Thérapie divine

Le tourne disque en mache diffusait quelques douces sonorités de salon, pendant que le feu crépitait dans l’âtre faisant craquer les quelques buches secs. Assis dans ce vieux fauteuil de velours, un jeune homme aux allures distingués comme on aimait l’être à l’ancienne époque, se tenait près du feu réconfortant, un verre de scotch dans la main et dans l’autre, un vieux recueil de pensées abstraites étant un mélange douteux de philosophie et de poésie. Mais c’était ce genre de lecture qui en ce moment, l’apaisait, lui faisait oublier ces atroces appels de la mer. Plus rien n’existait, juste ces quelques mots qu’il ingurgitait pour rassasier sa pensée, et l’ambiance dans laquelle il s’était plonger, souvenir des jours meilleurs avant que la vérité ne vienne tout défaire de sa vie.

La, c’était comme si en buvant quelques goutes, il revivait ce qu’il était. Etre cet homme qu’il aimait tant incarner, un homme doter de toute son intelligence, possédant un capitale important pour réussir dans l’existence. Un médecin respecter et respectueux qui vivait dans un monde sertes dangereux, mais rassurant. On lui avait offert à la fin le don de l’éternité. Mais qu’elle en fut le prix. Tout sacrifier, tout vendre afin de vivre à jamais dans les bas fonds de son monde à ne pouvoir rien espérer ou entreprendre ? Devenir aussi éternelle que ces dieux de marbres gardant les temples sans jamais rien aspirer ?

Voila qu’il s’était aller à quelques pensées qu’il voulait chasser ce soir. Magnus se calma. Allons, ici il ne risquait rien, à l’abris du regards et de la volontés des dieux. Loin de la tentation de vouer son âme à une quelconque déité obscure. Ce manoir était son refuge. Un refuge qui pourtant, voulait bien partager en laissant quelques êtres perdus venir le trouver et obtenir son aide. Magnus se voulait toujours réconfortant et guider ceux qui au fond, était comme lui. Et on dirait que quelqu’un venait justement lui chercher un quelconque soutient.

Sans frapper ni sonner, la prote de sa demeure s’ouvrit. Edward se retourna pour voir entrer un homme qui se tenait juste là. Abandonnant son livre, le psychologue alla à la rencontre de cet étranger qui a prit la peine de venir jusqu’à chez lui.

"Soyez le bienvenu. J'imagine que vous venez demander une consultation vu que vous passez par la porte de mon cabinet."

Il se retrouva en face de lui et pouvait mieux le détailler. Il s’agissait d’un bel homme, asiatique. Brun comme lui avec une barbe finement taillé. Difficile de lui donner par contre un âge, car disait-on, ceux d’orient possédaient une sorte de don, celui de ne jamais paraitre selon leur âge. Un homme de quarante ou cinquante ans par exemple, pouvait paraitre entre dix ou vingt fois moins. Mais voyant sa stature, c’était tout d’un homme mature qui semblait en avoir vu des choses. Son regard lui, ne trompait pas.

Son nouveau patient s’exprima à lui avec une certaine autorité, un ton ferme et direct qui accompagnait bien de la stature qu’il adoptait devant lui. Magnus en déduisait qu’il ne s’agissait pas la d’un jeu pour impressionner son médecin, mais bien du caractère propre de cet homme. Etant un spécialiste des monstres et des dieux humanisés, le psychologue en déduisit qu’il s’agissait là d’un indice sur la personnalité caché derrière cette façade de chaire et d’os. L’homme confirma bien être la pour parler du trouble causé par un vide, cas typique pour un être puissant ayant perdu sa superbe et son apparence, se retrouvant coincé dans le corps d’un mortel.

Mais avant toute chose, l’inconnu interrogea son thérapeute. Il voulait savoir si celui-ci était un de ces fantômes sans âmes qui erraient dans la ville juste pour lui donner une illusion de vivant. Edward était en apparence quelqu’un de calme, et sa profession imposait souvent un détachement émotionnel envers ceux qui lui rendent visite et raconte les histoires les plus tragiques. On pouvait alors le prendre pour ces reflets sans nom qu’une entité ayant sans doute de bonnes intentions, eut placer pour répondre au besoin de cet inconnu.

