☙ Silène Millepertuis ❧ Qu'est-ce donc qu'une mauvaise herbe, sinon une plante dont on n'a pas encore découvert les vertus ? ☬

PSEUDO: Ipiutiminelle ; ÂGE: 32 ans ; PRÉSENCE SUR LE FORUM : Aussi souvent que la vie réelle me le permettra ; NIVEAU DE PUISSANCE (0 ou 1) : 1 ; UN DERNIER MOT ? Quelqu'un a vu ma petite graine ?  

Je suis né il y a bien longtemps sur les pans du mont Cyllène en Arcadie, mais cette naissance ne fut pas heureuse pour tous. Je naquis doté de petites cornes, avec une queue et des pieds de boucs. De ce qu’on voulut bien me raconter, ma mère, était une nymphe d’une fort grande beauté mais dont la jeunesse n’avait d’égal que la vanité. Je ne connaîtrais sans doute jamais son nom et ne saurait ce qu’elle est devenue car je n’ai croisé qu’une seul fois son regard, le premier jour où j’ai ouvert les yeux. Dire que cet instant hante mes souvenirs serait vous mentir.
Ma génitrice, car je ne pourrais jamais appeler mère cette femme que je n’ai pas connu, détesta mon apparence et me laissa là, seul. Une fuite dont j’ignore si elle eut une fin. C’est mon père, Hermès, qui vint chercher le nouveau né que j’étais auprès des nymphes des bois qui m’avaient ramassé sur le sol où on m’avait laissé. Et c’est lui encore qui me conduisit sur l’Olympe, le domaine des dieux.

J’obtins sur cette terre de générosité et de volupté mon nom : Pan, celui qui fut accueilli et qui plut à tous les dieux. Je grandis entre l’Olympe et les forêts où je dansais avec les nymphes des bois. En grandissant je ne cessais de flirter avec elles et jouer à des jeux de plus en plus osés. Parmi les dieux, celui dont je fus sans doute le plus proche fut Dionysos et je ne peux compter le nombre de fois que je me suis envolé à ses côtés, bien sûr pas de manière littérale. Mais je voyais bien que sur l’Olympe, mon apparence dénotait. Mes cornes que caressaient nymphes et bergers pour me transporter dans les méandres du plaisir attiraient le regard, ma queue de bouc faisait froncer les yeux et mes sabots à la place de mes pieds attiraient parfois dégoût et pitié. Je n’ai jamais eu honte de mon apparence et bien des êtres l’ont trouvée fort belle, mais lorsque j’en eu marre de leurs regards, je décidais de quitter l’Olympe pour vivre sur terre parmi les mortels, les bergers, les chevriers et les animaux, qui, comme moi étaient en osmose avec la nature. J’étais après tout le dieu des bergers, protecteur des troupeaux, des habitants des bois et des prairies. Mais aussi des chasseurs qui ne pouvaient trouver du gibier que si seulement je le permettais.

La vie sur la terre ne fut pas toujours douce à mon encontre, bien sûr, et je ne peux qu’en vouloir à Eros de m’avoir fait éprouver un amour pour une nymphe qui ne voulut jamais s’offrir à moi. Elle s’appelait Syrinx… et d’elle je fis naître de mes mains sans doute le plus doux des instruments de musique que je pus inventer. Changé en roseaux pour ne point me céder, elle devint flûte champêtre entre mes mains que les bergers appelèrent bientôt syrinx ou flûte de Pan. À combien de héros et de simples manants n’ai-je pas appris à jouer de cet instrument ? Que cette mélodie est douce lorsqu’elle est portée par le vent. D’ailleurs beaucoup, sans mentir, l’on qualifiée de divine.

Je me rappelais aussi cette Oréade appelée Pitys qui implora mes pairs pour échapper à mes attentions. Elle qui devint pin pour que jamais je ne puisse l’étreindre. Et cette nymphe portant le nom d’Echo qui tenta bien mal de se refuser à moi. Je me rappelle encore aujourd’hui l’hystérie que j’inspirais aux bergers de la région afin qu’ils la mettent en pièce pour avoir suscité ma peine. Ses membres furent dispersés par eux sur toute la terre et Gaïa la recueillit en son sein. Tous ses membres disjoints gardèrent alors le pouvoir de répéter sans fin les derniers mots d'une phrase.

