Il y avait de ces jours où entre deux courriers à distribuer, j’aimais à me rappeler combien j’étais fort et glorieux. Si mon ego fuyait de partout dans mon esprit, je savais au moins être raisonnable, en sachant pertinemment que mes compétences étaient parfois dignes de ce nom.
N’étais-je pas celui qui avait appris à se battre à Héraclès ? Peut-être que les mots étaient un peu fort. Peut-être que je lui avait surtout appris à se servir de ses mains, et pas que pour piller les poches de ceux qui l’entouraient.

Mais de fait, j’avais fortement envie de me battre, de m’amuser, de passer du bon temps à donner des coups, et à voir ce que ça donnait. Pour ça, j’avais entendu parler d’un dojo. Avec un peu de chance, j’allais croiser des célébrités de combat, que je n’aurais jamais connu, et qui pourraient tout m’apprendre.
Savoir se défendre, quand on est un criminel, peut toujours avoir son utilité. Même si, bien évidemment, je préférais à deux cent pour cent, la fuite.
Bien plus pratique, bien plus utile, bien plus douce….Et surtout, bien plus challengeante, puisqu’il fallait la réussir !

Donc. Je me retrouvais devant le dojo, en tenue de sport, et y entrait sans hésiter. Là, je me demandais comment ça allait se passer. Mais dans toute mon arrogance, et mon envie qu’on me voit, je décidais de faire le premier pas avant tout le monde :

- Boonjour ! Je suis Sandalio, et je cherche quelqu’un pour se mesurer à moi !

Je trouvais que mon introduction claquait du feu de Dieu. Avec ça, j’étais sûr de trouver quelqu’un de digne. Même si en vérité, je savais pertinemment que si quelqu’un à l’aspect trop fort se ramenait, je risquais de vite reculer et de ne pas continuer.
Courageux - ou pas - mais pas téméraire, comme on dit.

Dans tous les cas, je m’exposais comme une oeuvre dans musée, et je comptais bien me battre, si c’était correct, et que je n’allais pas me faire rétamer.

En soit j’aurais dû m’y attendre. Débarquer dans un dojo, en tenue de sport, sans prévenir, juste parce que j’avais envie d’affronter quelqu’un, ça ne pouvait signifier qu’une chose : j’étais arrivé au mauvais moment.
Et en effet, j’étais arrivé en plein milieu d’un cours.
Parfait ! J’adorais déranger mon monde, et je me fichais bien que ça arrive, donc moi ça m’allait parfaitement !

J’avais un large sourire, alors que je voyais les élèves m’observer comme si j’étais l’intrus ici. Enfin, « comme si », j’imagine que j’étais l’intrus. Oups ?
Tant mieux.
Je voyais ce qui ressemblait à un professeur, prendre le dessus, imposant le silence. Même si en vrai, un élève osa se plaindre.
Bien sûr que je leur avais manqué de respect, c’était le but : provoquer d’abord, s’enfuir ensuite. Même si là je ne comptais pas m’enfuir.

Ainsi, le professeur me causa enfin. Je le toisais de toute ma taille – c’est à dire un bon un mètre quatre vingt trois – et remarquait que j’étais un peu plus grand que lui. Amusant.
Il commença à me faire une leçon de morale, que je n’avais plus entendu depuis…Depuiiiiis… Hm. M’avait-on déjà fait une leçon de morale ? J’avais pour habitude de partir avant que ça n’arrive.

J’étais comme ça, moi. Mais là, j’écoutais. Niveau respect, j’avoue que j’en avais totalement manqué. Etait-ce si grave que ça ? Ce n’était qu’un lieu. Bref, de ce que je compris, je n’était pas invité au bal, parce que je ne portais ni le dresscode suffisant, ni d’inscription à ce club.
On m’aurait dit que c’était un club, je serais quand même rentré.

- Mon adversaire ? Cool !

Je savais que je jouais au fanfaron, mais je savais surtout que ce type, premièrement, ne plaisantait pas, et deuxièmement, devait avoir envie de me mettre une belle raclée.
De quoi me méfier largement. Il utilisait un art que je n’utilisais pas. Moi, j’utilisais mes poings – ou mes jambes pour fuir -.

Enfin, tant pis. Si je me prenais la raclée du siècle, au moins, je pourrais apprendre des choses, parce que quoi de mieux que la pratique pour apprendre ? J’enlevais mes baskets, mes chaussettes, je me retrouvais pied nu. Ce fut fort agréable.

-Ca me va ! Mais crois pas que me battre m’apprendra le respect.

Je lui fis un clin d’œil, et m’avançais. Bon. Qui allait commencer ? J’étais meilleur en défense, alors je le laissais faire sa vie, moi, hm.