"Que je sois un reflet ou non, quelle importance. Le plus important n'est-il pas de parler de vous et vous apporter l'aide dont vous avez besoin ?" Dans un sens, il n’avait pas tort non ? L’homme avait besoin de parler, trouver un sens, une aide. Que Magnus ne soit qu’une vulgaire illusion ou bien un être doué de conscience propre, ne changeait en rien.

Mais peut-être que justement, se voir entourer de fantômes fantasmagoriques qui erraient comme les âmes perdus dans l’Erèbe pouvait déjà être quelque chose de perturbant. Tout ce monde qui semble si vivant mais en réalité, n’étaient que des marionnettes faisant douté de nous même. Peut-être avait-il peur de se voir devenir fou et se sentir seul.

"Si cela peut vous aider déjà alors soit." Disait-il toujours sur ce ton calme et posé alors qu’il relevait le haut de sa manche pour dévoiler un avant bras nu sans la moindre marque. "Si vous êtes à présent rassurer mon chère, nous pouvons commencer ?"

L’épreuve du reflet ne semblait pas suffisant. Mais soit, Edward avait un peu l’habitude avec ses patients. Ils voulaient être rassurer, constater si la personne engagé était apte à leur fournir le service demander. On aimait tous s’assurer que l’artisan qu’on engageait ferait du bon travail, car après tout, c’était de l’investissement avec le psychologue qui ne devait pas réparer votre charpente, mais votre esprit. Encore, Magnus n’avait pas la prétention d’être le meilleur dans son domaine, il apportait son aide comme un bon samaritain, malgré que lui-même était ronger par une douce folie qui le consumait peu à peu. En tout cas, si lui ne se prétendait pas être le meilleur, son client quant à lui, ne se prenait pas pour n’importe qui. Un dieu carrément. Quand on parlait de déité devant Edward, le jeune homme ressentait quelques picotement dans la nuque, souvenirs douloureux d’une vie d’horreurs. Si vous avez lu sa fiche de présentation, vous savez de quoi on parle. Oui, je me permets de briser le quatrième mur en écrivant et alors ?

"Si vous doutiez vraiment de mon aide, vous ne serez pas venu me voir." Il pouvait bien être sceptique ou désespérer, en tout cas s’il était chez lui à cette heure, c’est que ce « dieu » avait besoin d’aide. Donc, savoir si Magnus avait le niveau ou non, ne devrait pas être une priorité. "Effectivement, j’apporte mon aide et ce sera à vous de me dire si elle vous ais utile ou pas à la fin." Avoir la prétention de dire qu’il était capable, le meilleur, c’est prendre le risque de prouver le contraire. Et puis, contrairement à un vendeur d’aspirateur, on ne pouvait pas tester, examiner le produit avant de vraiment l’essayer. Il n’y avait pas d’avant présentation. Pour voir si un psychologue était efficace, il fallait profiter de quelques séances pour voir. De toute manière, Edward était au moins convaincu, bon ou pas, on avait cruellement besoin de psychologues, voir de psychiatres dans cette ville remplit de cinglés.

En temps normal, un homme ou une femme qui viendrait vers vous pour vous dire qu’il était une ancienne déité, serait rapidement diriger vers l’institut spécialisé le plus proche. Même un psychologue cocherait la case « dérangé » et hop, bon à enfermer et mettre sous médocs. Mais les choses étaient différentes ici. Déjà, Magnus eut l’occasion de croiser la route de ces anciens dieux. Des êtres à la notion si complexe qu’elle échappait à tout être mortel. Et cette ville, qui regorgeait de créatures et divinités païennes prisonnier dans des corps de chaire. Donc, le jeune et fringuant jeune homme ne pouvait que donner crédit à son discours.

Son patient confessa qu’il était bien venu chez lui car il éprouvait un manque, que cette transition de la déité à la mortalité provoquait un vide. Une première étape franchit, Edward donc, invita de la main à prendre ses aises pendant que lui, prit de quoi noter. Ceci-dit, l’entretient ne débuta pas immédiatement. Ou bien si. En réalité, il n’y avait pas de grosses procédures à suivre, il fallait s’adapter à la personne en face à chaque fois. Et là, on débutait par les questions du patient, qui fit une bien curieuse demande.

