Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility


Vous étiez un personnage d'Histoire ou de légende, le Suprême Enfoiré vous impose une nouvelle vie. Tout le monde va devoir cohabiter (ou pas).
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal

Partagez

Une étrange rencontre

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Invité
Invité

Anonymous




Une étrange rencontre Empty
MessageSujet: Une étrange rencontre Une étrange rencontre EmptyVen 10 Déc - 20:44

La Rencontre



Mathilde sortit de chez elle pour passer à nouveau du temps dans la forêt. Il y avait longtemps qu’elle n’y avait pas été. Elle profitait de la nature et du calme qui exsudait des majestueux pins centenaires. La neige tombée le matin-même scintillait et semblait remuer par endroits, tant elle chatoyait.
Mathilde commença à récupérer les cristaux formés sur les épines délicates. Elle les déposait délicatement dans un petit panier étroitement tressé. Elle ramassait également les fines branches tombées à terre, quand leur forme imitait celle des symboles cabalistiques qu’elle connaissait si bien. Son panier comportait plusieurs sections, il était conçu spécialement pour de telles récoltes d’ingrédients. Elle surveillait également la brise, dont elle voulait capturer un extrait. La brise hivernale était bien particulière, et ce que charriait la brise chaque jour, chaque nuit, la rendait unique.
Soudain, Mathilde s’arrêta. Quelque chose se mouvait entre les arbres, jouant avec l’éclat des cristaux de glace. Elle scruta les pins silencieux, et se rendit compte que si quelqu’un était là, elle entendrait ses pas craquer sur l’épaisse couche de neige recouvrant le sol. Mais la forêt ne trahissait la présence de personne. Un oiseau indiquerait sa présence par le battement de ses ailes, à moins d’être très petit. Or, la zone que Mathilde voyait bouger était trop étendue pour ne révéler qu’un petit oiseau.
Voyant que l’activité ne cessait pas et de plus en plus intriguée, Mathilde s’avança lentement vers la source du mouvement. Elle savait que ce qui se tapissait là la repérerait, elle tentait donc de se montrer inoffensive afin de na pas effrayer la créature.
« Coucou ? risqua-t-elle. »
Le mouvement indistinct se ralentit, mais aucune parole ne lui parvint. Elle écarta doucement les branches des pins, et se retrouva devant un spectacle des plus inattendus.
Dans une clairière réduite, de petites fées cristallines dansaient sur la brise. Leurs formations changeaient continuellement au gré du vent, comme celles d’un vol d’étourneaux. Elles riaient, insouciantes, aucunement inquiétées par l’irruption de Mathilde. Un instant fascinée par ce spectacle, Mathilde ne perçut pas immédiatement la présence d’une étrange licorne dans la clairière. Celle-ci faisait la taille d’un renne adulte, mais ce n’était pas ce qui retenait l’attention. Cette licorne était un squelette, dont les os ivoire étaient parsemés de tâches noires, comme si elle avait été éclaboussée d’encre. Elle était très bien camouflée dans ce décor blanc de neige trouée par les extrémités des pins, et se tenait immobile. Elle regardait Mathilde droit dans les yeux. Quand bien-même la sorcière dominait la tête de l’animal, elle se sentit intimidée par ses orbites vides qui semblaient pourtant la percevoir clairement.
« Bienvenue à toi, sorcière des bois. »
Une nouvelle fois, Mathilde fut frappée par la surprise. La bête avait parlé, d’une voix douce qui aurait été aigüe si elle avait appartenu à un homme.
« Merci, noble inconnu, répondit prudemment Mathilde. Je ne souhaitais pas vous déranger. »
Comme la licorne secouait la tête d’une manière typiquement chevaline, la sorcière se présenta.