Je crus que Séléné, la douce et magnifique déesse de la Lune serait un jour mon aimée, mais elle devint seulement mon amante après que je l’eus séduite en lui offrant un troupeau de bœufs blancs. Longtemps elle fut mon plaisir mais je la partageais avec son humain qu’elle gardait endormi. Je n’ai jamais compris comment on pouvait rester des millénaires durant amoureuse d’un homme qui ne pouvait pas même la regarder et la toucher. Oh bien sûr rien ne l’empêchait de s’unir encore et encore à lui dans son sommeil mais je trouvais cela si triste et si pathétique.

J’eus moi aussi mes désirs pour quelques humains, comme Daphnis, mon beau berger… Je fus si triste à sa mort que des saisons durant, bien des terres restèrent stériles. Mais pour lui non plus je n’étais pas le seul. Toute ma vie durant j’ai essayé de trouver quelqu’un qui m’aimerait vraiment et qui ne ferait pas qu’apprécier ma compagnie un temps, tant par la faute des ans que pour assouvir d’autres désirs, mais ma quête ne trouva jamais de fin et c’est pourquoi je consacrai ma vie aux plaisirs de la chair, pour combler ne serait-ce qu’un temps ma solitude.
C’est d’ailleurs moi qui appris la masturbation à mon père Hermès et qui l’enseigna ensuite aux bergers.

Mais j’avais aussi d’autres jeux comme celui d’instiller la peur aux voyageurs qui s'égaraient dans les bois. Combien de fois ne les ai-je pas épouvantés par mes brusques apparitions ? Une expression d’ailleurs est née de mes amusements sylvains : la terreur panique. Lors de la bataille de Marathon, je me rappelle qu’en échange d’un culte à ma personne en Attique, j’avais promis aux grecs d'effrayer les Mèdes. De même que le peuple gaulois qui fut saisi d’une peur panique et s’arrêta en entendant mes cris alors qu’ils traversaient la Phocide conduits par Brennos pour venir piller Delphes. Et cette fois encore, en Inde, où lors d’une expédition aux côtés de Dionysos, je semai la panique auprès de nos ennemis à l'aide de l'écho des parois rocheuses qui les entouraient. Le bruit venant de nulle part, ainsi que le paysage terrifiant et sombre dans lequel ils se trouvaient, amenèrent les guerriers à imaginer des voix, des ombres humaines, et tout ceci les rendirent fous. La panique que j’étais capable de créer alors était liée à la foule hystérique en raison de ma capacité à faire perdre leur humanité aux guerriers en plein combat.
Les grecs me donnaient affectueusement le surnom de philocrotos, l’ami du bruit, mais une fois, une seule fois, je dus m’enfuir devant un être qui se montra beaucoup plus bruyant que moi. Cet être était un titan appelé Typhon.

Jadis doué du don prophétique, je fus l’un des premiers devins de la Terre et j’instruisis Apollon sur bien des choses de la vie dont celle-ci.
Apollon n’était pas un mauvais élève mais je garde un goût amer de ma défaite contre lui lors d’un concours musical auquel je l’avais défié poussé par mes tendres amies les nymphes. Ce concours était alors jugé par Tmolos un roi Lydien et Midas, mais… Tmolos jugea que le son de la lyre l’emportait sur ma flute et tous furent de son avis sauf Midas. Je me rappelle que pour le punir de son choix, Apollon l’avait doté d’oreilles d’ânes. Pauvre Midas qui ne méritait pas ça.