"J’en déduis que vous êtes un dieu des tempêtes." Magnus réfléchissait à qui, il pouvait avoir à faire. De ses années d’études, il savait que les dieux païens liés aux orages avaient souvent un caractère foudroyant, ce qu’il voulait dire qu’ils explosaient facilement à la moindre contrariété. Mais les noms des dieux qui lui venaient furent surtout indoeuropéens. Il pensait à Zeus, ou Poséidon, ainsi que Thor. Mais ces trois là, suffisèrent à l’informer sur la démarche à suivre. "Quitte à choisir, je dirais alors les éclairs. Ils illuminent le ciel comme des feux tombant sur terre et sont symboles de puissance." Le pensait-ils vraiment ? Sans doute un peu de flatterie pour soulager l’ego d’un dieu, mais il faut ce qu’il faut.

"Bien, et si justement vous commenciez par vous présenter. Dire qui vous êtes et ainsi exprimer ce vide que vous ressentez."

Magnus éprouvait une certaine petite fierté d’avoir réussit le teste de son nouveau client…Patient ! Le psychologue n’était pas inquiet pour cela. Pas qu’il se pensait assez intelligent et malin pour réussir, juste qu’il se disait que s’il réussissait, il pourrait aider le nouveau venu, sinon et bien ce serait dommage. Donc, le praticien ne s’infligeait aucune pression. Mais savoir que ses réponses furent jugées bonne, avait toujours un petit côté satisfaisant. En guise de récompense, l’homme se présenta sous son nom. Celui de son ancien monde ou d’ici, voir les deux, en tout cas il se nommait Raijin, dieu du tonnerre et de la foudre également. Magnus décocha un léger sourire aimable et lui accorda une petite révérence. Ne mettant pas en doute sa parole, il voulait lui rendre un minimum d’honneur et de respect.

"C'est un honneur que de vous rencontrer, divin Raijin."

Homme cultivé, Edward reconnu là une déité japonaise. Ce qui différenciait des grands Anciens ayant détruit sa vie et son mental. Ce qui le rassura. Après, il n’était pas complétement aux faits des légendes japonaises, il ne connaissait que quelques grandes lignes et donc voulu se montrer très prudent pour la suite.

La séance pouvait donc débuter. Et on pouvait dire que Raijin ne manquait pas de mot pour s’exprimer. N’ayant plus de raison de se retenir, il balança ainsi tout son émoi, expliquant sa frustration de se retrouver dans un corps mortel, privé de ses pouvoirs et obliger de subir le quotidien de ses adorateurs. Situation complexe en effet, Magnus pouvait le comprendre un peu. Il était de stade humain à monstre puis à nouveau à humain en un claquement de doigt, devant tout réapprendre et perdant au passage, ses pouvoirs comme l’immortalité.

"Je voie ce que vous voulez dire. C’est un choc très fort de se voir tout perdre en un instant et devoir découvrir une nouvelle vie avec ses contrariétés et ses limites." Edward se rappelait justement qu’en même temps que sa première transformation, sa mentalité se modifia en même temps, lui faisant voir le monde différemment. Mais maintenant qu’il était redevenu « normal » il sentait un manque à en devenir fou aussi. "Vous aviez un rôle très important avant. Vous me parliez d’un certain Fujin, votre frère. Est-il dans la même situation que vous ?"

On pouvait dire que cela débutait plutôt bien. Raijin était plus disposer à parler et répondre aux questions du psychologue. Il n’existait pas une façon de faire, de schéma à respecter pour aider tout le monde. En psychologie, la méthode devait être adaptative. Connaitre son patient, savoir comment lui parler, à quel moment, être patient etc. Pour le moment, Edward cherchait justement à mieux connaitre le dieu déchu. Il nota que son caractère, sa personnalité, éclatait aux premiers instants comme une tempête qui gronde. Orgueilleux comme un dieu, il ne semblait avoir aucun mal de parler avec franchise, une confiance hautaine d’où il ne redoutait pas les possibles conséquences. Habitude sans doute, se croyant encore invincible parmi les mortels.

"Vous pensez que votre situation n'est que temporaire ? Que vous redeviendrait chef du ciel bientôt ?"

Cette croyance, beaucoup de ses patients l’avaient. Ils expliquaient ce qui leur est arrivé de telle ou telle manière. Que bientôt, d’une façon ou d’une autre, ils retrouveront leur gloire d’antan. Hélas, cela n’arrivait jamais. Ils finissaient petit à petit par accepter leur sort. Et c’est la qu’intervenait Magnus, son rôle étant de les aider à s’adapter, accepter et continuer à vivre avec. Ceci-dit, personne n’était la pour l’aider lui. Mais s’occuper des autres aidait Edward à oublier son propre cas, et il se reposait sur son expérience, ses connaissances pour surmonter ce sentiment contradictoire en lui. Un peu trop sans doute.