« Comment savez-vous que je suis sorcière ? »
« Nous sommes en voyage, répondit la licorne. Les fées et moi parcourons les forêts de tous les mondes et revêtons différentes apparences, selon les circonstances. Nous sommes attirées par les endroits atypiques comme ce monde régi par le Suprême Enfoiré. La magie nous parle, chante à nos oreilles, et ainsi, nous pouvons toujours nous diriger vers les gens qui seront à même de nous comprendre. La mélodie qui émane de toi évoque une sorcière, chère Mathilde, et une sorcière qui s’assume. »
Elle réfléchit un instant à ces paroles. Il n’était pas de notoriété publique à Mirapolis qu’elle était sorcière, mais elle n’avait aucun problème avec ses pouvoirs, elle les acceptait et les cultivait sans remord ni apitoiement.
« Voudrais-tu me donner ton nom ? »
« On m’appelle Pomme d’Hiver. Mais mon vrai nom se prononce avec la gorge des chevaux. »
« Est-ce toi qui dirige les fées ? »
« Non, c’est plutôt l’inverse en vérité. Je veille sur elles, mais ce sont elles qui passent d’un monde à l’autre. Elles m’emmènent pour leur protection. »
Pomme d’Hiver fit une courte pause.
« Tu voudrais savoir si tu pourrais venir avec nous quand nous repartirons. »
« Oui, avoua Mathilde. »
« Beaucoup ont souhaité nous accompagner. En vois-tu d’autres avec nous, cependant ? »
« Non. Mais peut-être pourrais-je apprendre comment vous faites ? Est-il possible d’être instruite par les fées ? »
La licorne rit.
« Si tu avais tout le temps devant toi, ta sorcellerie pourrait peut-être te permettre de découvrir comment les mondes tournoient et quels ponts se tissent et se détissent aux moments propices. Mais tu n’as pas ce temps, et la valse des monde vient naturellement aux fées de toute façon. Elles ne sauraient pas l’expliquer, et dans une certaine mesure, elles ne s’expliquent pas que les autres êtres ne perçoivent pas la valse des mondes et ne soient pas capables de l’embrasser. Cette nouvelle ne doit pas te miner cependant, car le Suprême Enfoiré choisit chacun des résidents de Mirapolis, et chacun y est rappelé de sa vie antérieur pour une bonne raison. »
« Si cela est vrai, comment le sais-tu ? As-tu rencontré le Suprême Enfoiré ? Est-ce lui qui vous a permis d’entrer dans son monde ? »
« Tu n’y es pas. J’ai accès à un savoir hors de ta portée. Tes capacités mentales ne suffiraient pas à garder tout ce savoir. Je ne suis pas née sur un monde matériel comme toi. Les tempêtes qui agitent l’Entre-mondes arrachent des mondes et les superposent, brisent d’étranges voyageurs qui ont réussi à s’arracher de leur monde d’origine, et parfois donnent naissance à des créatures vouées au voyage. C’est ainsi que des farandoles de fées voient le jour, et que leurs protecteurs viennent au monde, si tu me passes le jeu de mots. »
« Je te le passe sans difficulté, répondit Mathilde avec un sourire pincé. Alors vous êtes des vagabondes qui s’infiltrent dans les mondes des uns et des autres, si je comprends bien. »
« Les Démiurges connaissent notre existence. Ils savent aussi que nous ne causons aucun désordre en général. Et si certaines cohortes de voyageurs se plaisent à semer le chaos, il ne s’agit que d’évènements mineurs à l’échelle de tout un monde. Les Démiurges n’ont donc aucune raison de s’opposer à notre venue. »
« Mais s’ils le voulaient, insista Mathilde, pourraient-ils vous interdire d’entrer ? »
« Sans doute. Et peut-être pas. Je n’ai jamais vu cela arriver. »
Les réponses de la créature étaient déroutantes. Elle disait avoir accès à un savoir illimité, mais avouait avec bonhommie ne pas savoir une chose inhérente à sa condition.