J’ai été autrefois vénéré dans bien des lieux. Le centre de mon culte était alors l'Arcadie et on nommait mes fêtes Lycées. Mes principaux sanctuaires étaient en Arcadie à Heraa, sur le Nomion (près de Lycosoura), sur le mont Parthénios, à Mégalopolis, à Acacesion, où un feu perpétuel brûlait dans mon temple auquel était annexé un vieil oracle; et tant d’autres comme par exemple dans l'Antre Corycien au-dessus de Delphes, à Troezen, sur l'Eresinus, entre Argos et Tégée, à Oropos, à Athènes, près de Marathon, sur l'île de Psyttalie, et en Thessalie à Homala. Je fus connus dans tout l’empire romain et même jusqu’en Egypte où on me donna d’autres noms.

Lorsque les dieux commencèrent à s’endormir et que les hommes ne crurent plus en leurs existences, je me retranchais dans les forêts de naguère et tel le yéti des contes humains, je devins une légende que l’on contait au coin du feu. Me montrant parfois aux hommes et femmes en quête de plaisir dans les bois.

Je ne pouvais garder mon nom d’origine, et de mes souvenirs j’ai fait naître le nom qui le mien aujourd’hui : Silène Millepertuis. Deux noms de fleurs pour moi qui n’ai eu durant des siècles que les forêts et les montagnes comme horizon.
Même si c’est un nom que j’ai choisi, il sonne encore un peu étrange à mes oreilles et cela me perturbe parfois de ne pas entendre murmurer mon nom d’autrefois.

Cryptique des forêts je me suis réveillé dans une clairière de ce monde clos il y a seulement une quinzaine de jours et je dois dire que l’étrange clé que j’ai trouvée près de moi m’a intrigué. Sur elle se trouvait un bout de papier, une adresse que je me suis empressé de vérifier. C’était celle d’un bâtiment vide où il suffisait de penser pour l’aménager. Juste une fois disait le mot qui s’était transformé. Alors j’ai pensé, j’ai pensé et j’ai regardé ce corps qui avait tant changé, j’ai fermé les yeux et j’ai imaginé.

Ainsi est née ma boutique de fleurs : La Tulipe Noire.

Avoir des pieds est une chose étrange pour moi mais je crois que cela ne me sied pas trop mal. Ils me semblent plus adaptables dans les arbres, sur le sol… ma foi j’ai l’impression d’avoir perdu quelque peu en rapidité…et puis les pieds humains me semblent si fragiles. Je passe ma vie à pieds nus en forêt et j’espère les endurcir… certaines peuplades y arrivent, je le sais.

Les mondes sauvages et la nature sont des éléments qui ont toujours fait partie de ma vie et je ne saurai les occulter et vivre en ville. Je crois que le Suprême Enfoiré, comme semble être le nom de celui qui nous a emmené ici, a pu lire mes désirs en moi et c’est sans doute pour cela que je possède un domaine bien à moi dans les bois. Ce petit coin de nature, je l’ai nommé le Domaine de Brocéliande et comme autrefois je m’amuse avec mes expérimentations et… je dois dire que je suis assez doué. Actuellement de mon doigt je sais faire pousser bien des fleurs… mais j’espère déjà que bientôt cela changera et que je redeviendrai celui que j’étais autrefois.

Dans mes bois je me sens libre et bien souvent je ne porte pas de vêtements… J’en passe cependant pour ne pas me faire remarquer parmi les humains en ville… Jadis que je mettais que des hauts… rarement des pantalons et je vous avoue que j’ai l’impression de me sentir prisonnier… si seulement je pouvais éviter d’en porter.
D’ailleurs je n’hésite pas à faire des farces à ceux qui viennent se baigner sur mes terres ou s’ébattre… il arrive que des vêtements disparaissent…

Des expériences que j’ai mené dans ma chère forêt sacrée, j’ai fait naître un aphrodisiaque à base de mes plantes et d’un ingrédient secret et bien que je n’aie pas vraiment besoin de ça pour faire naître la luxure dans les envies de mon prochain, je l’ai testé quelques fois… c’est d’ailleurs l’un des produits que je vends dans mon arrière boutique. Besoin d’un simulateur, d’un aphrodisiaque ou de tenir toute la nuit ? Prononcez simplement le mot de passe… et vous l’obtiendrez.