"Pensez-vous que votre frère soit responsable de ça ?" Alors que tout le monde était dans le même bateau, mais à écouter Raijin, cela sonnait un peu ainsi.

Bien que cela puisse ressembler au début de presque toutes les thérapies qu’il a put mener, Edward devait savoir comment pensait, ressentait les choses et voyait les choses l’homme installer devant lui. En temps normal, il pouvait lui faire un rapide topo pour le mener vers le droit chemin, mais face à un dieu aussi foudroyant, c’était un peu comme marcher sur des yeux. Qu’il ait ou non ses pouvoirs, Magnus voulait éviter de trop le provoquer en se montrant rentre dedans.

Que l’on soit psychologue pour humain, monstres, dieux, animaux ou plantes vertes, on en avait vu du monde. On entendait de nombreuses histoires, mais au final, tout était plus ou moins semblable. Prenons donc le cas de monsieur Cole. Ce qu’il vivait, était commun à tous les dieux déchus de la ville ou presque, évitons de généralisé au maximum tout de même. Un être glorieux, majestueux, puissant pouvant remodeler l’univers, se retrouvait coincé dans un corps de chaire avec juste une fraction de sa puissance. Le discours donc de Rajiin n’était guère plus différends de celui d’un autre dieu. Cela sans doute à contribuer à rendre le plus impassible des hommes Magnus, sans broncher, sans avoir la moindre peur ou facilement aller à la dévotion. Le dieu japonais semble convaincu que tout n’était que temporaire. Peut-être, peut-être qu’un jour, ils retrouveront leur vie d’avant un jour, mais quand ? Ca, Magnus en doutait fortement.

"A ce que je sache, vous n'êtes pas le seul dieu de la foudre." Répondit le psychologue sans retenue. "Sans vouloir voux manquer de respect bien entendu." Un petit coup pour se rattraper et éviter une crise si possible. "Avez-vous justement envisager, qu'il n'y est pas de retour en arrière ? Que notre nouvel état, était définitif ?"

Edward essayait d’en apprendre le plus possible sur son clien…Patient comme tout bon psychologue. Peu familier avec les mythes nippons, il en profitait pour en savoir plus. Mieux connaitre les relations que pouvaient entretenir entre eux les dieux. Ce frère jumeau qui semblait être un rival pour Cole, n’était pas dépeint sous son meilleur jour. Rajiin ne semblait croire qu’il soit responsable de son sort et c’était plausible. Pas grand monde dans cette ville devait le connaitre, pourquoi piéger tous ces gens avec son frère ? Après, ca pouvait être aussi possible pourquoi pas. Mais Cole mit fin à son propre récit, voulant en savoir plus sur l’homme qui explorait sa tête.

Normal, quelqu’un qui s’ouvrait, dévoilant son intimité, pouvait se sentir désarmer, vulnérable et voudrait connaitre une chose ou deux de son praticien afin de rétablir une pseudo égalité. C’était une mise en confiance en fait, le besoin de créer un lien. Enfin, Magnus doutait qu’un dieu comme Rajiin chercherait à se faire des amis comme lui.

"Disons que j’ai eu… Mon lot adventures. D’horreur, de folie. Que j’ai vu et compris des choses qui échappaient à l’esprit humain et que cela ma… Transformer." Littéralement, il avait vue un dieu ancien, sa chaire s’était changer en une abomination immortelle, son esprit s’était formater à cette nouvelle réalité sinon c’était la mort. "Nous pouvons dire que je me suis familier au divin. Que son essence me fut ouverte pour comprendre des lois cosmiques."

Ce n’était pas facile de parler à un dieu. La plus part de ceux que le médecin eut rencontrer, avaient une fort ego. Rajin n’en faisait pas exception. Pour un rien, ils s’énervaient jugeant qu’on manquait de respect pour eux, êtres supérieurs disposant du droit de vie et de mort sur les mortels. Enfin, c’était ainsi au début, jusqu’à ce qu’ils acceptent leur triste condition, que jamais plus ils ne gouverneront des milliers de mortels et modifieront le monde d’un claquement de doigt. Le dieu japonais n’était qu’au début de tout cela. Voila pourquoi, Magnus n’était pas plus surprit ou effrayer que ca, il connaissait, l’ayant vu et revu mille fois. En tout cas, pour mieux comprendre son patient, le médecin rebondissait sur certains éléments un peu en dehors du sujet principal.