« Je vois bien que tu ne comprends pas ce qui est en train de se passer, dit Pomme d’Hiver, et Mathilde perçut un sourire dans sa voix. Tu n’as pas besoin de le comprendre entièrement cela dit. Que cherchais-tu dans ces bois ? »
La sorcière se reprit, se rappelant soudainement la raison de sa venue. Elle indiqua son petit panier.
« Je cherchais des ingrédients pour mes potions. Je pense que je ne te choquerai pas en disant que je voudrais attraper la brise qui souffle dans cette clairière. »
Elle jeta un regard aux fées iridescentes et éthérées qui dansaient dans la lumière froide et diffuse du mois de décembre.
« Je vois, répondit Pomme d’Hiver, pas du tout étonnée. Tâche toutefois de ne pas dérober la brise avant le départ des fées ; elles pourraient tomber si elles ne sont pas près des arbres. Elles t’en voudraient. »
« Je t’assure que je n’en avais pas l’intention. Leur ballet est gracieux, me permets-tu de rester l’observer ? »
« De bonne grâce, cela me fera de la compagnie, pour une fois. »
Ainsi, Mathilde et la licorne observèrent les danses légères et déliées des petites fées, grandes comme la main, leurs corps semblables à du verre et leurs mouvements alternativement vifs puis lents et doux. L’air de l’après-midi semblait être pour elles le courant d’une rivière, un courant qu’elles connaissaient à la perfection et avec lequel elles jouaient sans se départir de leur grâce.
Mathilde brisa soudain le silence en disant :
« Elles sont la personnification de la liberté, c’est envoûtant, c’est enchanteur, et en même cela me rend amère. Vous êtes toutes si libres alors que je suis coincée ici… »
Pomme d’Hiver déclara d’une voix douce :
« Ne te tracasse pas. Je t’ai déjà dit que ceux qui se retrouvent sur les mondes de seconde chance y sont pour une bonne raison. Tu n’as peut-être pas encore trouvé ta place ici, tu n’as peut-être pas encore trouvé ton bonheur, mais tu es là où tu dois être, là où tu le mérite. Je suis convaincue que tu trouveras les réponses à tes questions. Mais si mes voyages m’ont appris une chose, c’est que tu ne trouveras pas de telles réponses en tentant de t’échapper et en tournant ton regard vers le passé ni vers l’ailleurs. Apaise-toi d’abord, et tu trouveras ton chemin. »
Mathilde médita un temps ces paroles. Il était vrai qu’elle ne faisait pas beaucoup d’efforts pour s’investir dans la vie communautaire de Mirapolis. Elle ne savait même pas quelles étaient les places à prendre.
« Tes paroles sont pleines de sagesse, Pomme d’Hiver. Je pense que ta compagnie m’a été bénéfique. Je vais rentrer chez moi maintenant, j’ai des décisions et des initiatives à prendre. »
« Quelle coïncidence, nous partons aussi ! »
Les fées revenaient en effet vers la licorne sur les ailes du vent.
« Elles veulent te faire un cadeau. Comment collectes-tu la brise ? »
Mathilde sortit de son panier un petit flacon de verre transparent.
« Elles te donnent la brise qui leur a servi de destrier. »
La licorne n’ajouta rien, mais Mathilde avait conscience qu’elles savaient toutes deux, ainsi que les fées, quel pouvait être le pouvoir d’une telle brise. Elle captura la brise, et les fées se posaient sur le dos de la licorne au fur et à mesure.
« Merci Pomme d’Hiver, merci mesdames les fées, et bon voyage. »
La licorne salua, et elle partit au galop, disparaissant entre les arbres. Cela n’avait pas d’importance, Mathilde ne souhaitait plus savoir comment elles passaient d’un monde à l’autre. Elle était en paix.



Revenir en haut Aller en bas
Une étrange rencontre
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1
Sujets similaires
-
» L'étrange Joël de Krak-nouille

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Broken Mirror  :: Autres :: Activités, jeux :: Concours de nouvelles (Noël)-