait cherché à vérifier le niveau de fièvre qu’elle pouvait avoir.  Les antipyrétiques semblaient le garder sous contrôle.  C’était déjà ça de pris. Elle ne pouvait pas avoir l’air trop malade. Elle ne pouvait pas avoir l’air faible. La teinte bleue avait commencé à a gagner son dos et remontait lentement sur ses épaules. Bientôt il lui serai difficile de cacher sa condition.

Haneul détestait cela.

Son regard s’était enfin arrêté sur l’objet de sa recherche. Se reprenant elle s’était avancée vers lui et avait mit sur son visage un sourire polit.

« Monsieur Lupin, comment allez vous ? c’est un plaisir comme toujours. » des babillages. De la politesse de façade a montrer pour les autres , eux : ils n’en étaient plus là depuis longtemps.  Ils y avait entre eux ce lien que seuls les êtres qui ne peuvent pas vivre sans violence pouvaient ressentir. Un instant elle s’était détournée de lui pour regarder le combat qui faisait rage, se délectant du bruit des os qui se brisaient parfois sous les assauts. « Aujourd’hui ...j’ai amené des participants très motivés ...puisque s’ils gagnent j’ai dit que j’effacerai leurs dettes ... » naturellement , puisqu’elle avait l’intention de ramasser l’argent des paris pour les rembourser . Par ailleurs, elle doutait que la plupart ne s’en remettent que ce soit physiquement ou mentalement. Et puis si ça ne marchait pas suffisamment ils savaient que d’autres paieraient pour eux ; leurs conjoints, leurs parents , leurs enfants , des amis … on ne pouvait pas avoir des dettes non payées avec un gobelin.  «  J’espère que vous êtes en forme, j’ai de grandes attentes ce soir ... »

Enfin elle lui avait tendu le papier des chiffres prévisionnels des gains et bénéfices de cette soirées.  Ce ne serai pas leur meilleure mais il y avait de quoi être satisfait et elle ne doutait pas qu’ils pourraient  faire monter les enchères a un moment ou un autre.

C’était une bonne soirée.

Shin Haneul avait toujours aimé les batailles. Toutes sortes de batailles , On Dal avait tenté de la défaire de cette passion, et honnêtement s’il avait été le premier , il n’avait pas été le dernier.  Quelque fois elle se demandait si c’était sa nature de Gobelin qui aimait les massacres ou est-ce qu’elle était un cas particulier parce qu’elle était née d’une épée. Une épée ancienne, une épée qui avait servit tant et tant de généraux et traversé les âges.  Laquelle de ces deux natures faisait d’elle un être aussi cruel et aussi infichu de se défaire de cette soif ?  Quelqu’un lui avait dit que c’était sans doutes qu’elle avait été forgée avec une mauvaise âme et qu’en suite elle avait bu trop de sang et que pour finir, elle était sans doute née d’un mauvais souhait.  Quelque chose dont Dal n’avait peut-être même pas eu conscience lui-même alors qu’il l’enterrai et qu’il priait au dessus de cette étrange tombe.

Qu’avait-il souhaité ? La mort de ses ennemis ? La sienne ? La fin de la guerre ? Ce qu’il avait fait finalement  importait peu selon cette personne, après toutes ces années au milieu du champs de bataille , il avait sans doute juste mit toute sa haine, toute sa rage et toute ses craintes dans cette tombe ou elle était née.  Haneul aurai pu être une toute autre créature si elle était née d’une épingle à cheveux échangée entre deux amoureux, ou d’une arme d’apparat.  Peut-être que c’était vrai, ou peut-être pas, personne n’avait aucun moyen de le  savoir ,mais si au contraire de ses comparses nés de situation moins violentes , elle avait perduré dans le temps c’était sans doutes la preuve qu’être inoffensif était une tare même pour les déités.

Haneul n’était pas inoffensive.
Elle ne mourrait pas et d’ailleurs ;
elle n’éprouvait jamais aucune difficulté à se débarrasser de ceux qui pouvaient lui causer du tors.

Le monde  marchait ainsi, il l’avait toujours fait et dans le futur il ne changerai pas. Survivre, perdurer ...tout cela n’était qu’une question d’adaptation.  Ici à Mirapolis la situation ne faisait pas exception.  Haneul s’était adaptée et quiconque de ses anciennes connaissance  avait fini par atterrir ici, n’avait qu’à la laisser vivre de la façon qui lui convenait ou mourir en silence comme dans leur ancienne vie.

Arkasis était un exemple d’adaptation.  Elle ne savait pas trop dire ce qu’il faisait quand il n’était pas dans les combats illégaux – et pour dire toute la vérité , elle ne s’en souciait pas réellement – mais il semblait vivre dans cette ville comme s’il était né pour cela.  Quand au fait qu’il appartenait à une caste très particulières de créatures qui avait vécu en occident , c’était assez évident , elle se demandait cependant ce qu’il avait pu être exactement et si elle avait rencontré dans ses régions natales des êtres de sa trempe.

Sa façon de parler de lui à la troisième personne avait été un peu perturbante au départ mais de toute façon elle n’avait pas le temps de s’en préoccuper et le temps passant la coréenne ne semblait même plus le remarquer.   Acceptant sa demande , elle s’était installée confortablement à la place qu’il avait réservé pour elle , alors qu’il lisait les documents qu’elle lui avait apporté.

Tout allait plutôt bien et habituellement , avant qu’il ne remarque son état de santé. Haneul s’était crispée. Que pouvait-elle répondre à cela de toute  façon ? Son nez s’était froncé, par réflexe.

«  J’espère aussi, que ce n’est pas trop grave.  Je n’y connais pas grand-chose. C’est  la première fois de toute mon existence , que e suis ..malade. »

Elle avait soufflé comme un aveux en essayant d’être la plus détachée possible de la situation. Si elle ne le faisait pas elle ne savait pas a quel point elle allait finir par s’énerver. Même dans plusieurs années, même quand elle aurai récupéré ses pouvoirs, même quand elle aurai pris sa vengeance, cela resterai sans doutes une des plus grosses vexassions de son existence.   Il n’y avait pas plus rancunier qu’un Dokkaebi. Pas plus vexable non plus d’ailleurs.

«  C’est une bonne chose, qu’au moins un de nous soit en forme. Encore que ce n’est pas comme si le reste du temps je participait réellement. »

Autrefois elle l’aurai peut-être fait.
Mais elle n’était pas une excellente lutteuse, surtout pas après autant d’années passée dans la paix.  Au cors a corps de toute façon , elle n’était pas aussi confiante qu’avec une arme.

« Cela dit pour le dernier combat de cette nuit et  donc j’espère bien votre adversaire ...j’ai bon espoir qu’il s’agisse  de cet homme là.  » elle en avait désigné un , battit comme un rugbyman qui semblait plein de nerfs en attendant son tour pour son premier combat. « Je l’appelle « En sursit » parce qu’il me dois plus d’un millier de suprêmes.  Il semble que dans son autre vie , il était dans la gladiature. Aussi médiocre que soit l'espèce humaine , celui-ci devrai avoir quelques compétences. »

Visiblement , elle attendait beaucoup d’amusement.
Pour un peu toute cette excitation  menaçait de lui faire oublier sa condition de malade.