"Pour vous, le tonnerre et les éclairs sont plus un art qu'un symbole de pouvoir et de domination ?" Il est vrai que cela différé un peu de Zeus qui avec son foudre, se ventait de sa puissance avec. "Vous êtes un dieu artiste ?" Les légendes étaient écrites par des humains qui se faisaient une représentation de leurs dieux. Mais les principaux intéressés, comment se voyaient-ils ? Avons-nous vraiment interroger ces derniers pour avoir leur vision des choses ? C’était le métier d’Edwards justement, se basé sur la perception de ses patients, afin de mieux analysé et se montrer le plus objectif possible.

Magnus expliqua avoir déjà rencontrer des dieux de toutes sortes. Surtout de ceux dont la vision suffisait à ébranler vos convictions et feraient fracturer votre esprit. Et qu’Edward, n’en était pas sortie indemne. Le dieu de l’orage et des éclaires d’orient alla de son petit compliment que le psychologue accepta avec plaisir. "Je vous remercie votre déité. J’ignore moi-même les séquelles. En ce monde, sans doute un peu comme vous, j’ai ressentis un manque. Quelque chose en moins, une perte. Cela ma pas mal retourner au début." C’était le paradoxe incarné. Devenir un monstre difforme et dégénéré l’avait effrayer, tourmenter. Puis, comme si quelqu’un réécrivait sa psyché, il l’avait accueillit à bras ouvert et maintenant, il ressentait une forme de manque. Que l’horreur et la peur faisaient partit de son être. Il n’y avait pas de mots pour décrire cela, que ceux ayant tenter on finit dans l’Asile d’Arkham.

C’était toujours intéressant d’apprendre à mieux connaitre un dieu. Ceux du paganisme semblaient à chaque fois si humain, avec leurs qualités et défauts, leurs émotions si proches de celles des mortels qu’ils aimaient malmener. Edward pouvait écrire des livres dessus, la psychologie sur le divin, rapporter sans nommer, ses observations et ses réflexions sur le sujet. Il aurait de quoi approfondir, bien plus que tout mythologue existant, se basant sur des écrits ou récits oraux, alors que Magnus lui, côtoyait chaque jours ces êtres mythologiques qui ont façonner nos civilisations.

Ceci-dit, les quelques déités rencontrés étaient pour la plus part lié aux sociétés occidentales. Ici, il s’agissait d’un dieu venant de l’extrême orient qui présentait les choses différemment. La où Zeus exhiberait son foudre comme d’une arme prestigieuse, ou Thor agitant son puissant marteau pour faire trembler ciel et terre, Rajin lui parlait de musique et d’art. Mais pas d’une expression typique, d’une perfection créatrice que les vulgaires mortels chercheraient à imiter sans y parvenir.

"Je voie. Et cela vous manque donc de ne plus battre du tambour avec perfection pour que le ciel tonne ?" Magnus avait besoin de comparer entre l’ancienne vie et la nouvelle de ses patients. Comme un médecin qui identifie les symptômes d’une maladie, le psychologue devait analysé les blessures de l’âme pour aider à les colmater afin que le corps et l’esprits puissant à nouveau avancer sans risque de trébucher, moins en tout cas.

Afin d’établir un lien de confiance entre la patient et le praticien, Magnus consentit à confier quelques brides de son passé. Il confia l’impact qu’il eut avec la rencontre d’un grand Ancien et des conséquences qui s’en suivirent. Ceci-dit, son ressentiment était un véritable chaos, deux parties de son esprits en luttes, rendant sa volonté incertaine et donc, difficile d’apporter une réponse juste.

"Pour tout vous dire… Ce que je ressens est nouveau. Nos désirs évoluent selon notre environnement. Depuis mon arrivé ici, je m’adapte, je me reconstruit, j’apporte un sens à tout cela, à ma raison d’être dans cette ville." Si même la raison de leur présence ici fut celle d’une sorte d’entité pas doué et maladroite qui voulait peut être bien faire, Magnus trouva une raison d’exister ici en apportant son aide, ce qu’il cherchait à faire comprendre.

Cole était vraiment un personnage intéressant. Il était un vent de fraicheur, si on puisse dire. Cela changeait des habituels dieux qu’Edward connaissait. Une vision du monde si différente. Entre les Olympiens par exemple qui jouaient au plus puissant, les Grands Anciens qui n’avaient que faire de la race humaine, et maintenant lui, qui voyait la nature et le monde autrement. Mélodie qu’il disait. Un musicien voué à son art, qui déprimerait privé de son instrument. En temps normal, Magnus proposerait une solution alternatif à ce manque, mais le dieu orageux semblait l’avoir déjà trouver. Edward s’en réjouissait, et tenta de s’en informer un peu plus.

"Et de votre instrument actuel justement. Y jouez vous beaucoup ? Seul ou comptez-vous la faire partager au monde ?"

Il était curieux de savoir si Cole gardait son art pour lui, s’enfermer dans cette illusion solitaire accompagner de ses tristes souvenirs nostalgiques, ou bien comptait-il faire profiter au monde de son talent. Certes, amoindrit par rapport à sa divinité, mais comme quand il faisait tonné le ciel, il pouvait faire gronder une salle. "Vous pourriez justement faire ressentir le grondement, le bruit violent du tonnerre avec la mélodie qui vous viendrait comme avant, et vous recomposer un premier groupe de fervents qui loueront vos orages." De fans quoi.

L’entretient prenait une tournure intéressante, où au lieu juste une personne se confier, à savoir le client, le praticien aussi se confiait. Pas que ce dernier eut vraiment besoin de parler, mais il adaptait son approche et Rajin, sceptique au départ, paraissait mieux accorder sa confiance si en retour, on lui donnait quelques infirmations. Soit, les souvenirs partager du médecin n’étaient pas plaisant, mais il fit ce sacrifice pour le bien commun.

"Je doute que ces dieux viendront ici. Cette dimension ne leur conviendrait pas. Mais si cela devait arriver… J’imagine qu’ils seront comme vous et moi, privé de leur puissance, de leur influence."

Edward devait se rassurer ainsi. Dagon n’aurait plus ses pouvoirs impies et corrupteur, il serait soit un simple mortel, ou bien un poisson ? L’idée amusait le médecin, qui croyait ainsi échapper à ce mal qui l’attirait. Mais en même temps, une partie de lui le regrettait. C’était sa « nature » qui en souffrirait, cet appel qui ne trouverait aucune réponse, cette immortalité qu’on lui retirait. Cette puissance qu’il méritait de droit. Et si justement, ces dieux retrouvaient leur pleine puissance ? Edward ne voulait y penser, mais songea qu’il ferait mieux de s’y préparer.

"Peut-être faut-il voir notre sort comme… Une chance ?"

Utiliser un instrument pour combler un manque était une bonne chose. Edward voudrait savoir à quel point ce nouvel hobby satisfaisait son nouveau patient. Sans doute que taper sur des caisses matériels n’était pas la même chose que sur ses tambours divins. L’humain après tout, cherchait à imiter la perfection de la nature et du divin, mais une copie restait toujours de moindre qualité que l’original. Le psychologue pouvait avoir un peu de peine pour quelqu’un ayant tout perdu, se retrouvant amoindrit. Pour lui encore, il avait eut de la chance car de son état « divin » il n’en a guère profiter longtemps.

"Quand vous l'aurez terminer et que vous serrez l'orchestre et le ciel, voulez vous dire quand vous redeviendrez un dieu céleste ?" Si c’est ca, Cole alors s’accrochait encore à l’espoir qu’un jour, il redeviendrait ce dieu orageux. Pour Magnus, il y avait peu d’espoir. Mais il n’était pas mêlé aux plans du grand enfoiré. Ou de ce qui pourrait encore se passer. Peut-être qu’un jour, tout ceci prendra fin et chacun sera renvoyé dans son univers. Une perspective qui n’enchantait qu’à moitié le psychologue. Ou peut-être que Rajin faisait allusion à autre chose, le praticien cherchait à comprendre la pensée de son patient tout simplement.

De son côté, Edward ignorait si les Grands Anciens pourraient arriver à Mirapolis. Si le grand enfoiré était si puissant, ces dieux décadents se retrouverait grandement réduit, perdant de toute leur puissance pour devenir ces ridicules insectes qu’ils méprisaient tant. Quelle belle ironie. Mais si cela devait arriver, est-ce que leur influence s’effondrerait en même temps ? Edward sera libérer d’eux et pourra profiter d’une vie humaine normale et saine d’esprit ?

Il ne savait pas comment Rajin allait prendre cette idée de « chance » de finir dans un corps mortel. Visiblement le dieu japonais le prenait plutôt bien et concéda qu’effectivement c’était la porte ouverte à de nombreuses occasions. Peut-être que tout le monde apprendra quelque chose d’important de cette histoire qui les fera évoluer dans le bon sens.

"Et qu’avez-vous donc expérimenter jusque là ? Quelles nouveautés avez vous donc découvert ?"

Passer du divin au mortel était un gros changement oui. La vision du monde changeait, ainsi que les priorités mais surtout, les habitudes. C’était de passer à un monde à un autre et s’y acclimater. Tel était la fonction de Mirapolis justement. Combien de patients, qui furent des dieux, des créatures chimériques ou bien des animaux enchantés, se sont retrouver avec des mains, des pieds et une langue faites de chaire et que pour survivre, ils devaient réapprendre à vivre. Le changement était brutal, certains en pleuraient tellement leur nouvelle condition les perturbaient. D’autres par contre, s’y faisaient bien et développer une grande curiosité sur les capacités du corps humain.

Cole se considérait toujours de la caste divine. L’était-il toujours ? Après tout, il fut réduit dans un corps mortel avec ses pouvoirs réduits à leur point le plus faible. Même si certains semblaient regagner d’un peu de leur puissance, ils n’arrivaient jamais à être totalement comme ils étaient du temps jadis. Cole pouvait être dans une forme de déni, ou bien ne comprenait-il pas totalement ce qui lui arrivait. Edward eut gouter un temps à l’immortalité, mais aujourd’hui il se sentait comme revenu à la case de départ, simple mortel qui devait tout réapprendre. Au moins, Kaminari gardait cet espoir qui l’aidait à avancer, sans doute une très bonne chose. Magnus aimerait l’y encourager si cela l’aidait à mieux supporter sa nouvelle condition, mais il aimerait aussi que son patient se prépare à l’éventualité que cela n’arriva jamais.

"C’est vrai. Mais que se passerait-il si vous n’arrivez pas à rejoindre le ciel ? Nous avons encore des orages aujourd’hui pourtant."

Remarque un peu rude, mais le psychologue n’était pas la que pour brosser au sens du poile son patient. Le psychologue était la surtout pour pousser à réfléchir, explorer les diverses options, analysé la psyché d’une personne. C’était bien que Cole reste optimiste, mais l’encourager à poursuivre un objectif qui risquait d’échouer sans s’y préparer, c’était prendre le risque de finir avec un gros coup au moral pour n’employer que des mots doux. En gros, prévoir un plan B au cas où. Magnus s’y préparait également. Il avait peur quelque part de redevenir un de ces hommes poissons immortels. Mais il se préparait aussi bien à cette éventualité, que se faire une petite vie normale à côté. Pour lui, rien n’était jamais garantis surtout quand on avait à faire à des puissances cosmiques, quasi divine.

Cole expliqua l’avantage qu’il eut connu à finir dans ce corps, à découvrir la vie des mortels, se confronter à leur réactions, entre ceux qui connaissaient ou non. Un peu comme une expérience sociale si Magnus comprenait bien. Edward n’était pas sur concernant le point sur le rouge mais ce détail, il le laissa de côté pour le moment, le jugeant peu important pour la séance d’aujourd’hui.

"Un objectif qui transcende ? Et bien déjà celui que je mène actuellement. Aider les immortels et les chimères à passer le cape du choc et de la désorientation a fini comme vous dans un corps humain. Un objectif qui pourrait durer des mois, des années, des décennies même. Comme les âmes immortels accomplissant leur devoir pour l’éternité."

Edward était le psychologue pour créatures et dieux et il ne se voyait pas faire autre chose. Psychologue était à la base ce qu’il désirait faire. Et depuis son arrivé sur l’île, c’était comme si cette voix lui apparaissant comme une évidence. Fera t’il cela vraiment toute sa vie même s’il retrouvait entre temps son immortalité ? Sans doute que oui.